Il faut juste que je trouve un moment pour m'enfuir de ce cachot...oui le cachot. Un cachot ? Attendez une minute !
-Excusez-moi bras droit mais euh...le cachot sera très sombre.
À ces mots, celui-ci se lève doucement puis s'avance à ma hauteur. Je dois dire qu'il en impose. Il est très grand et cette couche de tissus dissimule sûrement une masse de muscles. Ces vêtements sont plutôt de couleur sombre et se marient merveilleusement bien avec son sale visage.
- Parce que en plus tu crois que on va allumer les lanternes pour toi ?
Il m'agrippe ensuite les cheveux fortement puis met sa tête au même niveau que la mienne. Ses yeux me défient du regard. Pour autant, je ne faiblis pas. Mes yeux bleus fixent les siens.
-N'oublie pas que tu es notre prisonnière.
Au moins, j'ai ma réponse. Je serai dans le noir. Non je ne peux pas. Ayant compris que ce combat de regard ne sert à rien, mon regard s'incline. Ma voix parle dans un murmure.
-S'il vous plait, je ne peux pas être dans le noir...
Le mieux est de l'amadouer, plus j'aurai l'air pathétique, mieux ce sera. Il me lâche alors les cheveux et se retourne à moitié. Un sourire se dessine alors sur son visage. C'est la première fois que je le vois avec une expression gaie enfin...en théorie. Ce sourire-là a l'air fourbe, vicieux. Il me glace le corps plus encore que son regard froid. Il me regarde distinctement puis ses yeux commencent à briller d'une lueur pleine de malice.
-Et pourquoi ? Ah ! J'ai compris, tu as peur du noir c'est ça ?!
À ces mots, toutes les personnes de cette pièce se mettent à rigoler. Les conversations affluent. Des voix moqueuses s'élèvent. Des rires espiègles aussi. Si il veut jouer à ça. C'est très bien, je vais utiliser cela à mon avantage. Mes pieds lâchent d'un coup. Mes mains cachent mon visage. Mes halètements se renforcent pendant que je prépare mon rôle.
-Ne vous moquez pas ! Ce n'est pas marrant ! Depuis que je suis petite, j'ai toujours eu peur du noir.
Leurs ricanements cessent. Le blond nommée Eric s'approche alors de moi.
-Tu sais, déjà, on a réussi à te sauver donc tu devrais te forcer un peu d'accord ?
Si c'était si facile, je n'aurai rien dit.
-Allez on y va, répondent en choeur deux hommes assez musclés.
Ils s'approchent alors de moi puis prennent mes épaules, un pour chaque côté. Ils me relèvent avec rapidité. Leurs bras me tirent en arrière. Comprenant la gravité de la situation, je m'extirpe de leur emprise en poussant bien avant. Mon visage cogne contre le sol glacial. Mes deux tortionnaires commencent alors à s'énerver.
- Ne commence pas !
-C'est vrai tu as déjà de la chance d'être encore en vie.
Oubliant leur parole, je me concentre sur le regard du bras droit. Ma détermination plonge dans ses yeux acier.
- S'il vous plait ! Je vous en...
Sans que je n'aie pu terminer ma phrase, les deux gros bras me poussent en arrière. Ils m'emmènent vers la sortie. Je m'égosille alors à leur faire entendre raison.
-Arrêtez ! Lâchez-moi ! Je dormirai n'importe où mais pas là !
-Tais-toi ! me gueule l'un des deux hommes.
Je me débats encore mais cela est inutile. Le bras droit, quant à lui, regarde tranquillement la scène sans rien dire. J'arrête alors mes efforts et me laisse tomber au sol. Si je n'y vais pas je vais me faire tuer mais si j'y vais j'ai trop peur de...de ne jamais revenir. Soudain, les yeux de ce voyeur se ferment. Il s'avance dans la direction le menant à son fauteuil.
-Emmenez-la.
Non...non c'est fini.
D'une voix plus basse, il énonce.
-Elle occupera la chambre juste en face de la mienne.
Mes yeux s'entrouvrent. Il me laisse dormir dans une chambre ?
- La chambre quarante-deux comme ça...
Il s'approche alors d'une rapidité effrayante, dégaine quelque chose de sa poche puis se met à ma hauteur. Il pose ainsi la pointe de sa dague juste sur ma gorge.
- Si tu essaies de t'enfuir ne serait-ce qu'une fois ou même de sortir de cette chambre sans autorisation...
Il exerce une légère pression sur mon cou laissant un liquide rougeâtre perler. Ma gorge se noue. J'ai du mal à respirer. Son regard me transperce le corps. Il me pourfend la peau, les muscles, s'impose dans mes veines puis se mêle à mon sang. Cependant, comme toujours, je ne montre rien. Ce regard m'analyse, essaie de lire en moi, me fouille et me refouille mais c'est peine perdue. D'une lenteur étouffante, il bouge sa dague. Ma perte de sang s'intensifie.
- Je te tuerai.
Ayant fini cette phrase, il enlève cette épée de damoclès. Je me remets à la hâte à respirer. Bon il vaudrait mieux lorsque je devrais m'évader que je sois bien préparée car...il n'y aura pas de deuxième fois. Au moins j'aurai de la lumière c'est déjà ça. Malgré cet air froid, il a l'air d'avoir des sentiments. Excellent, il sera plus facile à utili...
Du sang coule au sol mais aussi sur mes mains. Ma respiration se coupe. Un liquide rougeâtre se met à jaillir de ma bouche. Un déchirement me prend au niveau de l'estomac. J'ai mal. Horriblement mal. Mes jambes sont tétanisées. Mon corps se cambre sous la douleur. Mes yeux s'ouvrent de stupeur. Ma vue se brouille.
Ma main rouge vient soutenir mon visage. Ma tête me fait mal. Mon souffle se coupe sous l'étonnement. Je vois trouble. Tout devient flou autour de moi. Le sol se met à faire des zigzags. Ma main se dédouble. Mes jambes des arcs de cercle. Ma tête endommagée se lève avec difficulté. Les murs font des triangles pendant que le fauteuil fait des courbes.
Cependant dans tout ce trouble, j'aperçois ce regard. L'ensemble de son corps a beau être flouté, je vois distinctement celui-ci. Un côté sombre envahit son visage pendant que le reste de son corps me paraît effacé. Les couleurs disparaissent peu à peu ce qui montre un minimalisme inquiétant. Ses cheveux noirs devenus blancs. Ses yeux si gris devenus noirs.
Cependant, son regard, lui, ne changent pas. Il reste d'un noir dur. C'est ainsi que celui-ci croise le mien. Si ses yeux auraient pu parler, je suis sûr qu'ils m'auraient dit :
" Ici, les plus faibles restent à leur place pendant que les plus forts mènent la danse. "
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Les Méandres De Mon Âme
AcciónUne âme saine repose dans un corps sain et un esprit sain.