CHAPITRE 14

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Je me triture les doigts. Ces dernières tapent ensuite contre cette table en bois. Un bruit irrégulier enivre la pièce. Quelques gouttes de sueur perlent de mes tempes. Ma vue reste bloquée à cette horloge suspendue. L' aiguille avance d'une lenteur terrifiante. Le capitaine devrait bientôt arriver. Dès le lever du jour, des personnes sont venues me voir. Leur visage, leur expression ; tout m'était étranger. La seule information que j'ai retenue de leur tirade c'est que le capitaine revient aujourd'hui. Je suis dans ce qu'ils appellent la salle des réunions.

C'est ici, m'ont-ils dit, que toutes les discussions sérieuses se présentaient. Seule une grande table accompagnée de quelques chaises la définie. Les murs, le sol, sont d'un marron triste. Il se dégage de cette pièce une odeur de sueur mélangée à celle de la poussière. Cela doit faire un petit moment qu'elle n'a pas servi. Tout à coup, un bruit éveille mes sens. Des pas. De nombreux pas. Mon corps s'approche alors de la porte. À son ouverture, un bruit plus que bruyant se réveille. Un attroupement d'hommes longe le couloir. À pas de loup, je m'approche de cette foule. Les voix se font assez fortes. J'arrive pourtant, dans toute cette cacophonie, à entendre quelques phrases.

-Vous êtes enfin revenu !

- Votre voyage s'est-il bien passé, capitaine ?

À ce mot, je me faufile à travers cette foule. Ces corps assemblés me bloquent telle une barrière massive. Cependant, je réussis tant bien que mal à arriver à destination. Mes yeux le détaillent avec minutie. Il est grand, très grand. Ajoutant à cela, une carrure imposante. Ses yeux marron rient sous les dires d'un de ses confrères. Ses cheveux bruns mi-longs cachent son cou si pâle. Une chemise noire laisse transparaître des veines ardentes. Son pantalon marron expose au grand jour de longues jambes coupées par d'imposantes bottes noires.

Mes yeux fixent cet homme un long moment comme s'ils essayaient de s'habituer à sa vue. Les personnes défilent à sa rencontre. C'est bien lui le capitaine. Il émane de chacun de ses pores, chaque partie de son corps, cette impression de puissance, de domination. Subitement, nos regards se croisent. Il me sourit puis s'avance vers moi. Je reste là, mes jambes arrêtant tout fonctionnement. Arrivé devant moi, je me rends compte que sa taille n'était pas une illusion d'optique, il fait bien au moins deux têtes de plus que moi.

-On peut parler ? me demande-t-il avec un sourire aux lèvres.

- Euh...oui.

Comme si j'avais le choix de toute façon. Des yeux m'observent avec méfiance, d'autres avec envie et d'autres encore avec dégoût. Il m'emmène dans la salle de réunion. La porte fermée, sa main m'indique une chaise. Il décide de se mettre en face de moi. Il me sourit puis m'annonce avec entrain :

-Alors comme ça, tu t'appelles Karine ?

Ma réflexion travaille avec rapidité. Mark lui a-t-il dit ?

- ...Oui

Il ne dit rien pendant quelques secondes qui pour moi sonne comme une éternité.

-Je ne pense pas que tu sois une délatrice, m'énonce-t-il calmement.

Je ne sais pas comment il fait pour changer d'expression faciale en l'espace de dix secondes.

-Mais il y a une chose qui est sûr...tu ne nous dis pas la vérité, m'annonce-t-il d'un sourire joyeux.

Il lui a dit. Quand a-t-il eu le temps ?

-Tu te demandes comment je sais ? Ne t'inquiète pas tu mens très bien. Je n'ai vu aucune micro-expression pouvant te trahir. Mais, ce n'est pas comme si c'est la première fois que quelqu'un me ment.

Mon cœur se serre. Je sens mes pulsations cardiaques de plus en plus alliant à cela des sueurs froides. Je ne pense pas que j'ai le choix.

-Marie ?

Les Méandres De Mon ÂmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant