CHAPITRE 7

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Un pied hargneux vient coller ma mâchoire. Le coup se fait si violent et rapide que je n'ai pas le temps de me décaler. Ma mâchoire vole d'un coup accompagnée de l'ensemble de mon corps. Ma salive sort avec fureur de ma bouche avec un liquide  âtre. Mon coeur accélère sous la surprise.

Ma voix émet un gémissement sanglant. Mes membres sont paralysés à cause de mon cerveau qui décide d'arrêter tout fonctionnement. Mes yeux voient peu à peu troubles puis tombent dans le vide complet. Ma tête cogne violemment le sol, l'ensemble de mon corps se retrouve à l'envers puis retombe par terre avec comme simple appui mon coude pour finir par rouler sur le sol.

Je me retrouve ainsi balancée à l'autre bout de la pièce. La douleur est insupportable. J'ai mal. Mais pourquoi ça fait mal en fait ? Ayant du mal à ouvrir les yeux, j'entrouvre l'oeil gauche. Ma vue se bloque d'horreur. Une dent ensanglantée sur le sol longe le sol. Ce liquide rouge souille peu à peu ma dent si blanche. J'ai mal....vraiment mal. A t-on mal lorsque l'on est mort ? Celui venant de joliment me frapper m'observe de ce même regard sans vie.

- Le paradis ? Tu penses vraiment être morte ? Enfin, c'est vrai que si Eric n'avait pas été là, tu le serais à l'heure qu'il est.

Eric ? Mais alors je...je suis en vie.

- Relève-toi, m'ordonne-t-il d'une froideur impénétrable.

J'essaie de me relever non sans difficulté. Je n'y crois pas, je croyais que j'étais morte. Je croyais que...Rika reprends-toi, si tu es en vie ce n'est pas pour mourir juste après. Mon corps arrive quand même à se relever. Il se traîne vers sa place initiale. Dès que je réussis cet exploit, les voix convergent. Je les avais oubliés ceux-là. Une voix, plus forte que les autres, s'adresse à mon tyran.

- Que devons-nous faire d'elle bras droit ? Si nous l'acceptons, cette femme pourrait s'avérer être une délatrice.

Donc c'est le bras droit. Ma raison déraille à ses mots. Moi ? Une délatrice ? Je vois, il pense que je suis une espionne. Cela est plus logique.

-Tuez-la.

Il dit ça sans une once de réflexion comme si cela était évident. Me tuer ? Non...

- Vous savez pertinemment que nous ne pouvons pas laisser des personnes obtenir des informations. Les autres les utiliseraient à coup sûr contre nous.

Ayant fini cette phrase, son visage s'assombrit. Ils m'ont tout l'air d'être des assassins professionnels. Il est vrai que si j'étais à leur place, le plus simple serait de me tuer. Mais, il est clair que je n'ai aucune envie de mourir. Je ferai tout pour vivre. Si on m'a donné la chance de survivre, je n'hésiterai pas à la saisir. Je vais écouter leur conversation et je réagirai en conséquence.

- Ne devrions-nous pas attendre plutôt que le capitaine nous donne son approbation ? Il devrait être de retour dans moins d'une semaine. s'exclame une personne à gauche.

-Oui il n'a pas tort, entends-je dans le côté droit.

Le bras droit les coupe dans leur discussion agrémentant la pièce d'une sensation glaciale.

- Attendre pour quoi ? Qu'elle en soit une ou pas la tuer revient au même.

Je déglutis. Ma salive stockée dans ma bouche s'insère dans ma gorge sans mon autorisation. Un léger bruit s'élance hors de mon corps.

-Je ne vois pas l'utilité de la tuer si elle n'a rien fait, s'écrit Eric.

-Même si elle n'a rien fait qui dit qu'elle ne nous mettra pas des coups derrière le dos.

Celui-là...Ayant bien analysé la discussion, je pense que le moment opportun est arrivé. Je me jette alors sur cette chance.

-Je...je n'ai rien à voir avec cette histoire. Je...

Il faut que j'aie l'air d'une fille complètement innocente et naïve, cela passera mieux.

-Ils m'ont emmené dans un grand bateau et nous ont enfermé dans une pièce sombre. Tous ceux qui vou...voulaient se rebeller étaient immédiatement fu...sillés. Un homme m'a aidé à m'enfuir. Mais lorsque je suis arrivée sur le pont... ils m'ont attrapé et jeté à l'eau... J'ai cru...j'ai cru que j'allais mourir !

J'entrecoupe mon histoire de quelques halètements puis de larmes perlant doucement sur mes joues. Les discussions battent leur plein.

- Je pense aussi qu'il serait préférable d'attendre que le capitaine revienne, déclare avec conviction le gros bras m'ayant si gentiment déposé précédemment.

-Tss.

Le bras droit a l'air un peu irrité. Enfin une expression orne ce visage sans vie.

- Et a quoi va-t-elle nous servir ? réplique-t-il sûrement pour m'enfoncer encore devant cette foule.

Je m'empresse alors de répondre pour le couper dans sa lancée.

- Je sais cuisiner, laver les vêtements, faire le ménage, laver les assiettes et vous pourrez aussi...

-Et, énonce cette crinière ébène avec froideur.

Ayant marqué une pause, tous les yeux se posent sur moi attendant, la bouche entrouverte, que je crache le morceau.

-Vous pourrez m'utiliser corps et âme si vous voyez ce que je veux dire.

Pour les moins fins, je remonte un peu mon pantalon et leur fais un petit sourire aguicheur. Il faut que je mette toutes les chances de mon côté. Des sourires intéressés s'élèvent ce qui me provoque des frissons de dégoût. Leur yeux m'analysent avec envie. Des ronds noirs me détaillent comme s'ils allaient me dévorer dans peu de temps. Bande de porcs. Je plonge ensuite mon regard dans celui du bras droit. Son expression ne reflète aucun sentiment. Hé bien, la séduction n'a pas l'air de lui faire grand effet. Aussi, vu son comportement, le nombre de femmes conquises doit être aux alentours de la température du givre. Bien négative. Il me fixe encore un peu puis détourne le regard.

- Bon nous attendrons le retour du capitaine. Emmenez-la au cachot.

J'entends ensuite des conversations plus ou moins gaies et des mains s'entrechoquer discrètement.

- Enfin une fille dans notre équipage !

- Hmm, on va s'éclater.

J'ai un peu peur de la tournure que mon séjour va prendre mais au moins je suis en vie enfin...pour l'instant.

Les Méandres De Mon ÂmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant