Mon esprit était tout retourné: j'étais déboussolée. La fatigue et l'ennui avaient pris le dessus et mon corps n'était plus qu'un amas informe de chair et d'os entassé dans un coin de la salle de bain. Je n'avais plus l'envie de me déplacer ni de faire quoi que ce soit. J'entendais chaque jour le téléphone sonner dans un écho qui me parvenait de l'autre bout du couloir.
Il fallait que je bouge mais mon corps refusait de se lever; pourtant, j'avais la désagréable impression de me léquifier. J'essayai tout de même de me lever tant bien que mal en m'agrippant au lavabo. Sans le vouloir, mon regard croisa le miroir et je fis face à ce à quoi je ressemblais depuis plusieurs jours. J'avais l'air d'un paquet de linge sale. Si sale qu'il aurait fallut me passer à la machine à laver environ douze fois avant que je redevienne qui j'étais. Mais je ne voulais pas redevenir qui j'étais. Si je tentais de redevenir qui j'étais, avec elles. Mes craintes et mes angoisses. Il m'a toujours été impossible de vivre avec elles. Je ne pouvait pas essayer de les fuir. C'était impossible. Elles étaient là, elles me suivaient, m'envahissaient, m'emprisonnaient dans leurs convictions. J'étais complètement bloquée.
Je vivais sans vivre, elles me dirigeaient, m'obligeaient, me torturaient me plongeant la tête dans un océan de silence. Un silence creux, plat. De temps à autre, j'avais cette vague sensation que ce silence m'envahissait et que parfois il prennait le dessus quand mes angoisses avaient l'esprit ailleurs. Lorsque je me risquais à le briser, à parler, à rire, il me attaquait de l'interieur, me poussant à me renfermer à nouveau et il reprennait le dessus. Il était plus fort que moi. Je n'étais que son objet de torture.
Je peinais à me souvenir de ce qui m'avait poussée à me révolter contre moi-même. Pourtant c'était simple. Une simple phrase avait tout chamboulé. Cette phrase avait résonné pendant six mois dans mon esprit et, quand j'eu trouvé la force de me battre contre mes angoisses et le silence qui était fait de moi, mon monde s'était déjà révolté. Inconsciamment, cette phrase qui s'agitait dans mon cerveau depuis quelques temps s'était emparée de moi et le silence s'était brisé pour toujours.
Ce jour-là, j'avais besoin d'entendre ces quelques mots sonner dans mon esprit. Mais ils étaient partis trop loin de moi pour que je puisse les rattraper. En deux ans de petites phrases comme celle-ci, peu importe l'impact qu'elles ont eu, elles partent avec la personne qui les a prononcées.
J'avais enfoui ce souvenir dans le fond de ma mémoire, le jugeant trop déchirant pour la personne que j'étais. Je m'en souvenais de mieux en mieux. C'était si limpide, si clair dans mon esprit."Il n'en tient qu'à toi de devenir qui tu es."
Lorsque j'avais entendu cette phrase, dans un moment de flou, j'y avais ajouté "cesse d'observer ce silence qui te détruit". Et là, cette phrase était vraiment parfaite. Elle était douce à entendre, agréable à répéter, à écrire.
VOUS LISEZ
incroyable merdier
Randomun nom un peu pompeux pour du grand n'importe quoi. un vide-âmes + quelques vieux os que j'ai pas eu le cœur de supprimer