Chapitre 14

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Cela faisait maintenant deux jours que je n'étais plus sortie de ma chambre. La révélation d'Eden m'a choquée fortement. Quand il m'a annoncé qu'il m'aimait, j'ai de suite perdu mon sourire. Je ne pouvais pas accepté ses sentiments. Pas maintenant que je sais que je vais bientôt mourir... Je me suis éloignée un peu de lui sur le banc et lui ai juste demandé de me raccompagner à l'hôpital. Il a affiché un air triste mais ne m'a rien dit. Depuis qu'il m'a laissée dans ma chambre ce jour-là, il n'est plus venu me revoir et c'est mieux comme ça.
Ma mère a vu que j'étais ailleurs ces derniers jours mais elle ne m'a rien demandé. C'est ce que j'aime le plus chez elle. Elle sait quand il ne faut pas demander ce qui tracasse une personne.
Je suis couchée dans mon lit en me repassant encore et encore les mots d'Eden dans ma tête quand une douleur fulgurante me coupe le souffle. J'entends la machine qui contrôle les battements de mon coeur s'emballer et voit des dizaines d'infirmière arriver. Je ne suis pas sûre si je crie ou pas mais j'ai la bouche ouverte. J'essaie de reprendre mon souffle et de chasser les larmes qui me brouillent la vue à moins que ce soit ce martellement dans mon crâne qui joue des tours à ma vision.
Une personne se penche vers moi et son nom s'échappe de mes lèvres comme une supplication.

- Eden...

Je commence à fermer mes yeux, Eden me suppliant de rester avec lui, et c'est le noir complet.
Je me réveille dans une sorte de jardin et la lumière m'aveugle. Je ferme les yeux un instant et les rouvre après quelques secondes.
Je suis couchée sur l'herbe et un bruit d'eau se fait entendre à quelques mètres de moi.
Je me redresse pour mieux distinguer l'endroit où je me trouve et les larmes me montent aux yeux. Je suis dans le jardin de mon ancienne maison. Quand mon père était encore en vie, nous vivions là parce que c'était l'endroit le plus proche de sa caserne. 
Je me lève enfin et voit la porte qui mène à notre ancienne villa qui est grande ouverte.
Je pénètre à l'intérieur, retenant les moindres détails de mon ancien chez moi. J'avais presque tout oublié mais les souvenirs me reviennent en flèche. 
Les escaliers en chêne, les murs blancs de la salle à manger, le  cuire noir du salon, le carrelage blanc dans la cuisine, mais, surtout, le piano de la chambre de mes parents. Mes parents adoraient en jouer et c'est mon père qui avait commencé à m'apprendre vite remplacer par ma mère quand il était parti pour une mission longue durée.
Quand je m'approche de leur chambre, la porte est entre ouverte et un son que je reconnaitrais entre mille s'y échappe. Il s'agit de mon air préféré que mon père jouait quand je ne savais pas dormir ou quand il rentrait de mission, Yiruma Kiss the rain.
J'ouvre la porte, lentement, et ce que je vois me fige sur place. Mon père est là, assis sur le banc du piano et fait déplacer ses doigts sur les touches. Il est habillé comme la dernière fois que je l'ai vu. Son uniforme de militaire et son indispensable chapeau.
Il lève les yeux vers moi quand j'avance dans la pièce et un grand sourire se forme sur son visage ainsi que sur le mien.

- Ma chérie... murmure-t-il.

Des larmes de joie commence à couler sur mes joues et je cours me réfugier dans ses bras.

- Papa... dis-je aussi bas que lui.

Nous restons ainsi un moment avant que je ne me décale pour l'observer. Je ne peux pas y croire. Je pensais ne plus jamais le revoir...

- Tu étais mort... sanglotais-je.

- Je le suis toujours, ma puce...

- Alors, je suis morte aussi?

- Non, pas encore. Les médecins font tout pour te récupérer.

- Et si je ne veux pas être récupérée? Si je veux rester avec toi?

Un sourire triste se dessine sur ses lèvres et il passe sa main sur ma joue.

- Rose, tu n'as pas encore assez vécu pour mourir...

- Je ne veux plus vivre... Je souffre de trop...

- Pense à ta mère et à ce jeune homme. Tu es tout pour eux; tu ne peux pas les abandonner ainsi.

- J'ai besoin de toi... C'est toi qui arrive à me faire avancer, à me sentir mieux.

Je recommence à pleurer et, lui, me sert contre son torse.

- Je suis toujours là ma chérie... Dans ton coeur mais aussi dans ce qui t'entoure... Je suis toujours à tes côtés et je te surveille de là-haut... Je te le promets...

Je mets ma tête dans son cou et on reste un moment dans le silence quand mon père reprend soudain la parole.

- Quand ton heure sera venue, je t'attendrai. Pour le moment, promets moi de profiter de ton restant de vie et de prendre soin de ta mère...

Je me détache de lui et lui murmure:

- Je te le promets...

-Rose!

Je me retourne vers cette voix.

-Va, me dis mon père, ils t'attendent. Je suis et serai toujours là. Ne l'oublie pas. Je t'aime ma chérie.

Je lui souris, hoche la tête et cours vers la personne qui m'appelle. 
Quand je rouvre mes yeux, je suis dans une chambre d'hôpital entourée d'Eden et de ma mère. Celle-ci pleure mais Ed essaie d'être fort pour elle. Je sens qu'elle me tient la main et je décide de la serrer pour lui montrer que je suis réveillée. Elle soulève sa tête violemment et je lui offre un sourire faible.

- Oh mon Dieu! Ma chérie!

Elle me saute littéralement dessus et me sert dans ses bras. Je lui rend son étreinte et me tourne vers Eden qui a laissé ses larmes couler. Je lui tends une main et il s'y accroche comme si s'était une bouée de sauvetage.
Nous restons ainsi un moment quand ma mère me lâche enfin et sanglote:

- J'ai cru que tu étais morte...

Je la regarde avec tristesse et lui annonce, une pointe de joie dans ma voix:

- J'ai vu papa...

Encore un moment avec toiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant