Partie 5

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Voyant que Nina hésitait à l'ouvrir, je le fis à sa place. Par chance le verrou n'était pas fermé. La chambre était plongée dans le noir, c'est donc à l'aveugle que je rentrai à l'intérieur. Au milieu de la pièce, se trouvait un berceau. Je m'en approchais et regardai à l'intérieur, je pus distinguer une petite silhouette, Ayanna. Nina ne s'était pas trompée, sa fille se trouvait effectivement dans cette pièce, qui était apparemment vide quelque temps auparavant. La fillette était calme et semblait dormir. Avec toute la délicatesse du monde, je la pris dans mes bras. C'était la première fois que je portais un nourrisson. Nina dut le sentir puisqu'elle se décida à rentrer dans la pièce et reprendre sa fille. Même dans la pénombre, je réussis à distinguer son immense sourire ainsi que quelques larmes qui coulaient le long de ses joues. Cette scène m'émut, le bonheur de Nina était visible et sa fille qui s'était réveillée semblait tout aussi heureuse. La mère et la fille étaient enfin réunies après une douloureuse séparation. En les observants, je me sentais de trop. Tel une étrangère qui venait les déranger. Pour dissiper mon mal-être, je fis remarquer à Nina qu'il était grand temps de partir. Elle acquiesça puis nous repartîmes en direction du rez-de-chaussée avec Ayanna. Comme pour monter, je fis extrêmement attention dans l'escalier pour ne pas le faire grincer. La première phase était un succès. Bien sûr, je ne me reposais pas sur mes acquis. Je savais que tout pouvait encore basculer à tous moment. Tout ne tenait qu'à un fil. Il suffisait qu'un habitant de la maison n'effectue pas la même routine que tous les autres jours pour que nous nous fissions repérer.

Lorsque nous arrivâmes en bas, Nina passa devant pour me montrer le chemin jusqu'à la sortie. La veille, elle m'avait raconté qu'elle avait trouvé une sortie, mais qu'elle n'avait pas pu s'enfuir, car elle était déjà enceinte et que c'était trop risqué, elle avait donc voulu attendre d'accoucher et que son enfant soit assez grand. Mais malheureusement, ils lui avaient enlevé Ayanna avant qu'elle ne puisse tenter sa chance et elle refusait de partir sans elle. Mais ce jour-là, nous allions enfin nous enfuir.

Nina courrait à travers les couloirs, Ayanna dans ces bras, elle finit par s'arrêter. Je reconnus la réserve de produits. Je fus très surprise, tous les jours, je venais dans cette pièce et je n'avais jamais rien vu ! Exactement comme je l'avais pensée après avoir trouvé la poignée de la bibliothèque. Il existait une sortie et elle était sous mon nez depuis cinq ans ! Nous rentrâmes à l'intérieur.

- Déplace cette étagère s'il te plaît, m'indiqua Nina qui ne pouvait pas le faire, car elle tenait sa fille.

Je hochai la tête et poussai le meuble qui à ma grande surprise était léger comme une plume. Une fois fait, je pus constater qu'une porte se dressait là. Sans perdre une minute de plus, j'actionnai la poignée qui cette fois-ci serait réellement mon pass pour la liberté.

Lorsque j'appuyai sur la poigne, une alarme se déclencha et à partir de cet instant tout se passa très vite. Ayanna qui n'avait pas dit un mot depuis le début se mit à pleurer. Nina me criait d'ouvrir la porte et moi, j'étais tétanisée à l'idée de me faire attraper.

- Camille ouvre cette fichue porte ! Me hurla Nina

Je sortis de ma transe et obéie à l'ordre de Nina. La fraîcheur de la nuit me transperça, mais je n'y fis pas attention et me mis à courir en vérifiant que Nina me suivait toujours, ce qui était bien le cas. Nous rentrâmes dans les bois tandis que la sirène hurlait se stoppa brutalement. Un calme morbide s'installa sur la forêt, seulement dérangé par le bruit de nos pas rapide sur les feuilles mortes et de nos souffles saccadés témoin des battements frénétiques de nos cœurs.

Nous courûmes quelques minutes, j'étais en tête et vérifiai systématiquement si Nina parvenait à me suivre. Je m'arrêtai en m'apercevant que Nina n'arrivait plus à tenir mon rythme. Je m'approchai d'elle.

-Aller Nina, ne te décourage pas, on y est presque, murmurai-je de peur de me faire entendre.

- Je n'en peux plus, je suis fatiguée, prend Ayanna avec toi et cours, dit-elle le souffle court en mettant sa progéniture dans mes bras.

Des coups de feu retentir, je commençai à paniquer:

- Nina! Ils arrivent, je t'en pris, viens avec moi! Ils vont nous tuer, je suis prête à parier qu'ils sont plus qu'énervé!

- Camille, part et prend soin d'Ayanna comme de ta propre fille s'il te plaît, dit-elle d'une voix calme en me faisant son sourire maternel.

- Non Nina je ne pars pas sans toi! Dépêche-toi, les coups de feu se rapprochent!

Au moment où Nina refusa de nouveau, elle se prit une balle dans le dos. Je criai et accouru vers elle.

- Pars Camille, et prends soin de ma fille, mon heure est venue, soupira-t-elle avant de s'éteindre.

Je n'eus pas le temps de réagir que je vis un homme, sans plus réfléchir, avant qu'il ne me voie, je me mis à courir. Ce fut sûrement grâce à l'adrénaline qui coulait dans mes veines que je pus partir sans même me retourner. Je serrai Ayanna dans mes bras. Les branches me fouettaient les mollets et les bras, l'air froid me brûlait la gorge et la peur me tiraillait le ventre, mais je continuais d'avancer. Pour Ayanna. Pour Nina, pour qu'elle ne soit pas morte en vain. Je mettais toutes mes pensées de côté pour me concentrer sur mon avancée. Je tentai de concentrer mon esprit sur la phase trois plutôt que sur la deuxième qui s'était soldée par la mort de Nina.

Petit à petit, je sentais que mon corps commençait à faiblir, ma course se faisait plus lente et mon souffle plus rapide, l'impression d'étouffer me gagnait un peu plus à chaque foulée. Je savais que mon organisme ne tiendrait pas éternellement, mais je me croyais capable de plus. Je regardai derrière moi, me geôliers n'avaient pas l'air de m'avoir suivie. Je me mis donc à marcher rapidement pour reprendre des forces. Ils pensaient sûrement que Nina s'était enfuie seule, mais ils ne mettraient pas longtemps avant de s'apercevoir de ma fuite. La lune commençait déjà à faiblir, signe que la nuit était déjà bien avancée. Dans quelques heures, Paul descendra au sous-sol, dans l'idée de m'emmener travailler, mais il ne me trouvera pas. Il donnera alors l'alerte et ils repartiront à ma recherche.

***
Voilà la deuxième partie du chapitre 3

J'espère qu'elle vous a plut. Commenter pour me donner votre avis

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Mamie

Camille CoobsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant