Il n'y a pas d'amitiés heureuses

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Nous étions deux.

La lumière des néons faisait briller le crâne dégarni de l'homme assis en face de moi. La sirène de l'ambulance résonnait encore dans ma tête. Les souvenirs étaient encore trop récents dans mon esprit pour que je puisse tourner la page...

Quelques années plus tôt...

J'étais stressée par cette rentrée dans un endroit où je ne connaissais personne, et c'est là que j'avais rencontré Elise. Elle était grande avec un visage rond qui affichait un grand sourire éclatant. Le vent balayait ses longs cheveux bruns. Elle m'avais tout de suite plu mais je me demandais si je pouvais être amie avec une fille qui paraissait aussi sûre d'elle. Elle vint vers moi et me demanda: «Toi aussi tu es nouvelle?».
Et notre amitié commença.

Elle était l'amie là plus chère à mes yeux, rien ne pouvait nous séparer à cette époque là. Rien n'avait pu remettre en cause notre amitié, mais le lycée arriva comme un retour brutal à la réalité. Elle devenait distante, j'avais beau continuer à m'accrocher à ce qu'on avait elle partait. Elle était devenue étrange, par moment elle me racontait tout et la seconde d'après elle était froide.
Et tout vola en éclats une après midi de septembre alors que nous parlions de nos histoires respectives, elle ne m'ecoutait plus. Je tentais de la faire revenir mais elle était ailleurs.

« T'as décidé de m'écouter ou de faire comme si tu n'existais plus?»

C'était la phrase de trop. J'avais été légèrement aggressive mais ça l'avait réellement atteinte. Elle était partie. Tout était fini, j'étais la seule responsable de cette fin brutale.

Je ne pensais pas qu'une si petite phrase puisse l'atteindre à ce point. Mais je ne savais pas tout d'elle.

Quelques semaines plus tard Elise m'envoya un long message qui avait eu l'impact d'une bombe dans mon esprit.

« Je n'ai pas été franche avec toi dès le début. Je voulais me sentir vivre à nouveau. Ma petite Alice, tu crois me connaître mieux que personne, mais c'est parce que personne ne sait ce qui m'arrive. Je n'étais pas prête à te laisser tomber la dernière fois mais... Il faut que je t'avoue quelque chose. Je voudrais te le dire en face mais il est impossible pour moi de bouger ces derniers temps alors je crois que la meilleure chose à faire c'est de te dire la vérité maintenant et que tu m'oublies. Je suis malade... Je suis atteinte d'une malformation dégénérative de l'organisme... À l'heure où je t'écris je suis très diminuée physiquement... Je refuse de partir à l'hôpital tant que je n'ai pas envoyé ce message. Voilà, c'est pour cela que ce que tu m'a dis m'a affectée, mes jours son comptés. Je t'aime, tu restera à jamais la personne qui a fait de ces 6 dernières années les plus belles de ma vie. Prends soin de toi Alice.»

La sirène, l'ambulance, non tout cela n'était pas un cauchemar. J'etais bel et bien assise dans cette salle d'attente qui sentait la javel. Elise était bel et bien allongée dans le lit à l'autre bout du couloir.
Ne pouvant plus rester assise à attendre que ma meilleure amie se réveille, je me mis en quête de sa chambre. Un long son strident resonna dans le couloir et des médecins se precipitèrent dans la chambre du fond. Je les suivirent et m'arrêta devant la porte.

Chambre 168. Ce chiffre restera à jamais gravé dans ma mémoire.
Tout comme le souvenir d'Elise allongée dans le lit, inanimée.

incroyable merdierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant