Encore un moment avec toi

Chapitre 12

Depuis l'annonce d'Ed, j'ai l'impression d'être déjà morte. Je ne peux plus me déplacer sans une chaise roulante. Ma jambe gauche est paralysée mais, à certains moments, elle recommence à fonctionner et je peux marcher un peu, signe que ma maladie n'est pas totalement en phase terminale.
Pour l'instant , je suis dans le parc en face de l'hôpital et je regrette les moments que je ne vivrai pas mais le pire regret que j'ai c'est de laisser ma mère. Après la mort de mon père, elle s'est laissée se refermer sur elle-même. Elle s'est réellement réveillée lorsque je suis devenue malade. Je ne veux pas qu'elle se renferme encore après ma mort, je veux qu'elle vive heureuse mais je sais qu'elle va se morfondre...
Alors que je continue à me repasser en boucle les mots d'Eden dans ma tête, une main se pose sur mon épaule. Je me retourne et un sourire se forme sur mes lèvres quand je vois son visage.

- Salut Eden... le saluais-je.

- Salut... Comment vas-tu aujourd'hui?

- Juste un petit problème de jambe paralysée mais rien de plus.

Il hoche légèrement sa tête. Il a des cernes prouvant qu'il fait tout pour me maintenir en vie. Il essaie de trouver un traitement assez fort pour retarder ma tumeur ou, encore mieux, la soigner mais je sais que c'est impossible. 
Il s'assoit à côté de moi et passe un bras autour de mes épaules et il me dit:

- Demain, fais-toi belle.

- Je dois le prendre comment? Que pour l'instant je suis moche?

En même temps, je suis super loin d'être belle avec ma peau sur les os et mon teint pâle.
Un petit rire trop sexy s'échappa de ses lèvres.

- Non, pas du tout mais je vais juste t'emmener quelque part. Un endroit que tu vas adorer.

- Ah! Et où ça?

Il se tourne enfin vers moi.

- Ca, c'est un secret.

- Et comment peux-tu savoir que je vais aimer? 

- Parce que c'est un merveilleux endroit. 

Je ne suis pas convaincue mais j'abandonne. Quand il a une idée en tête, je ne peux pas le faire changer d'avis. Il peut être très énervant parfois.
Nous restons tous les deux sur le banc à parler de tout et de rien. Nous évitons absolument le sujet de ma maladie pour ne pas gâcher ce moment.
Quand ma mère est arrivée après que Eden l'ai appelée pour lui dir qu'on avait quelque chose à lui dire, elle était terriblement paniquée. Nous avons dû nous mettre à deux pour réussi à la consoler. Elle ne voulait pas me lâcher et j'ai été obligée de la renvoyer à la maison se reposer pour qu'elle ne soit pas trop fatiguée à son travail. Elle a hésité longtemps mais a fini par accepter. Elle savait que j'avais raison.
Après avoir passer presqu'une heure à parler, il m'annonce qu'il doit rentrer. Avant de parler, il me rappelle gentiment que je suis fragile et que je dois me reposer. Je lui réponds par un sourire pour le rassurer. Il me pose un baiser sur le front et s'en va comme il était venu, silencieux et souriant.
Le lendemain, je me réveille un sourire sur les lèvres ce qui n'était plus arrivé depuis l'annonce de ma mort imminente. Je me lève rapidement mais je tombe aussi tôt. Je ne ressens encore plus ma jambe et je suis déçue que ça arrive aujourd'hui. Je prend ma béquille et me dirige vers la salle de bain pour m'habiller d'une robe bleue à fleurs roses et blanches avec des chaussures à talons compensées de la même couleur que la robe mais avec un talon brun.
Je venais seulement de finir de m'habiller et de me maquiller lorsque l'on toque à ma porte. Je reprend ma béquille et souris quand je vois que c'est Eden. Il a troqué son tablier blanc contre un jeans noir à trous et un t-shirt blanc avec une veste noire aussi. Il a coiffé ses cheveux avec un peu de gel et il est moins pâle que la veille ce qui me fait énormément plaisir.
Il me regarde de la tête au pied pour ensuite plonger ses yeux dans les miens.

- Tu es magnifique... murmure-t-il.

- Toi aussi... 

Je dirais même plus! Trop sexy!

- Alors, tu m'emmènes où? je lui demande.

Son sourire s'agrandit.

- J'ai dit que c'était une surprise.

Il me tend son bras. Je l'attrape et on se dirige vers la sortie.
Comme pour Disney, la voiture de mes rêves nous attend à l'entrée de l'hôpital.
Il m'ouvre la portière comme un gentleman et prend ma béquille pour la mettre dans le coffre.

- Prête? me demande-t-il en s'asseyant à côté de moi.

- Même si je ne sais pas pourquoi, prête!

Je profite encore de chaque sensations, chaque sons. J'adore vraiment la vitesse. Tu as l'impression que rien ne peut t'atteindre.
Après dix minutes, Ed s'arrête sur le côté de la route.

- Qu'est-ce qu'il y a, Ed?

Il me tend une sorte de cache œil.

- Mets ça. m'ordonne-t-il

- Pourquoi?

- Pour ne pas voir ta surprise tout de suite.

Je lâche un soupire et finis par le mettre.
La route me paru durer une éternité quand Ed s'arrêta enfin.

- Ne le retire pas encore.

Mais, qu'est-ce qu'il mijote?
Il ouvre ma portière et me mets ma béquille dans ma main.

- Je vais te guider... me murmure-t-il à mon oreille quand je me suis levée, me procurant énormément de frissons. 

Il pose une main sur ma hanche et l'autre sur mon épaule et avance doucement. Je sens qu'il y a de l'agitation autour de moi et je suis tentée de retirer mon bandeau.

- N'y pense même pas. me dit Ed comme s'il avait lu dans mes pensées.

Un petit sourire s'affiche sur mon visage.
Après plus ou moins deux minutes, je sens le souffle de mon cher médecin dans mon coup.

- Et voilà, tu peux le retirer.

Je n'attend pas qu'il me le dise une deuxième fois et le retire immédiatement. La lumière m'oblige à fermer mes yeux un instant mais je les rouvre quelques instants plus tard.
Il n'aurait jamais pu me faire une meilleure surprise.

- C'est...

- La Tour Eiffel... oui.