Les Méandres De Mon Âme

CHAPITRE 15

Ses jambes démarrent vers la porte. On longe le couloir. Des pas réguliers s'entendent. Ces dernières résonnent, s'amplifient, s'atténuent. Les portes défilent à une vitesse impressionnante. Mes yeux balayent ,d'un revers, l'ensemble des numéros. Trente-huit. Trente-neuf. Quarante. Soudain, des jambes s'arrêtent. Le capitaine se retourne. Son regard suit un chemin distinct dont la chute se pose sur une porte. Mes yeux se bloquent pour lire ce qui est écrit. Bureau du capitaine, tous ceux qui entreront sans autorisation seront tués. Celui-ci me regarde d'un air moqueur.

- Ne t'inquiète pas, c'est juste une blague.

Un frisson me parcourt. Sous ses sourires bienveillants se cachent quelque chose. Un pressentiment mauvais me tenaille. Je m'avance vers cette porte puis agrippe la poignée. Un son grisant définit cette action. La pièce m'apparaît. Cependant, je me rends compte que je ne suis pas toute seule. Le capitaine passe alors la porte et s'assoit sur la chaise positionnée dernière une grande table. Je m'avance au côté de mes compagnons. Mes yeux se posent sur l'un d'entre eux. Ces cheveux blonds, ces yeux émeraude, ne me sont pas inconnus. Eric m'accueille d'un sourire apaisant.

- On dirait que l'on va faire équipe, me dit-il, ses dents sorties, comme un symbole de bienvenue.

Je lui rends alors ce sourire. Le fait qu'il soit présent me rassure un peu compte tenu de l'ambiance de cette expédition. Mais le deuxième beaucoup moins. J'ai la mauvaise impression que plus j'essaie de le fuir plus on décide de me mettre avec. Ses yeux gris me fixent avec froideur. Ils sont légèrement entrouverts, sûrement à cause de la surprise. Connaissant déjà ses deux hommes, je m'interroge sur le dernier. Aligné avec les deux autres, on se rend avec facilité compte de sa petite taille. Des cheveux roux se dressent en avant pendant que ceux de derrière reste à leur place, le manque de volume étant la principale cause. Quelques petites tâches s'attaquent à son visage ne lui laissant ainsi aucun répit. Des yeux en amande, de la couleur du bois, m'observent, m'analysent sans aucun grain de méfiance. Il me regarde comme un enfant qui détaille un inconnu. Puis, de massives dents sortent de sa bouche sous un sourire éclatant.

- Yo ! Moi c'est Emerick. Tu dois être la nouvelle ! Enfin, j'sais pas pourquoi je te pose la question puisque t'es la seule fille ! En tout cas, enchanté ! J'ai hâte de faire équipe avec toi !

Étonnée d'un tel enthousiasme, je mets un certain temps à lui répondre.

- Enchanté.

Il s'approche alors de moi puis prend ma tête pour que mes yeux s'inclinent vers lui.

- T'as l'air pas très loquace !

Mes yeux restent bloqués sur les siens comme si j'étais partie ailleurs. Ils détaillent chaque élément pouvant confirmer cette méfiance qui me prend. Néanmoins, cette analyse se fait peu fructueuse. Il a l'air sincère. Soudain, un léger bruit m'alerte.

- Hum...hum...

Le capitaine nous fixe.

- Je n'ai pas de temps à perdre pour les présentations. Emerick, remets-toi à ta place.

La peur au trousse, l'homme s'insère au bout de cette rangée. Notre supérieur balance ses pieds d'un geste nonchalant, colle son buste contre la table et lie ses mains tout en nous regardant.

- Dans deux jours, vous partirez pour une charge. C'est une charge de type ciel.

- Une charge de type ciel, répèté-je, déconcertée par ces mots.

Des yeux grisâtre se tournent alors vers moi.

- Les charges sont comme des missions. Il y a trois types de charges: terre, ton but est d'éliminer ou de massacrer des personnes ou une population ; ciel, ce sont des charges où tu devras retrouver des documents et pour finir air où le but sera de t'infiltrer à leur côté pour leur soutirer des informations.