Partie 2

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Je savais que j'allais être déçue. C'est pour ça que je m'étais préparée à tout, je pensais avoir inventé tous les scénarios possibles. Mais à cet instant, je venais de comprendre que la réalité m'avait surpassée.

Devant moi ne se trouvait effectivement pas une sortie mais une pièce, grande et sombre, exactement comme le sous-sol dans le quel je vivais. Sauf que cette pièce était aménagée, un petit lit en fer et un bureau. Mais tout ça n'était pas la cause de mon étonnement, ce fût une jeune femme. Elle se trouvait sur un rocking-chair dans un coin de la pièce. Elle ne semblait pas avoir remarquée ma présence. Je décidai de m'approcher d'elle. La femme ne me regardait pas, comme si j'étais invisible et que je ne faisais pas partie de son univers. Malgré la pénombre, je pus distinguer qu'elle tenait un poupon dans ces bras et qu'elle lui caressait les cheveux au rythme calme d'une chanson qu'elle chantais tout bas, en se balançant d'avant en arrière sur sa chaise. Je lui touchai le bras pour qu'elle remarque ma présence. Cela fonctionna mais pas dans le sens que j'aurais souhaitée. Elle se mît à criée.

- Chut, ne criez pas je vous en prie, je suis de votre côté, je ne vous veux aucun mal, dis-je pour la rassurer.

Elle arrêta de crier mais continua de me fixer méchamment.

- Mon nom est Camille, dis-je pour la rassurer. Je suis là depuis cinq ans.

Elle sembla comprendre et me regarda avec plus de douceur.

- Comment vous appelez-vous ?

Elle ne me répondit pas et se remis à chanter en se balançant. Je compris que je ne pourrais pas obtenir grand-chose de plus de sa part et me mis à chercher une issue.Je fouilla absolument tout. Je vérifiai chaque mur, chaque fenêtre dans l'espoir de trouver une sortie. Je tâtai même le sol, dans l'espoir de trouver une poignée semblable à celle de la bibliothèque. Je déplaçai même les quelques meubles présent. Rien. Aucun moyen de sortir.

- Est-ce qu'il y a une sortie ? Demandais-je en m'agenouillant devant la femme qui n'avait toujours pas bougée.

La jeune femme m'ignora totalement. Ne m'avouant toujours pas vaincu, je me remis à fouiller toute la pièce. Je regardai chaque centimètre pour être sûre de ne rien laisser passer. Je cherchai pendant des heures mais je ne trouvai rien. C'est donc le moral à zéro, que je repartie au sous-sol après avoir retenté de discuter avec la femme. Je refermai le mur derrière moi et me glissa discrètement dans les couloirs de la maison. Heureusement, la maison était vide, je me faufilai donc sans difficultés jusqu'à la porte de ma pièce. Je la déverrouillai grâce à la pince à chignon que j'avais précieusement gardée dans ma poche. Après m'être faufilée à l'intérieur, je refermai la porte à clef et allai m'installer dans un recoin de la pièce pour réfléchir et faire le point sur tout ce qu'il venait de se passer. Quelqu'un d'autre avait été enlevé. Je n'étais pas la seule, cela expliquait beaucoup de choses. Comme le fait que je ne nettoyais jamais l'étage ou le fait que je ne préparais jamais le diner. Tout devenait clair. Sauf le fait que je n'avais jamais vu la poignée auparavant. Pourtant, elle me semblait tellement visible maintenant. Peut-être que c'était la même chose avec une potentiel issue, elle était sous mon nez depuis des années mais je ne la voyais pas, mais quand je la verrais, elle me paraîtra tellement visible. C'était sur ces pensées que je sombrai dans un profond sommeil.

***

Le lendemain, ce fût le bruit de la porte et des lourds pas de Paul qui me réveillèrent. Ma petite sortie nocturne avait dû me fatiguer car, je ne dormais quasiment jamais jusqu'à cette heure là. Habituellement je me levais minimum une heure à l'avance, par peur de me faire sanctionner, ce qui s'était déjà produit à mon arrivée. Je me réveillai vite ; Mon surveillant me mena jusqu'à la cuisine et comme absolument tous les matins, je répétai les mêmes gestes pour préparer inlassablement le même petit-déjeuner aux mêmes personnes. Tout en reproduisant ces gestes habituels, je songeais à la jeune femme de la bibliothèque. Son visage me hantait depuis que je l'avais quittée. Même dans la nuit j'avais pu l'apercevoir, tout en elle exprimait une histoire horrible. Ses yeux et ses traits reflétaient sa vie qui avait sûrement été plus cruelle que celle de n'importe qui. Mais ce n'était pas la seule chose que l'on pouvait voir, si on la regardait un peu plus longtemps, on y constatait également une grande sagesse. Malgré son jeune âge, cette femme devait avoir traversé tellement plus de chose que la plus part des personnes âgé. Le seul problème était peut-être le fait qu'elle ne voulait pas parler. Je me demandais si je devais y retourner le soir, peut-être que je pourrais essayer de la faire parler et que l'on pourrait trouver une issue à deux. Mais d'un autre côté, j'avais peur de me faire prendre. La veille j'avais déjà eu beaucoup de chance de ne pas m'être fait remarquer par les voix de la cuisine. Sortir une deuxième fois ne ferait qu'augmenter mes chances de me faire attraper. Je ne savais vraiment pas quoi faire.

Camille CoobsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant