CHAPITRE 9

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Mes yeux s'ouvrent doucement. Je me relève avec difficulté. Ma vue précédemment floutée se met à se stabiliser. Je suis dans une petite chambre. Ma main vient ensuite toucher la chose sur laquelle je suis assise pendant que mon regard l'accompagne dans sa mission. Un lit. Je suis assise sur un lit. Je me tiens ensuite la tête. J'ai l'impression d'avoir dormi pendant des heures. Ma tête me fait mal.

J'essaie ensuite de me relever sans grand succès. Tellement concentré par cette action, je mets un certain temps à remarquer la présence à mes côtés. Sa voix toujours aussi rassurante me questionne avec inquiétude.

- Tu vas mieux ? S'écrit Eric, la voix pleine de douceur.

Je me retourne puis le regarde. Le temps défile. Son regard en dit long sur ses pensées. Inquétude. Culpabilité. Compatie. Un visage est bourré d'informations. Cependant celles-ci n'ont pas le même language que nous. On doit alors les analyser, les retranscrire en notre langue. C'est vrai, je me souviens maintenant.

Je suis dans un bateau dirigé pour l'instant par un homme complètement tyrannique. Quelle chance ! Je pensais qu'il serait facile à utiliser mais en faite tout, chez lui, a l'air calculé. Cela en est effrayant. Voyant que je ne réponds toujours pas, l'homme aux cheveux d'or continue sa tirade.

-Euh...je suis désolé pour ce que Mark t'a fait, tu as dû le prendre pour un malade.

Un malade...ça l'aurait été si j'avais été peu maligne. Enfin oui, Je le trouve maladement intelligent. Il ne veut pas que je me repère. Il sait très bien que si je retiens toutes les allées du bateau, je pourrais plus facilement m'enfuir. Il m'a donc violemment assommé pour que l'on m'emmène directement dans ma chambre. Mais ce n'est pas ça qui m'arrêtera. Je sais ce que je vais faire. Pour l'instant, essayons d'obtenir des informations de Eric.

Lorsqu'il s'adresse à Mark, il n'a pas l'air d'hésiter comme les autres. J'en déduis donc qu'ils doivent être proche. Je ne pense pas que jouer la comédie sera nécessaire. Il n'a pas l'air de se méfier de moi. Il faut juste que je n'aie pas l'air trop suspecte.

-Ne t'inquiète pas à sa place j'aurai sûrement fait la même chose, il veut que j'évite de m'enfuir c'est bien ça ?

-Oui. Ce n'est pas quelqu'un de méchant au fond. Il est juste méfiant.

-Je vois.

On est sûr que on parle de la même personne ? Il m'a juste frappé bien violemment mais je suis sûr que c'est quelqu'un de vraiment bien, d'adorable. Quelle blague.

-Tu ne dois pas vraiment me croire.

-Hé bien vu comment il m'a frappé...

-C'est vrai que comme ça il n'a pas l'air très commode.

- Et puis....

-Et puis ? Me demande-t-il

- De toute façon, je n'arrive à me fier qu'aux actions, lancé-je, le regard froid.

Je ne pense pas qu'il puisse comprendre de quoi je parle mais tant pis. Il me regarde sans sourciller puis me sourit.

-Tu ne fais pas confiance aux mots ? m'énonce-t-il en accentuant son sourire.

Je plonge alors ma froideur dans ces yeux océans.

-Les mots sont trompeurs. Tu peux leur donner la forme que tu veux. Tu peux les transformer comme tu le souhaites. Les broder pour leur donner plus de douceur alors que ton coeur est pire qu'un glaçon. Mais aussi les durcir pour leur donner plus de froideur alors que tu respires la joie, la gaieté. Les mots ne reflètent en rien ce que tu es.

- C'est vrai, tu as raison mais les mots représentent le language de l'Homme et quelquefois ceux-ci peuvent toucher beaucoup plus.

Eric agrémente cette fin de phrase d'un regard nostalgique.

-Je ne suis pas d'accord les mots ne sont pas fiables. Or les actions si car ton corps est constitué de beaucoup d'informations, tes tics, tes manies. Tu laisses paraître plein de données sans en avoir conscience.

-Ah oui et bien...montre-moi ce que je laisse paraître.

À ses mots je me rends compte que notre débat ne sert à rien. Ce n'est pas ça qui me permettra de sortir d'ici. Je me suis trop emballée. Je décide alors de changer de sujet.

-Alors, quand je pourrai sortir ? Lui demandé-je.

Cependant, contre toute attente, il affiche un regard irrité.

-Ne change pas de sujet, j'ai envie de savoir ce que tu vois alors montre-moi.

Il décide parcontre de terminer sa phrase par son éternel sourire. Irrité par sa ténacité, j'émets quelques réticences puis me lève. Il est assis sur une chaise à, à peine un mètre de moi. Je m'approche rapidement puis arrive à sa hauteur. Mon analyse débute par son visage. Ma main frôle ses lèvres.

-Tu te mords un peu la gencive, ça montre ton anxiété, tu es impatient.

Je remonte ensuite jusqu'aux sourcils.

- Tes sourcils sont légèrement froncés cependant le droit l'est plus que l'autre. Tu es irrité.

Mon regard s'oriente vers ses mains entremêlées.

-Tes mains montrent que tu es nerveux, quelque chose ou quelqu'un te perturbe.

Eric me regarde avec froideur. Il essaie d'analyser chacune de mes paroles. Puis, sa main touche ses cheveux avec précipitation. J'en profite alors pour continuer mon analyse.

-Ta main.

-Ma main, me redemande-t-il, la voix pleine d'étonnement.

- Tu as touché tes cheveux avec ta main, ça montre que tu essaies de trouver la réponse à quelque chose mais que tu n'y arrives pas donc cela t'énerve.

Mon regard se pose ensuite sur ses pieds croisés.

-Tu essaies de te donner une certaine contenance malgré ton trouble.

Et pour finir je remonte mon regard, lui touche la joue puis plonge mon regard dans le sien.

- Tes yeux sont légèrement plissés, tu te demandes comment je fais pour savoir tout ça, je t'intrigue. Mon grand-père aimait beaucoup le language du corps, cela le passionnait. J'ai donc fini par connaître quelques ficelles.

Oh la la mensonge quand tu nous tiens.

Les Méandres De Mon ÂmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant