Il s'appelait Parker

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"La vie est courte et souvent elle s'arrête de manière trop brutale. Je ne me suis jamais demandé : "Que serait ma vie sans Parker?". Je n'avais aucune raisons de me poser la question de toute manière. Maintenant je me dis que j'aurais dû. Ça peut paraître un peu égoïste mais c'est vrai. Parker me manque.
On s'est rencontrés, Parker et moi, il y a six ans, au collège, en deuxième année. C'était un garçon discret. Il ne disait jamais rien et ne rigolait pas. Mais malgré cela, je suis allée lui parler. Et j'ai découvert qu'il était un véritable rayon de soleil. Une bouffée d'oxygène. Il avait une sorte de manie avec les langues étrangères. Il adorait apprendre celles qui sonnaient le mieux à son oreille. Sa préférée c'était le hawaïen.
À ce moment-là, je ne le connaissais pas suffisamment. C'est l'année dernière que je m'en suis réellement rendue compte. Il se confiait peu et je n'y avais pas prêté attention. En février, il m'a téléphoné au beau milieu de la nuit. Il m'a parlé comme jamais il ne l'avait fait. Parker n'était pas seulement un rayon de soleil. Il était bien plus que ça. Il était bel et bien le soleil. On pense toujours que le soleil est un astre chaud et lumineux, mais personne ne s'est jamais demandé ce qu'il y avait au fond. Et au fond, le soleil est un astre brûlant. Parker était comme ça. Brûlant. Ou plutôt brûlé vif. Cette nuit-là, quand il s'est confié, j'ai compris pourquoi il n'avait jamais assisté à aucun cours de natation au collège. Dans un premier temps, il m'a tout raconté. Puis il m'a donné rendez-vous quinze minutes plus tard au parc. Malgré la nuit, j'ai pu voir ce qu'il tentait de dissimuler depuis toujours. Il était différent et il détestait ça. Sa brûlure faisait partie de lui au même titre qu'autre chose qu'il n'a jamais dit à personne à part moi. Il me l'a dit un jour, en avril. Il refusait que j'en parle à qui que ce soit. Qu'il soit vivant ou non. Ce jour-là, j'ai fait la promesse de ne rien dire à personne, alors je n'en dirai pas plus. Ce secret fait partie de moi maintenant et pour rien au monde je le dévoilerai.
Parker était mon monde. Il était mon soleil et j'étais en orbite autour de lui comme les planètes le sont autour du soleil. J'aurais fait n'importe quoi pour lui. Je serais morte pour lui.
C'est lui qui est mort pour moi. C'est la vérité. J'étais terriblement mal ce soir-là. J'avais besoin de lui. J'avais plus besoin de lui que de n'importe qui d'autre. Alors je l'ai appelé. Il m'a dit : "Surtout ne bouge pas et touche à rien. J'arrive iki ka pua*". Il n'est jamais venu. Il est mort avant. Par ma faute. Alors je m'excuse. Parce que si on est ici aujourd'hui c'est à cause de moi.
Parker était une personne incroyable. Il avait une force inégalable : son passé. J'avoue qu'il ne le considérait pas comme tel, mais moi oui. Il se détestait autant que les gens l'aimaient. Parker n'était pas n'importe qui. Il était, il est et il restera pour toujours mon meilleur ami. Et j'espère que là où il est, il apprend à ne plus se haïr. I aloha ia oukou**".

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*"Petite fleur" en hawaïen
**"Je t'aime" en hawaïen

incroyable merdierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant