Partie 4

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Je songeais au fait que je préparai le petit-déjeuner pour la dernière fois. La veille, Nina et moi avions parler pendant des heures afin d'élaborer un plan. Nous avions décidé de le mettre en marche dès le soir même. Je faisais donc mes tâches avec un état d'esprit inhabituel. Je n'irais pas jusqu'à dire que j'étais joyeuse, car je ne savais pas comment, concrètement, allait se dérouler la nuit. J'étais plus anxieuse, j'appréhendais beaucoup, je savais que si quelque chose n'allait pas, tout tomberait à l'eau et nous nous ferions découvrir, ce qui entraînerait une fois de plus des sanctions. Je finis de mettre la table et regarda ma liste. Pour une fois, je souriais, je devais aller laver les fenêtres.

Je commençais par celles de l'arrière de la maison. Là où se trouvait la forêt. Tout en nettoyant les vitres, je m'imaginais, le soir même, courir dans ces bois pour m'échapper. Courir à toute allure et mettre le plus de distance possible entre moi et cette maison. Sentir l'air frais sur ma peau et mes cheveux volant derrière moi

. A chaque fenêtre, je laissai mon esprit divaguer en s'inventant de beau scénario pour oublier le fait que je n'aurais pas de secondes chances en cas d'échec.

Après avoir fini celles de l'arrière, je passais à celles de l'avant. Cette fois, le paysage était plus sobre, des champs de terre, à perte de vue. Ce paysage ne me permettant pas de m'évader mentalement, j'en profitais pour réfléchir à l'histoire de Nina. La veille, dans le feu de l'action, je n'avais pas vraiment eu le temps d'y penser. Cette femme avait vraiment vécu des choses atroces. Quasiment inimaginable. Et maintenant qu'elle ne leur servait plus à rien, ils voulaient s'en débarrasser. Ils se débrouillaient sans elle. En pensant à cela, une question me vint à l'esprit. Si ni Nina ni moi ne s'occupait du ménage de l'étage, qui s'en chargeait ? Avaient-ils enlevé une autre fillette ? Je commençais à me poser des milliers de questions. S'il était vrai qu'une autre personne était prisonnière, nous ne pouvions pas partir en la laissant dans cet endroit abominable. D'un autre côté, tout notre plan risquait d'être compromis! Encore une fois, je me retrouvais face à un dilemme. Je passai donc une fois de plus ma matinée à réfléchir. Tout en cogitant, je regardais chaque recoin de la maison, dans l'espoir de trouver une autre poignée qui pourrait cacher une pièce comme celle de la bibliothèque.

Malheureusement, ma dernière matinée passa une nouvelle fois trop vite à mon goût et je n'avais pu trouver aucune réponse à mes questions et encore moins une piste sur une poignée cachée. Je retournais donc au sous-sol l'esprit troublé. Il me restait un peu plus de huit heures, avant d'enfin pouvoir m'échapper de cet enfer que je vivais depuis cinq ans, mais cette histoire me tourmentait. J'étais vraiment inquiète. Si nous ne partions pas, Nina allait mourir. Si nous partions, nous n'aurons pas le temps de chercher cette fillette qui s'était surement fait enlever. Je décidais d'essayer de dormir pour me reposer car la nuit risquait d'être longue et que je ne trouverais pas de solution à ce problème, toute seule.

***

Le grincement de la porte me réveillai une fois de plus. Paul apparut quelques instants plus tard, avec mon repas, une sorte de bouillie marron. Je pris l'assiette et il repartit. Même si l'aspect et l'odeur ne donnaient pas envie, je me forçai à avaler la totalité de l'assiette pour prendre des forces. Quand ce fut fait, j'attendis encore un peu pour être sure que tous les habitants de la maison soient partis. Mon cœur battait si fort que j'eus l'impression qu'il allait s'arrêter. J'essayai de respirer calmement pour qu'il reprenne un rythme normal mais ça ne marchais pas. Ne tenant plus, je crochetai la porte et sortis du sous-sol que je ne reverrais normalement plus. Je traversai les couloirs en courant et sans encombres, j'atteignis la bibliothèque. J'ouvris le mur et me faufilai jusque dans la pièce de Nina. Je trouvai cette dernière en train sur son rocking-chair, mais contrairement à d'habitude, elle ne chantonnait pas. Elle se contentait de regarder dans le vide. Elle ne sembla pas remarquer ma présence, alors je décidai de briser le silence:

- Je suis là, déclarais-je

Elle se leva, pour la première fois que je la connaissais, je la vis debout. Elle était de taille moyenne, environ un mètre soixante-cinq.

- Ne perdons pas de temps, allons-y, dit-elle en commençant à partir.

-Non, attends! Criais-je en lui attrapant le bras pour la retenir. On a un problème. Je réfléchissais ce matin en faisant mes tâches et je me suis aperçu que ni toi ni moi ne fessons le ménage de l'étage, ce qui signifie que quelqu'un le fait et je suis prête à parier qu'ils ont enlevé une autre fillette.

Nina me regarda longuement avant de soupirer.

- J'y ai pensé aussi. Mais nous ne pouvons rien faire. Je suis désolé, Camille, nous ne pouvons pas la sauver tout de suite, mais dès que nous aurons trouvé une ville et que nous seront à l'abri, nous irons à la police et ils aideront cette pauvre petite fille. Maintenant nous devons partir.

J'acquiesçai et nous sortîmes de la bibliothèque en prenant soin de refermer le mur derrière nous. Nina passa devant moi et me guida à travers les couloirs. J'étais heureuse, bientôt je serais libre, toutes ces années ne seront que du passé, un mauvais souvenir dans un coin de mon esprit. Je voulais tout oublier, reconstruire ma vie. D'un autre côté, je n'oubliai pas le danger, le fait que nous n'étions pas encore sortis et que tout pouvait déraper d'un moment à l'autre.

La jeune femme devant moi se stoppa devant l'escalier menant à l'étage, en me rappelant que je devais faire très attention, car le bois grinçaient atrocement à certains endroits. C'est donc en faisant très attention que je gravis une à une les marches. Dans un même temps je me répétais le plan en boucle pour me concentrer sur autre chose que le battement affolant de mon cœur. Il se déroulait en trois phases. Première phase, récupérer Ayanna. Deuxième phase, sortir de la maison. Et pour finir la troisième phase, s'enfuir le plus loin possible à travers la forêt. Ça paraissait si simple en théorie, mais je savais que ça ne le serait pas.

Nous réussîmes, sûrement grâce à un miracle, à atteindre le haut sans encombres. Je soufflai de soulagement, mais revenais vite à la réalité en me souvenant que ce n'était que le début de la nuit et qu'il nous restait encore beaucoup à accomplir.

***
Voilà la première partie du chapitre trois

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Mamie

Camille CoobsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant