Romance

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Ce moment était plus stressant que la délibération du BAC.
Au BAC au moins, on peut redoubler lorsqu'on a échoué.
Mais là, il n'y avait pas de seconde chance.
Soit t'es pris, soit tu te casses la gueule.

J'avais pas envie de me vautrer. J'ai investi trop de temps et d'efforts pour ce concours, comme tout le monde présent à ce moment-là j'imagine, mais je ne voulais pas.
J'avais tellement espoir.

En plus je ne pouvais pas décevoir Amine.
Il avait annulé son voyage exprès pour assister à ça.
Il m'a été d'un grand soutient pendant cette semaine.
Il est venu me chercher à l'école tous les jours, pour m'aider dans mon projet.

J'ai découvert en lui une autre facette qui m'était inconnue.
Il poussait toujours les gens à donner le meilleur d'eux-mêmes.

Ce n'est pas qu'avec moi qu'il fait fait ça.
Il a aidé Khadija à intégrer la CESAG de Dakar.
Je ne savais même pas qu'il avait quelque chose à avoir avec cet histoire. Je savais juste que ma cousine avait réussi au concours.
C'est avant hier qu'elle m'a avoué que sans l'aide et l'encouragement de mon mari, elle n'y serait jamais arrivée.

Il a aussi poussé Ousmane, le fils de Camelia à laisser sa timidité de côté et intégrer un club de footbal.
Ils sont devenus très proches tous les deux.

Tout ce qu'il fait, il le fait dans la plus grande discrétion.
C'est un homme humble..
Enfin la plus part du temps.

Il me trouvait dans la cuisine tous les soirs, pour me demander s'il pouvait m'aider.
Dès fois, j'avais beau refuser, il tenait à être présent, à chaque fois. Et ces fois là, je lui en étais tellement reconnaissante.
Il m'insufflait toute la confiance dont j'avais besoin.
Il faisait aussi office de goûteur et de mélangeur.

J'avais parlé du concours à Tonton Beckaye, Tata Sokhna, Mansour, Tala, Josée... ils m'ont tous encouragé et souhaite bonne chance, mais pas comme je l'aurais souhaité.
Je crois qu'il ne réalisaient pas à quel point c'était important pour moi.
Dans ce pays, la cuisine est quelque chose qu'un femme doit impérativement maitriser.
90% des femmes savent cuisiner. Voilà pourquoi l'art culinaire est devenue une discipline banalisée.
C'est peut-être aussi parce que nous n'avons pas beaucoup de plats nationaux, ni beaucoup de denrées exploitables. Mais surtout parce que l'africain et la créativité, ça fait deux.
Désolée de le dire.

Au Sénégal nous n'avons pas beaucoup de chefs étoilés. Les rares qui le sont ne font que vivre de ça, de la cuisine, ça devient progressivement un simple moyen de gagner sa vie, au lieu d'être une passion à exploiter, des combinaisons de goûts, une recherche ardente de nouveautés et de sensations.
Finalement nous sommes encrés dans le dogmatisme.

Ici le plat le plus abouti,le plus moderne, au yeux des sénégalais, est toujours accompagné de " sauce".
Et quelle sauce! C'est toujours des oignons sautées dans de l'huile avec beaucoup de vinaigre, d'ail, de piments, de poivre et de quelques herbes de province , pour les plus novateurs.
Toujours la même chose.

De la charcuterie accompagnée de crudités marinés avec des frite et de la " sauce".

Je déteste cette "sauce".

Les sénégalais ont tendance à oublier que même la moutarde est une sauce, ainsi que le ketchup, la mayonnaise...

Moi je préfère une bonne béchamel, ou une aoli Ou une vinaigrette ketchup que je fais moi-même.
C'est rapide et abordable.

Pourtant, nous avons des produits très intéressants.
Le mil, le sorgho ou le fonio par exemple.

J'ai une fois fait du soupoukandia* avec du fonio a la place du riz. J'en avais apporté à mon oncle , il avait tellement apprécié.
Pourtant je n'ai changé que les céréales.

Pardon mais... je t'aime [ En Correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant