Un choc (corrigé)

23.1K 2.9K 14
                                    



Mon pauvre petit cœur tambourine dans ma poitrine alors que j'avançe doucement, très très doucement vers l'entrée de la maison. La grande porte n'est pas fermée, je la pousse du bout des doigts et ...surprise!

Toutes les fenêtres sont closes, chose bizarre car la femme de tonton Khadim les gardait toujours ouvertes pour un maximum de luminosité mais là...plouf! Plongé dans la pénombre.

Je suis juste perdue, mon cerveau fonctionne à la vitesse grand V pour trouver à quoi rime tout ça mais, je ne trouve pas de réponse.

Des tasses salles traînent sur la table de séjour avec leur théière, la nappe sur laquelle elles reposent est sale et défraîchie. Le sol est jonché de déchets de toutes sortes; des emballages de café, des filtres à café usés, des cartons de biscuits...

Je ne vois toujours personne alors que je suis là depuis bientôt deux minutes.
Je décide donc de signaler ma présence.

- TOC TOC! Assalamou aleykoum ! Il y a quelqu'un ici?

Une voix faible répond quelque chose puis j'entends des pas traînants dans le couloir.
Quelqu'un vient.

Une vieille femme apparaît après un moment.
J'ai du mal à la reconnaître, et je crois qu'elle a le même problème que moi puisqu'elle me scrute de bas en haut en plissant les yeux.

- Mon Dieu! Milouda? C'est toi? S'écrie t-elle lorsqu'elle me remarque enfin.

Une seconde surprise! C'est Tata Sokhna la femme de Tonton Khadim, apparemment.

Décidément je vais de surprise en surprise, après la maison qui tombe en ruine, j'ai droit à la propriétaire de la maison qui tombe en ruine.

Tata Sokhna était le prototype de la "Drianké" (grande Dame) Sénégalaise. La chose la plus frappante chez elle était son odeur: une odeur particulière d'encens Mecquoise et d'eau de Cologne qui vous pénètre entièrement.
Puis il y avait ses mains toujours recouvertes de savants dessins faits au henné.
Ensuite ses mouchoirs de tête,  toujours énormes qui accompagnaient ses grands boubou de Basin riche ou de Getzner turque qui bruissent dans un froufrou discret.

Seulement, la femme qui se tient devant moi n'a rien d'une drianké ni de ma Ta' Sokhna. Elle porte une robe en tissu léger et un simple foulard de prière sur sa tête.
Quand elle me prend les mains, je remarque sur les siennes des dessins au henné qui commençent à s'estomper, elles doivent dater.

Autre petit détail, la femme qui se tient devant moi est menue, presque maigre alors que ma Tata, en bonne sénégalaise était... pour le moins, enrobée.

-Tata? C'est bien toi? Je demande incertaine, en la regardant.

- Ay Milou! C'est bien moi! Milou foo nékone?  Où étais tu pendant tout ce temps? Pourquoi ne nous as tu pas donné de tes nouvelles?

Je ne sais pas à quelle question répondre d'abord, et puis tout serait si long à expliquer...

Je décidai donc de passer outre toutes ses questions, il faut d'abord que je sache ce qui se passe.

- Tata, tu es malade? Qu'est-ce qui t'arrive?

Elle me presse les mains en me regardant avec des yeux larmoyants.

-Milouda tu n'es pas au courant?

-Au courant de quoi Ta'?

Mon cœur rate un battement.
J'espère juste qu'elle ne va pas m'annoncer une mauvaise nouvelle.

Pardon mais... je t'aime [ En Correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant