Partie 23

255 25 9
                                    

Je rejoignis Frédéric dans la voiture. Il était midi. Durant le trajet, Frédéric me parlait, je n'écoutais pas. Il finit par s'en rendre compte, et je prétextai un mal de tête. Il acquiesça, convaincu de mon excuse. Nous rentrâmes dans un silence de mort jusqu'à l'appartement. Je m'en fichais un peu, je n'avais pas le moral pour parler. À peine la porte franchis, je me dirigeai vers ma chambre, je ne voulais pas manger. Je n'avais pas la force ni l'envie. Quand j'arrivais au milieu de la pièce, je m'assis au sol. Je réfléchissais, à tout ce qui s'était passé dans ma vie, tout ce qui m'avait conduit jusque ici. Le point de départ de tous mes problèmes commençait dans cette foutue ruelle. Si seulement je n'avais pas trainée, si seulement je n'étais pas passée dans cette rue sombre et si seulement ces hommes n'avaient pas été là... Tout aurait été différent. Mais quand la vie s'acharne sur vous, elle ne vous lâche plus. Je n'ai pas eu un seul moment de répits depuis cinq ans. Il y avait eu Nina, puis mes parents, et maintenant Julien. Pourquoi tous ceux que j'aimais souffraient.

Je devais réagir, Julien allait peut-être bien après tout, je me levais déterminée. Je pris mon téléphone qui était soigneusement posé sur mon bureau. Je cherchai pendant quelques minutes le bouton pour l'allumer, puis le déverrouillais. Je me mis ensuite en quête de la touche pour appeler, je la trouvais et appuyais dessus, je réussis à composer le numéro de Julien qu'il avait lui-même entré dans mes contacts. L'attente était longue, après plusieurs secondes qui me parurent durer des heures, je tombais sur sa messagerie, mon cœur se serra à l'entente de sa voix pré-enregistrée.

- Tu te sens mieux ou tu veux rester ici cet après-midi ?

Je sursautai, je n'avais pas entendu Frédéric entrer dans ma chambre. Je mis quelques instants à comprendre que ça question portait sur ma soi-disant migraine.

- Oh ! J'ai encore mal, c'est affreux, je suis désolée, mentis-je.

Je ne voulais pas retourner au lycée, tout le monde me dévisageaient, je ne comprenais rien et je faisais que penser à Julien.

- Ce n'est pas grave, m'assura-t-il, si tu as faim, il y a de quoi manger dans le frigo, sers-toi ! Je dois retourner au boulot.

Il m'embrassa le haut du crâne et reparti. J'entendis la porte claquer, puis plus rien, le silence total.

Je tentai encore d'appeler Julien, une fois, deux fois, une dizaine de fois. Je finissais toujours par tomber sur cette fichue voix enregistrée. Je n'en pouvais plus. J'imaginais des tonnes de scénarios tous plus catastrophiques les uns que les autres. J'étais persuadé que si je ne l'avais pas approchée, il serait encore là, en pleine santé, rayonnant et débordant de joie, un adolescent lambda avec ses problèmes, mais heureux. Mais j'étais si égoïste que j'avais voulu me faire des amis, alors que je savais très bien que j'étais un chat noir. La vie était si injuste et destructrice et elle m'avait choisie, pour se défouler. Certes personnes n'avais jamais vécu une vie sans embûche, sans peine et sans souffrance. Certes, tout le monde vivait des difficultés, mais personne n'était égale dans la dureté des épreuves à traversée.

***

La jeune fille ne voulait plus continuer. Elle se sentait coupable du malheur des autres, elle ne désirait qu'une seule et dernière chose, quitter ce monde, pour ne plus semer la mort autour d'elle, elle tenait à protéger le dernier être qui était cher à ses yeux, celle qu'elle cajolait comme sa fille. Comme les jours précédents, elle se dirigea vers la salle d'eau. Elle reprit cette lame, celle avec laquelle elle s'était déjà fait tant de mal. Avant de ne commettre cet acte qui lui ôterait la vie, elle envoya un dernier message, à son ami et aux gens qui l'avaient pris sous leur toit. Un simple « pardon » qui signifiait tant et si peu.

L'adolescente savait qu'elle devait se dépêcher, il ne lui restait pas assez de temps pour hésiter, avant qu'un de ses parents adoptifs ne commence à s'inquiéter de son message. Elle entreprit donc de lever son bras, et de planter la lame bien plus profond qu'auparavant dans ses anciennes marques. Le sang coula à un vitesse folle. Camille le regarda quitter son corps, passant par son poignet et le long de ses doigts. Elle vit la gourmette que lui avait offert la veille dame... Son histoire lui revint à l'esprit, c'était touchant, cette femme était si forte, si courageuse, elle s'était battue pour se reconstruire, ce qu'elle n'avait pas réussi. Un élan de rage envers elle-même l'envahit et elle refit d'autres ouvertures dans son avant-bras. Les images de sa fuite lui revinrent alors en tête, tandis que le débit du liquide rouge qui s'évadait de son bras augmentait. Elle se rappela malgré elle du bruit assourdissant de l'alarme qui résonnait dans leurs oreilles, puis de leur course effrénée, des coups de feu, la promesse qu'elle fit à Nina, la mort de cette dernière. Tout passait en accélérer dans son esprit. Elle ne supportait plus, elle fit donc un geste brusque, précipité et net, et coupa sa peau dans l'autre sens que ce qu'elle avait l'habitude de faire, entailla toute la longueur de sa veine.

Ce fut son dernier mouvement, le sang afflua en masse, la baignoire était maintenant couverte d'hémoglobine. Des images de ses parents déboulèrent dans sa tête, elle se vit petite, dans leurs bras, puis grandissant, puis finalement, leurs tombes blanches. Elle allait les rejoindre. La dernière chose qu'elle vit, fut Ayanna. Enfin, elle émit un dernier soupir, son cœur cessa progressivement de battre et son âme s'envola rejoindre celles qu'elle avait aimées. Ce fut la première fois depuis cinq ans qu'elle était enfin pleinement heureuse, libérée de toute sa peine, de toute sa culpabilité.

Camille Coobs, 2000 - 2015.

***

Oh mon dieu ! Je suis tellement émue de vous faire part de ce dernier chapitre, je ne sais pas quoi dire, c'est formidable !

C'est la fin de cette incroyable aventure qui aura durer 5 mois, c'est génial ! Vous êtes géniaux vous aussi, merci de m'avoir suivit tout au long de cette histoire, vous l'avez fais vivre, tout ça c'est grâce à vous merci !

Bon, je vais pas en rajouter parce que ça pourrait durer des pages entière, je ferais des remerciements à la fin dans une partie qui sera entièrement consacrée à ça.

Et dites vous que tout n'est pas finit, il reste l'épilogue !


Camille CoobsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant