Le problème avec le temps c'est qu'il finit toujours par s'écouler

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C'était une grande pièce semblable à une salle d'attente d'hôpital. Par chance, elle n'en était pas une. Cette salle était remplie de tables de classe individuelles disposées à intervalles réguliers séparées par quatre grandes allées qui menaient droit à un tableau blanc fixé au mur par quatre vis. On pouvait compter un nombre de tables et de chaises supérieur à quarante. Le mur de gauche, blanc comme le reste de la pièce, était agrémenté dee dix grandes fenêtres dont les stores étaient constamment fermés n'était jamais éclairé par les néons qui diffusaient une lumière blanchâtre.Ces néons étaient vieux et, de temps en temps, la lumière s'étegnait sans même qu'on eu besoin de toucher l'interrupteur.

Le silence régnait dans la pièce. Pas un bruit ne se faisait entendre mis à part le cri des stylos frottant contre le papier. Ils étaient tous là, les soixante-sept gamins penchés sur leurs feuilles aussi blanches que le mur. Ils avaient l'habitude de venir là. Chaque semaine à la même heure c'était le même calme plat. Personne ne savait s'ils se lassaient d'être assis à grifonner des mots. Des mots qui devenaient des phrases, puis des paragraphes, puis des textes entiers résumant le malheur de leurs tristes vies. Ils avaient bien envie de sortir, de rêver, de s'évader. Mais c'était ainsi, chaque semaine à la même heure. Ils ne passaient pas un temps monstrueux enfermés là-dedans, mais les minutes, même les secondes leur paraissaient être une éternité.

Lorsqu'ils avaient terminé de gribouiller quelques tristes mots sur leurs feuilles de papier, le calvaire ne s'arrêtait pas. Au contraire, leur souffrance s'accentuait. L'attente de la fin devenait insoutenable. Les uns ajoutaient encore qualques misérables mots sur leurs feuilles pendant que les autres, épuisés, déposaient leur tête sur la table s'endormant ou rêvant seulement.

À l'heure où un son strident retentissait, ils se levaient tels des robots et sortaient de la salle. Un véritable instant de libération.

incroyable merdierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant