Partie 11

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- Bien, maintenant, Marie va te conduire à l'hôpital, pour vérifier que tout va bien, m'expliqua le lieutenant Pocha.

Je hochais la tête et saluais les deux gendarmes, avant de sortir de la salle en compagnie de mon assistante sociale. Nous sortîmes du bâtiment et nous installâmes dans la petite voiture. Le début du trajet se passa en silence, jusqu'à ce que je demande :

- Que va-t-il se passer ? Je veux dire, où est-ce que je vais aller, après.

Il me sembla que Marie se mordit la lèvre avant de me répondre :

- Je ne sais pas, avoua-t-elle. Ça dépend, de beaucoup de choses, elle soupira, mais tu vas surement aller dans une famille d'accueil, ou dans un centre.

Je me contentai d'acquiescer une fois de plus. De nouveau, le calme revint dans l'auto. Je m'appliquai à ne pas penser à la vie qui m'attendait. Au fait que j'allais vivre de famille en famille, chez des inconnus. Je fermais les yeux en espérant trouver le sommeil. Ma dernière nuit remontait à bien trop longtemps à mon goût. L'image de Nina, allongée à terre, du sang tout au tour d'elle, s'imposa dans mon esprit. Paniqué, je rouvris rapidement les yeux. Je réessayai, en tentant de me concentrer sur l'idée des familles d'accueil, mais le même souvenir réapparut. Je finis donc par abandonner l'espoir de m'endormir et me contentai d'admirer Ayanna, qui paraissait subjuguer par le paysage qui défilait.

Après une vingtaine de minutes de route, nous arrivâmes devant l'hôpital de la grande ville la plus proche dans les alentours. Tout comme au poste de police, Marie passa devant, telle une habituée. Elle se dirigea vers le comptoir et s'adressa à la femme de l'accueil, d'un ton poli et joyeux, comme à son habitude :

- Bonjour, je suis Marie Fasha, j'ai rendez-vous avec le docteur Rabot, s'il vous plaît.

La secrétaire se contenta de pianoter sur son ordinateur et de nous informer que le docteur nous attendait dans son bureau, au bout du couloir à gauche. Marie la remercia et nous partîmes à la recherche du bureau. En passant devant la salle d'attente, qui était pleine, j'eus presque des remords de passer devant toutes ces personnes qui patientaient, surement depuis longtemps. Puis, je me dis que cela ne devait pas faire plus de cinq qu'ils n'étaient pas allé chez un médecin. Je suivis Marie jusqu'à une porte, sur laquelle, une petite plaque qui brillait indiquait, 'Docteur Rabot'. Mon assistante sociale, toqua et rentra directement. À l'intérieur, un homme petit et légèrement enveloppé, avec un début de calvitie, se leva et vint nous saluer.

- Bien, Camille, je vais te laisser avec le Docteur Rabot, moi, je vais aller avec Ayanna, en service de pédiatrie, m'annonça Marie.

Je voulus protester et garder ma fille avec moi, mais, je n'avais pas envie de faire une scène devant le docteur. Je lui confiais donc ma fille et m'assis sur une chaise en face du médecin. Il commença par me demander de lui raconter les conditions dans lesquelles je vivais. Encore une fois, je racontais mon histoire, j'avais l'impression de ne faire que ça, ce jour-là. Il m'écoutait attentivement, chaque détail, tout en notant des informations sur une feuille, de temps en temps. Lorsqu'il eut fini, il m'emmena dans la salle à côté et m'examina.

Il me fit toute une batterie de tests, me mesura, me pesa, il me fit même une prise de sang.

- Bon, c'est fini, tu peux remettre tes chaussures.

Je m'exécutai, contente que se soit enfin terminé et retournais m'asseoir sur la chaise.

- Alors, commença le docteur en tapant sur son ordinateur, je vais te prescrire des somnifères, tu en prends uniquement si besoin. Il faudrait aussi que tu aille voir un spécialiste pour ton épaule. Et pour les vitamines, je te tiendrais au courant, suivant les résultats de ta prise de sang.

- D'accord, merci, répondis-je en prenant l'ordonnance qu'il me tendait.

- Ma secrétaire va venir te chercher pour te ramener en salle d'attente, où tu pourras attendre Marie.

Je hochai la tête et il téléphona à son assistante qui arriva juste après. C'était le réceptionniste de tout à l'heure. Je pris congé du docteur en lui serrant la main et en le remerciant et suivit la femme jusqu'à la salle d'attente devant laquelle j'étais passée tout à l'heure. Certaines personnes levèrent la tête, sans doute dans l'espoir que ce soit à leur tour, tandis que les autres, lisaient des magasines ou étaient simplement dans la lune.

- Tu peux aller t'asseoir là-bas, la secrétaire me désigna une place.7

J'obéis et elle retourna derrière son bureau. La seule place de libre, se situait entre une plante verte et une grand-mère. J'y allai et je n'eus pas le temps de finir de m'installer que la veille dame me parla.

- Et bien mon petit, que viens-tu faire ici ? Tu m'as pourtant l'air en pleine forme !

- Juste un contrôle de routine, affirmais-je, ne voulant pas en m'étaler plus sur le sujet.

La mamie, semblait assez sympathique, n'ayant rien d'autre à faire, je décidai d'engager la conversation.

- Et vous, que faites vous ici ? Si, ce n'est pas trop indiscret.

- Ah, tu sais à mon âge... Débuta-t-elle heureuse que je lui parle. Avec les températures qui ne veulent pas monter, mes vieux os coincent et me font souffrir ! C'est des douleurs de grand-mère. Enfin, bref ! Parle-on plutôt de toi, c'est surement plus intéressant. Tu me fais tellement penser à ma fille !

- Oh, c'est vrai ? Quel âge a-t-elle ?

- Elle avait quinze ans, aujourd'hui, elle devrait en avoir quarante. Accident de la route.

- Je suis désolé, déclarais-je navrer.

- C'est pas grave, tu sais, j'ai fait mon deuil, tu sais, c'était, il a plus de vingt-cinq ans. Je ne dis pas que je ne suis pas triste, mais avec le temps, la douleur s'estompe peu à peu. Il m'arrive parfois de penser à ce qu'aurait put ressembler sa vie. Et, elle est toujours splendide ! Tu sais, si un jour, tu sens que tu vas abandonner pense à cette citation qui dit : « Ne baisse pas les bras, tu risques de t'arrêter juste avant d'y arriver. » .

- Pas forcément, peut-être qu'on est loin d'y arriver. Votre citation est pas forcément juste, dis-je en la regardant dans les yeux.

- Tu te trompes, mon petit, répondit-elle, tu te trompes. Bon, c'est à mon tour, je dois filer. Ah ! Tiens, j'allais oublier prends ça. J'y tiens !

Elle fouilla dans sa poche et me mit quelque chose dans la main. Je vis que c'était une gourmette, avec écrit ' Lila' dans une jolie écriture.

- Attendez ! Je ne peux pas accepter ! M'exclamais-je,mais il était trop tard, la veille dame avait disparue.

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Voici le début du chapitre 5

Merci pour toutes ces vues! C'est énorme pour moi! Un grand merci!

Pensez a donner votre avis ;)

-Mamie




Camille CoobsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant