CHAPITRE 6

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Je ne ressens rien. Ni la douleur, ni la haine, ni le désespoir. Suis-je enfin morte ? Cette mort que tout le monde redoute. Cette mort qui effraie et qui tue peu à peu le coeur des Hommes. Une mort qui régit le monde des Hommes. Je sens quelques picotements au niveau de mes yeux. Ceux-ci s'intensifient. Ces dernières s'ouvrent, la lenteur au rendez-vous, afin de regarder cette mort. Alors c'est à cela que tu ressembles ?

Je suis dans une pièce assez lumineuse ornée d'une fenêtre. Des éclats de soleil me font face. Ce monde ressemble à s'y méprendre à mon monde ou peut-être que c'est mon monde qui y ressemble. Mon regard analyse les alentours. Cependant quelque chose me paraît étrange. J'ai du mal à bouger. Ma tête s'incline. Des cordes. Des cordes longent mon ventre. Peut-être que cette histoire d'enfer et paradis est vraie. Si cela est le cas, cela ne m'étonnerait pas que je sois en enfer.

Je regarde plus attentivement mon ventre et remarque que des bandages le contournent. Qu'est-ce que c'est que ça ? Pourquoi j'ai des bandages ? Un bruit derrière moi attire tous mes sens. Le verrou de la porte. Une silhouette rentre dans la pièce. Ma raison cherche à recoller les morceaux de ma logique. Me voyant le fixer, il me fait un petit sourire. Son sourire est comment dire...rassurant.

Il a un côté attendrissant et honnête. À ce moment je me dis que peut-être le paradis m'a grand ouvert ses portes. Des cheveux blonds longent son long cou. Ses yeux vert émeraude cherchent en moi une quelconque réponse. Son sourire rafraichissant m'analyse tout entière. Son corps agrémenté de ses rayons de lumière ressemble à un de ses corps sculpté dans le marbre. Voyant que je ne réagis pas, il m'interrompt dans mon analyse plus que subjective.

- Ça va mieux ? Désolé de t'avoir surpris. Je suis content de voir que tu es réveillée.

Je me demande vraiment comment je peux être au paradis. Vu tout ce que j'ai fait dans ma vie, cela m'étonne un peu. Peut-être les dieux ont voulu être charitables. Enfin ça m'arrange. Voyant que je ne réponds pas, il s'approche avec douceur puis se met à ma hauteur. Ainsi, il plonge ses yeux vert dans les miens. Un regard plein d'interrogations se perd dans ses yeux. Intions qu'il n'ose pas énoncer.

-Tu...tu vas bien ?

Comme une poupée en porcelaine, il me caresse la tête. N'ayant pas l'habitude de cela, je baisse les yeux. Le sol en bois devient très intéressant. Cependant, ma raison se bataille en moi. Je décide alors de lui faire part de mes états d'âme.

-...Est-ce que je suis au paradis ?

Le visage du jeune homme se crispe puis se remplit d'étonnement. Il me regarde comme on regarde quelque chose d'original, de perturbant et d'un tant soit peu intéressant. Quoi ? J'ai dit quelque chose qui ne fallait pas ? Il me fixe encore pendant plusieurs secondes puis consent enfin à me répondre.

- Le paradis ? Ici ce n'est pas trop ça... Enfin si d'un côté on s'entend quand même bien mais de là à dire que c'est le paradis ça serait exagéré. Enfin pas si exagéré que ça puisque...

Voyant que son monologue s'éternise, je lâche prise à la moitié. Je ne trouverai pas mes réponses chez lui, c'est sûr. La porte s'ouvre de nouveau et laisse apparaître un homme assez costaud. Des gouttes ruissellent de son visage. Son corps inspire et expire de façon irrégulière.

-Mais Eric qu'est-ce que...tu fais ?! C'est pas le moment de par...ler avec la prisonnière.

- Je lui expliquai ce qu'était le...

-Oui oui ba tu lui expliqueras ça plus tard, Mark veut...veut la voir.

- Ah...

- C'est bon je m'en occupe.

Soudain, cet homme me prend ou plutôt me balance sur son épaule. Ma respiration se coupe lors du contact. Il sort ensuite de la pièce et longe le couloir suivi du dénommé Eric. Arrivé devant une porte, il déglutit peu à peu, prend une grande inspiration et ouvre la porte. Il rentre à pas de loup dans la pièce, talonné par Eric. Il me pose ensuite, tout en dextérité bien sûr, sur le sol.

Mon dos se cambre sous la douleur. Les rayons de lumière, étant plus prononcés, m'empêchent de voir ce qui m'entoure pendant quelques instants. Enfin habituée, je constate que nous ne sommes pas seuls. Une rangée d'hommes longe le côté droit et gauche de la pièce. Ils sont assez silencieux comme si quelqu'un allait bientôt mourir.

Ayant fini de m'attarder sur cela, mon regard se balade en ligne droite et se bloque à sa vue. C'est un jeune homme, il doit avoir à peu près le même âge que moi. Il est assis sur un grand fauteuil noir positionné en hauteur. La lumière illumine son visage. Ses cheveux noirs se complètent à ces rayons de lumière et donnent un côté châtain à sa chevelure. Celle-ci se dresse vers l'arrière suivant avec perfection le contour de sa boîte crânienne. Ses yeux, d'un profond gris métallique, me regardent avec froideur.

Je lis dans son regard l'indifférence qu'il me porte. Cette indifférence se transforme peu à peu en glace. Elle gèle tout sur son passage. Celle-ci refroidit l'ambiance de cette pièce. Ce gris si sombre me glace le coeur. Il se lie à mon corps, contemple celui-ci puis se mêle à mon sang et attrape fermement mon coeur. J'avoue que à ce moment précis... j'ai tremblé. Oui. Trembler.

Cela fait depuis plusieurs années que je n'ai pas tremblé devant quelqu'un, que je n'ai pas ressenti ce sentiment de domination. Mais le plus impressionnant est son manque cruel d'expression faciale. Sa froideur devient comme une évidence et cela juste avec ses yeux. Il se lève puis parle d'un ton nonchalant.

-Quel est ton nom ? Qui es-tu ?

Je n'arrive même plus à articuler un seul mot. Ma respiration essaie pourtant d'emmagasiner le plus d'oxygène mais à chaque fois que je croise son regard celle-ci s'échappe. Le dénommé Eric s'avance d'un air sûr de lui.

-Elle n'est pas encore rétablie. Moi et Jack l'avons retrouvé près de la baie de Tyra.

Rétablie ? Rétrouvé ? De quoi il parle ? Le doute semé dans mon esprit, je m'aventure sur un chemin risqué. Je me lève d'une lenteur méconnaissable, pompe le maximum d'oxygène d'un coup puis m'adresse à l'homme aux cheveux d'ébène.

-Nous...nous sommes bien au paradis ?

Je l'ai dit. J'aurai enfin ma réponse mais...qu'est-ce qui se passe ? Ayant fini ma phrase, ma vue se bloque sur des personnes se tordant de rire. Certains se tiennent même le ventre pour ne pas tomber par terre. Il n'y a rien de tordant à ça, c'est normal que je me demande si je suis en enfer ou au paradis. Je suis morte. Ma raison le sait mais j'aimerai bien que...Contre toute attente, des cris me fracassent les oreilles.

- MARK ARRÊTE ! s'exclame Eric.

BAN !

Les Méandres De Mon ÂmeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant