Partie 14

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Le trajet fut plutôt rapide, j'écoutais de la musique, qui m'était totalement inconnue. Ça m'occupait et me détendait. Quand nous arrivâmes dans ma rue, devant ma maison, je m'attendais presque à voir mes parents ouvrir la porte et venir me serrer dans leurs bras. Comme à l'époque où je partais quelques jours chez une amie. J'avais toujours été très proche de mes parents, étant fille unique, ils me consacraient tout leur temps libre.

Je sortis malheureusement de mon imagination en voyant la porte s'ouvrir sur Jérémy et sa femme, sûrement alerté par le bruit de la voiture. Nous allâmes les rejoindre et nous rentrâmes tous à l'intérieur, dans le salon.

- Tout est là, annonça Alice en désignant les quelques cartons présents.

- Nous avons dû jeter beaucoup de choses, nous ne pouvions pas tout garder, continua son mari. Si on avait su...

- C'est pas grave, l'interrompis-je, c'est déjà très gentil d'avoir gardé tout ça.

Après avoir donné Ayanna à Marie, je m'assis à terre, et commençai à déballer les affaires unes à une. Je ne pus empêcher mes larmes de couler. Ils avaient conservé juste ce qu'il fallait. Dans un des cartons, il n'y avait que des albums photos. Je les feuilletais, un à un. À certains moments, je fus obligé de m'arrêter, mes pleurs entravant ma vue. Toute ma vie était décrite dans ces livres, ils racontaient mon histoire, ainsi que celle de mes parents. Une photographie me toucha plus que les autres, elle était simple, mais pourtant, elle me fit quelque chose. Sur le cliché, on pouvait me voir, au milieu de ma mère et de mon père. Ils me faisaient chacun un bisou sur la joue. Nous souriions tous. Je me rappelais de cette photo, elle avait été prise seulement quelques mois avant mon enlèvement. C'était l'une des dernières que nous avions pris tous les trois. Je la pliai et la mis dans la poche de mon pantalon.

Je passai aux cartons suivants, ils contenaient surtout beaucoup de babioles sans importance aux yeux de quiconque, mais qui, à mes yeux valaient énormément. Je retrouvai quelques-unes de mes affaires, me faisant sourire à travers mes sanglots. Je triai, au final, je récupérai presque tout à l'exception de choses au quelles je me fichai. Je restai encore pendant plusieurs minutes, assise au centre des boites. Bizarrement, je me sentais beaucoup mieux qu'en entrant dans cet endroit.

Quand je me sentis de nouveau prête, je me relevai et à ce moment seulement, je m'aperçus que les autres étaient partis. Je les retrouvais dans la cuisine.

- Comment sont-ils morts ? Demandais-je en entrant dans la pièce ;

Les deux femmes sursautèrent tandis que Jérémy se contentait de me regarder. Cette question me trottait dans la tête depuis un petit moment. Je ressentais le besoin de savoir. Je ne pouvais pas partir sans connaitre l'histoire. Leur histoire. Je perçus que Marie allait parler, sûrement dans l'optique de me faire changer d'avis, mais Jérémy fut plus rapide qu'elle et commença à me conter l'histoire, fixant un point dans le vide et parlant d'une voix sans émotion :

- Quand tu as disparu, tes parents étaient anéantis. Les premiers temps, ils étaient confiants, ils étaient persuadés qu'ils allaient te retrouver. En plus de la police, ils sont allé voir plusieurs détectives de renom. Ils voulaient y croire, ils se disaient que tant qu'ils ne baissaient pas les bras, il y aurait une chance de te retrouver. Malheureusement, les semaines ont passé, les mois aussi... La police à fermé, l'enquête faute de preuves, les détectives coûtaient trop cher et tes parents ne travaillaient plus. Ils n'avaient plus la tête à ça.

Il marqua une pause, souffla comme pour éviter de perdre pied et de montrer ses sentiments, et reprit :

- Ils furent obligés de mener leur enquête eux-mêmes. Ils en devenaient littéralement fous, affirma-t-il avec un petit rire nerveux. Ils suivaient des pistes pendant des mois, et quand ils pensaient avoir trouvé, il y avait toujours quelque chose qui clochait. Ainsi, ils ont remonter des tas de pistes, élaborer des tonnes de scénario. Un jour, ils étaient vraiment persuadés d'avoir trouvé la solution, de t'avoir retrouvé. Cela faisait cinq mois qu'ils travaillaient jours et nuits sur une trace qui semblait prometteuse. Ils étaient si sûrs de réussir... Quand ils se sont aperçus que tu ne te trouvais pas là où ils avaient espéré. Ils n'ont pas supporté ce nouvel échec. Ils se sont suicidés, une balle chacun, dans la tête.

Une larme coula sur sa joue, quant à moi, je mis plusieurs secondes à réagir. Quand mon cerveau eut fini d'assimiler toutes les paroles de Jérémy, je m'effondrai au sol en pleurant. Mes parents... J'avais été si égoïste en pensant que j'avais été la seule à souffrir. Ils étaient morts par ma faute, si je n'étais pas passée par cette ruelle, ils seraient encore là. Mes pleurs redoublèrent à cette pensée. Si seulement je pouvais remonter le temps pour changer le cours des choses, je le ferais? Je donnerais n'importe quoi pour ça. Marie vint s'agenouiller devant moi et me tendit ces bras. Je me jetai dedans, à cet instant, j'avais besoin de réconfort et de me sentir en sécurité.

- Je veux aller les voir, réussis-je à dire entre deux sanglots.

À ce moment, je devais ressembler à une enfant qui avait peur des orages, apeurée et cherchant de l'aide auprès d'un adulte, le suppliant de l'aider.

- Je vais t'amener, proposa Judith.

Je la remerciais du regard et me relevais avec l'aide de Marie.

- Occupe-toi bien de ma fille, ordonnais-je à mon assistante sociale avec un sourire. J'en ai pas pour longtemps.

Marie me sourit et je me surpris à lui embrasser la joue.

Une fois installée dans la voiture, je sentis que la femme à mes côtés voulait me parler, mais qu'elle n'osait pas. Ou peut-être qu'elle ne savait pas quoi dire, comment le dire. Je m'appliquais donc à regarder par la fenêtre, les nuages qui semblaient nous suivre et les environs que je reconnaissais malgré les quelques changements qui avaient eus lieu.

- Je voulais m'excuser, d'avoir été si peu compréhensive, tout à l'heure, quand tu à débarquer, finit-elle par lâcher.

- C'est normal, je suis arrivée chez toi, sans prévenir et je suis rentré de force, tu as été très compréhensive.

Notre conversation s'arrêta là. Je me remis à observer le village, quand nous fûmes arrivées à la fin du village, Judith tourna à droite, s'engagea sur un petit chemin gravillonné et se gara en face de la grande porte du cimetière. Une grande grille d'au moins trois mètres de haut, entouré de deux poteau surmontés de statues qui donnaient la chair de poule à n'importe qui.

Je sortis de l'auto et me dirigeai vers l'entrée, accompagnée de la femme de Jérémy. Nous étions seules devant les dizaines de rangées de tombes que comprenait l'endroit. Les personnes enterrées ici étaient toutes du village, ce qui expliquait le peu de morts reposants là. Je suivis Judith jusqu'à la dernière rangée de pierres tombales. Je trouvai celle de mes parents. La femme qui m'accompagnait me laissa seule au moment où, je tombais à genoux sur le marbre. Je fus heureuse de constater qu'ils étaient enterré ensemble. J'effleurai la gravure des doigts, « Francis et Monica Coobs, morts le 15/11/14, parents aimant ». Ça faisait à peine quatre mois, si seulement j'étais sortie plus tôt de cet endroit... Ils seraient peut-être encore là.

***

Voilà !

Je n'ai pas grand chose à dire, à part merci encore une fois, pour toutes ces vues et ces commentaires. Continuez comme ça, c'est fantastique !

Ah! Et je voulais changer le titre de cette histoire, j'avais trouvée un super nom , mais j'ai oubliée :/ Si vous avez des idées vous pouvez me les faire parvenir.

La suite la semaine prochaine

_Mamie

Camille CoobsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant