Partie 10

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Je repris Ayanna dans mes bras et une fois de plus, je suivais mon assistante sociale dans les petits couloirs. Nous nous arrêtâmes devant une porte et Marie me demanda de patienter quelques instants. Au bout de cinq minutes, elle revient.

- Je les ai convaincu de te laisser ta fille, declara-t-elle.

Je la remerciais sincèrement et rentrais dans la salle après avoir pris une grande bouffée d'air. Dès que j'eus franchi le seuil de la pièce, j'aperçus l'intérieur. Exactement comme je l'imaginais, une table au centre de la salle avec deux chaises, une de chaque côté. L'unique source de lumière, venait d'un néon au plafond. Une femme, qui devait avoir environ trente ans, habillée en civil s'approcha de moi, d'un pas énergique.

- Bonjour, je suis le lieutenant Pocha, c'est moi qui vais m'occuper de ton dossier. Et voici mon collègue, François, il ne fera qu'assister, elle me montra son collège dans le coin de la pièce. Viens donc par là ! Elle me désigna une chaise.

Je m'assis et mis Ayanna sur mes genoux.

- Je vais enregistrer tout ce que l'on dit, grâce à un magnétophone, d'accord ?

Je me contentais de hocher la tête. Elle alluma l'appareil pour nous enregistrer.

- Alors, pour commencer, raconte-moi, ce qu'il s'est passé, le jour de ta disparition.

Je soufflais avant de répondre :

- Je sortais de l'école, je devais me rendre au dentiste, mais je n'avais pas beaucoup de temps, alors, je suis passée par une petite rue, dans cette ruelle, il y avait des hommes, j'ai voulu m'enfuir, mais l'un d'eux m'a attrapé.

Je racontais tout d'un ton absent sans mettre aucune once de sentiments, comme un robot. Je parlais sans vraiment m'en rendre compte, sans vraiment le vouloir et sans vraiment vouloir l'empêcher. Peut-être allais-je retrouver le même sentiment de légèreté que lorsque je l'avais raconter à Nina.

- D'accord, fit la policière en hochant la tête, et que c'est-il passé ensuite ? Tu sais où est-ce qu'il t'on emmener ?

- C'est vague... Je me rappelle, seulement m'être réveillé dans une cave, seule. J'étais effrayée.

En me remémorant ces souvenirs, j'eus la chair de poule, la terreur que j'avais éprouvée à cet instant.

- Et qu'as-tu fais ? Tu es restée longtemps là-bas ?

- Je suis remontée, jusqu'à la porte, cette porte, soupirais-je. J'ai crié, pour que quelqu'un m'entende. Pendant des heures, sans m'arrêter. Ma voix ne devenait plus qu'un murmure, ma gorge me brûlait et mes yeux me piquaient à cause de la fatigue et surtout de mes pleurs. Je me suis endormie là, en haut de ces escaliers. Le lendemain, un homme est venu. Il a ouvert la porte brusquement, je n'ai pas eu le temps d'immerger de mon sommeil que je me retrouvais en bas des marches. Je les avais toutes descendues sur le dos.

Je fis une pause dans mon discourt pour reprendre mon souffle.

- Alors que je pensais, que cet homme, que je trouvais horrible et sans cœur, allait partir, il me prit par les cheveux et me força à me lever.

Je m'arrêtais là, ne pouvant plus continuer à cause de la boule qui se formait dans ma gorge.

- Que t'a-t-il fait ensuite ?

Le ton de l'enquêtrice avait changé, il était plus doux. Je sentais qu'elle voulait m'aider.

- Ensuite, repris-je lentement, il m'a emmené à l'étage, il m'a dit de nettoyer la cuisine . Je ne comprenais pas, pourquoi devais-je faire ça ? Je ne connaissais même pas ce type ! Lorsqu'il s'est aperçu que je ne travaillais pas, il m'a crié dessus, je sentais tout de même que ca lui faisait plaisir. Il m'a amené avec lui, et il m'a puni.

- Comment t'a-t-il puni ? Me questionna le lieutenant Pocha.

Je savais qu'elle se forçait à me poser cette question, je discernais facilement que mon histoire la rendait triste.

- Ne te sens pas obliger de répondre, me chuchota Marie en me posant une main rassurante sur l'épaule.

- Je vais y arriver, rassurais- je , mon assistante sociale en lui posant , à mon tour une main sur la sienne. Il m'a frappée, il m'a planté un couteau dans la main, pas trop fort pour que je puisse encore m'en servir, mais assez pour que je souffre suffisamment, et il m'a brûlée avec sa cigarette.

Je levais les yeux, et rencontrai le regard brun, assez peu joyeux du gendarme en face de moi.

- Et après ? Que c'est-il passé ensuite ?

- Ensuite, il m'a transporté jusqu'à la cave et a fermer la porte à clef. Une routine à commencé à s'installer les jours suivants, un homme, pas le même, un autre, il s'appelait Paul, venait me chercher et je faisais le petit-déjeuner pour huit personnes et après, diverses tâches ménagères que je trouvais sur le frigo. Si, je ne travaillais pas comme il fallait, j'étais puni. Après midi, je descendais à la cave et j'attendais que l'on vienne me donner à manger. Je mangeais une seule fois par jour.

- As-tu essayé de t'enfuir ?

- Bien sûr ! Quatre fois, ca a totalement échoué, puis une cinquième fois

- Qu'est-ce qui a été différent la cinquième fois ?

C'était une bonne question, qu'Est-ce qui avait été différent ? Tout, voilà ce que j'aurais aimé répondre. Tout, avait été différent, mais surtout le fait que Nina ai été là. Sans elle, je n'aurais pas eu le courage de tenter de sortir une nouvelle fois. Même si, c'est moi qui l'ai forcée et qui l'ai encourager, c'est parce qu'elle était là que je ne perdais pas espoir.

- Ayanna, mentis-je à moitié, c'est grâce à Ayanna que ca a été différent.

- Etais-tu seule dans cette maison ?

Ca question me fit l'effet d'un électrochoc, j'avais totalement oublié cette pauvre enfant, que l'on pensait, avec Nina, enfermé dans cette maison.

- Oui ! Criais-je presque, je pense qu'une autre fille est prisonnière de cette maison.

Le lieutenant Pocha hocha la tête, et avant même qu'elle n'eut pu avoir le temps de me poser une autre question, je parlai:

- Vous allez la retrouver n'est-ce pas ?

Le gendarme me confirma que oui et le reste de l'interrogatoire fut pour localiser la maison et reconnaitre mes agresseurs.

***

Voilà une nouvelle partie ^^

Mettez un commentaire, ça me fais vraiment toujours plaisir

Merci pour toutes ces vues *_*

-Mamie


Camille CoobsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant