XVIII : Chocogrenouilles et créatures magiques

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Repères chronologiques
2 mai 1998 : Bataille de Poudlard
1er septembre 1998 : Harry entre en septième année
6 septembre 1999 : Harry devient aspirant Auror
2 mai 2000 : Naissance de Victoire
Période couverte par le chapitre : 18 octobre au 24 décembre 2000

Un matin, alors que le mois d'octobre entamait sa seconde quinzaine, Ron et Harry reçurent chacun la même enveloppe sur laquelle une grenouille se promenait en faisant de grands bonds. Ils échangèrent un regard surpris avant de l'ouvrir.

La société Chocogrenouille Ltd. leur proposait de sortir une carte à leur effigie.

Pas question, pensa immédiatement Harry. Mais avant qu'il ait pu prononcer un mot, le hurlement de Ron le fit sursauter :

— Une carte de Chocogrenouille, s'exclama-t-il d'un ton émerveillé. Tu te rends compte, Harry, tu te rends compte ? Bientôt, les gamins s'échangeront les cartes de Ron Weasley et de Harry Potter !

— Et d'Hermione Granger sans doute, remarqua Harry d'une voix sépulcrale – il ne voyait que trop bien.

— Qu'est-ce qui se passe ? demanda Ginny en s'installant à la table du petit-déjeuner – elle dormait régulièrement au Square Grimmaurd désormais car l'obligation de résider à Holyhead ne s'appliquait qu'aux jeunes recrues et aux périodes de championnat.

Pendant que Ron lui lisait son courrier d'un ton triomphant, Harry observa sa petite amie avec inquiétude. Comment Ginny allait-elle réagir à ce rappel de l'exclusion dont elle avait souffert cette année-là ? Il fut agréablement surpris de la voir féliciter chaleureusement son frère. Elle lui lança un regard interrogateur, comme si elle savait qu'il ne prenait pas la nouvelle avec autant de joie mais qu'elle convenait que ce n'était pas le moment d'en parler. Pendant qu'elle buvait son café et mangeait ses œufs, il lui trouva l'air déterminé. Avait-elle résolu d'obtenir elle aussi sa propre carte, comme la capitaine Gwenog Jones l'avait fait ?

Toute la journée au travail, Harry se demanda comment échapper à cette ultime médiatisation. Il était certain que cela relancerait le culte dont il était déjà l'objet. Alors que les sorciers commençaient enfin à s'habituer à le voir parcourir les couloirs du ministère ou les rues commerçantes quand il sortait sans se métamorphoser et que leur insistance se faisait plus discrète, la ferveur allait être ravivée. Il imaginait avec horreur les gosses le poursuivant pour lui demander de signer leur carte.

Mais il savait que s'il refusait, Ron se sentirait obligé d'en faire autant. Il revoyait son air réjoui, ses yeux brillants de fierté. Il n'avait pas le droit de lui ôter cela. Ron l'avait suivi dans les pires situations, à travers les plus graves dangers. Même s'il avait à un moment cédé au découragement, il était revenu dès qu'il en avait eu la possibilité et avait joué un rôle essentiel dans l'annihilation de Voldemort. Puis, quand la guerre avait été finie, il s'était effacé pour aider son frère à supporter le deuil de son jumeau.

Avec le recul, Harry pensait que s'occuper d'un magasin de farces et attrapes convenait parfaitement au tempérament de Ron. Il n'avait pas le génie de Fred et George, mais il s'amusait beaucoup à imaginer de nouveaux produits. Il aimait également le contact avec le public que lui procurait la vente en boutique. Harry n'était pas certain que Ron aurait autant apprécié le travail d'Auror. Les fastidieuses paperasseries, les longues et inconfortables surveillances et les repas que l'on sautait quand le travail était trop intense lui auraient pesé. Cela n'enlevait rien à la générosité de son sacrifice, mais en le voyant s'épanouir dans son métier, Harry se disait que les bonnes actions étaient parfois récompensées.

Quoi qu'il en soit, cette carte de Chocogrenouille était largement méritée au vu de tout ce qu'il avait fait. Non, Harry n'avait pas le droit de refuser l'heure de gloire de Ron Weasley.

Les Survivants (HP 7, trois-quart - Partie 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant