CHAPITRE 2

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Brusquement, quelqu'un ouvre la porte. Pris de panique, ma proie se retourne. La vitesse de ce geste, décuplée par le désespoir.

Un jeune homme, posture confiante et sourire dédaigneux, apparaît. Juste à sa posture je peux déjà le décrire " grosse gueule, petit cerveau ". Un regard méprisant se dessine sur ses yeux.

- Mais qu'est-ce qui se passe ici ? Alex pourquoi tu n'as pas encore emmené la fille au chef ? Pourquoi c'est toujours moi qui doit m'occuper de tout dans cet équipage ? Vous n'êtes pas fichu de faire ce que l'on vous ordonne !?

- Euh... Excuse-moi Renji, je veux dire...bras droit mais comme vous pouvez le voir on a eu quelques problèmes...

Ce dernier balaye d'un regard la pièce. L'indifférence prend place sur son visage.

-Oui et ?

-Euh...elle les a tué.

-Et ? lui redemande-t-il froidement.

-Hé bien elle pourrait...

-Te tuer ? Tu as peur ? Et tu te dis mercenaire en plus ? Laisse-moi rire ! Comment tu peux avoir peur de ça ?

En deux trois temps mouvement, il se retrouve en face de moi. Un coup de poing démarre les hostilités. Mon corps le contre avec rapidité. Il attrape mes chaines et tire dessus avec toute sa force. Mes cheveux virevoltent dans l'air pour terminer leur course au sol. Il s'approche puis me frappe avec son pied droit. Il continue jusqu'à ce qu'il soit lassé puis, ma voix portant dans un gémissement rauque, recommence. Son cerveau donne un tempo rapide à ses pieds qui, au fil du temps, accélèrent la cadence.

-Tu es vraiment faible...en tout cas il est hors de question qu'elle s'enfuit. Elle nous vaudra une grosse somme si nous demandons une rançon ou si nous la vendons mais il n'y a pas que ça. Cette fille...

Le regard de mon supérieur se fait plus intéressé. Ce ..juste en le fixant, on pouvait apercevoir la facilité avec laquelle mon humanité avait été troquée par de l'argent.

-En plus d'être la fille adoptive des vernmers, une famille extrêmement aisée, c'est la fille des ernasters, ses parents étant de prodigieux mercenaires, mais...qui sont malheureusement morts, ironise-t-il, la puissance est à nous.

Pour lui, je ne représente aucun danger. Ce tyran m'observe silencieusement. La délectation de voir sa proie souffrir lui donne des frissons. Je parais si insignifiante à ses yeux.

Tout à coup, il me lâche. mon corps s'écroule sur lui. Ce tyran me relève, pensant ainsi pouvoir m'emmener, mais se stoppe. À ce moment précis, il doit ressentir une étrange bouffée de chaleur. Puis, une douleur horrible à l'abdomen. Parfait. Il touche son ventre. L'évidence le pourfend. Ses mains se peignent d'une couleur rougeâtre qu'il a du mal à analyser. Je m'immisce alors tout près de son oreille.

- Tu vas rejoindre tes amis.

Ses yeux entrouverts témoignent de sa trouvaille. Il n'aurait jamais du laisser sa dague sur sa ceinture. Son corps le lâche, son esprit ayant perdu le contrôle. Une tache rouge orne son ventre pendant que ce liquide fugace se propage sur le sol. Son corps ne peut bouger. Ses yeux s'éteignent. C'est trop tard.

Je regarde cet homme agoniser puis m'avance vers le dénommé Alex. D'un coup, j'accélere la cadence. Son dos rencontre le mur. Ma dague s'infiltre dans son torse. Seulement, des mains ensanglantées protègent cette partie. Une respiration irrégulière s'élève. D'une façon nonchalante, j'enfonce ma dague. Un cri strident s'échappe. Une mélodie rauque et grisante nous entoure d'un seul coup.

Je pousse encore et réussi enfin à atteindre cette partie tant convoitée. Son souffle se coupe tout à coup comme si il essayait de rassembler l'oxygène amagasiné. J'appuie encore sur ma dague pour compliquer sa tâche. Ma bouche vient murmurer à son oreille.

-Tu vas être gentil et me répondre. Quelle est cette "puissance" dont ton acolyte parlait ?

-....

D'un mouvement rapide, ma main tourne cette dague.

-ARGGG !

-Alors ?

Un long silence fait place. Un silence d'une longueur illimitée, pas par son temps ou même les circonstances de celui-ci mais plutôt par l'atmosphère de ce silence. Celui-ci est pesant, encombrant, oppressant. N'en pouvant plus de cette situation, je le tranche telle une épée tranchant l'air.

-Réponds bon sang !

-Erg.

-Erg ?

- Erg ailef ryun roaz.

- Mais qu'est-ce tu racontes ? lui demandé-je déboussolée par sa réponse.

-Uir oab parf karuy.

- Hé ! commencé-je à m'impatienter.

- Led borv paq juo.

- Bon sang mais c'est quoi !?

-Doc.

Puis d'une vivacité déconcertante, il attrape la lame de mon arme laissant ainsi le sang perlé de sa main. Un sang brutal et froid mais en même si brûlant. L'ayant bien en main, il l'enfonce. La lame trace une droite horizontale. La vue est assez sinistre. La moitié de son buste est parée d'un profond trait rouge sang. Sa chair si rose ressort par petite partie pendant que son sang se transforme en rivière.

Avant que je n'ai pu émettre un seul mot, il bascule vers la gauche et tombe sur le sol. Il s'est lui-même donné la mort. Pourquoi ? Je n'ai pas le temps de m'interroger sur la question. Il faut que je sorte d'ici. J'emprunte alors la porte. Une lumière m'illumine. Ayant peu à peu retrouvé l'habileté de mes yeux, je constate que je suis dans un long couloir.

Épuisée, je glisse peu à peu contre le mur. Ma respiration est saccadée. Ma raison revient, ayant toujours en bouche un goût amer. Malgré ma sortie, les ténèbres continuent toujours à bouillir. Depuis ce jour, l'obscurité a toujours été de haine, de ténèbre mais surtout de rage.

Depuis ce jour, les pièces sombres ont été pour moi comme une phobie. Cependant elle ne ressemble en rien à celle que, l'ayant depuis tout petit, tu as pu facilement t'en accommoder. Non. Cette phobie-là est plus comme une intolérance, quelque chose dont j'ai si souvent goûté, si souvent vu, mais qui maintenant me répugne. Une phobie qui à chaque fois me dévore peu à peu de l'intérieur, m'aspire et m'emmène si je ne fais pas attention. Oui ce jour-là a été...

Les Méandres De Mon ÂmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant