Partie 21

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Le cours de la matinée furent longs, mais étrangement, ils ne me parurent pas pénibles. Je passais le temps en discutant avec Julien, plus je passais du temps en sa compagnie, plus je l'appréciais. Sans qu'il ne s'en aperçoive, en se livrant à moi, il me faisait réaliser que je n'étais pas la plus à plaindre, que d'autres personnes souffraient. Lui, réussissait à surmonter tous les obstacles de la vie, sans jamais perdre son sourire... Et son existence était déjà compliquée, il eut d'abord la mort de son père, alors qu'il était encore si jeune, l'accident de son frère ainé, qui s'est retrouvé paralysé, les crises de panique de son frère. Et lui, qui devait en quelque sorte endosser le rôle du responsable, face au dépassement de sa mère. Il paraissait pourtant si innocent, les apparences ne sont que des façades, inventées de toutes pièces et servant à tromper les autres.

Moi, de mon côté, je passais mon temps à mentir. Sur tout. Je n'aimais pas ce sentiment de culpabilité qui me rongeait. Julien me confiait sa vie, et moi, je ne trouvais rien d'autre à lui dire que des mensonges. Je m'en voulais , mais je ne me sentais pas prête à raconter mon histoire, une fois de plus, j'étais une lâche.

Je mis mes pensés un instant de côtés pour tenter de deviner d'où venait cette excitation si soudaine de la part de mes camarades, jusqu'à ce que je m'aperçoive que la prof' nous laissait sortir.

- Dépêches-toi ! Il nous reste deux minutes pour atteindre le self, avant que ça ne sonne, me cria Julien, enthousiasme.

Avant que je ne puisse répondre, il m'attrapa le poignet et me tira dans la foule d'élèves, je grimaçais, il serrait mon avant-bras et les cicatrises de la veille n'étaient pas encore totalement refermées. Nous courûmes jusqu'à l'opposer de la cour et rentrâmes dans l'immense restaurant scolaire, je suivais Julien et l'imitais, c'était une première pour moi. Une fois nos plateaux remplis, nous débouchâmes dans la première salle, c'était incroyablement grand, le bruit était omniprésent, de nouveau, je ressentis cette sensation d'étouffer, mon cœur s'emballait. Je ne me contrôlais plus, j'éprouvais juste le besoin de partir, mais mes jambes étaient comme paralysées. Mon plateau glissa de mes mains et rencontra le sol dans un grand fracas. Puis ce fut le trou noir.

***

Je me réveillais dans un lit inconnu, d'une petite pièce, j'eus soudain la peur de m'être faite de nouveau kidnappé, mais une femme vint ouvrir la porte, elle portait une blouse blanche. L'évènement de la cantine me revint alors à l'esprit.

- Oh ! Tu es réveillée ! Comment te sens tu ? Me questionna gentiment infirmière.

- Ça va.

- Tu as fais une crise d'angoisse, c'est un jeune homme qui t'a amené ici, ça t'était déjà arrivé ?

Je ne répondis pas, malgré son ton doux et son air angélique je ne voulais pas me confier.

- Tu sais si tu as des problèmes, l'assistante sociale peut t'aider, tu sais...

Elle fut coupée dans sa phrase par Sarah qui arriva en trombe dans la petite infirmerie.

- Mon Dieu ! Tu vas bien, j'ai eu si peur ! Ne me refait plus jamais ça.

La petite femme rondelette vint me serer dans ses bras. Après une longue étreinte, l'infermière nous informa que je n'étais pas apte à retourner en cours, nous nous dirigeâmes donc vers la voiture, durant le trajet, Sarah ne fit que de se confondre en excuses, je la rassurais du mieux que je pus.

- Pourrais-tu aller chercher Théyia chez sa nounou, je vais devoir rattraper une heure ce soir, me demanda Sarah en bas de l'immeuble.

- Euh... ouais bien sûr.

- Génial, l'adresse est sur le frigo, ça ira ?

J''ignorais si elle me posait cette question par rapport à Ayanna ou moi, mais dans les deux cas j'étais obligé de répondre positivement.

- Et, Lila, si y a un problème tu m'appelles, ordonna-t-elle avant que je ne sorte de l'auto.

J'acquiesçais une fois de plus et sortis pour de bon de la voiture. J'ouvris la porte grâce aux clefs que venait de me donner Sarah et montais jusqu'à l'appartement. Vide. Je commençais par chercher un itinéraire pour me rendre chez la baby-sitter d'Ayanna. Ensuite, je me retrouvais désœuvrée. Je m'assis au milieu de ma chambre, à même le sol. Je jetais un coup d'œil à ma pendule, 13h02, il me restait plus d'une heure avant de pouvoir aller chercher ma fille. Je restais là, les yeux dans le vide, laissant libre cours à mes pensés, mais très vite celles-ci devinrent noires, je pensais à la mascarade qu'était devenue ma vie, aux mensonges que je rependais autour de moi, à ma lâcheté, de mon incompétence scolaire, aux malheurs que j'avais causé ! Tout ça était trop ! Il fallait que ses souvenirs s'arrêtent. Je n'arrivais pas à les stopper, il fallait que j'agisse. Je ne voyais qu'une seule solution, j'allais à la salle de bain. Je retrouvais la lame qui m'avait servie la veille. Je la prenais de la main gauche, et tend le bras droit au dessus du bain. D'un geste plus tremblant mais tout aussi déterminé que la première fois, je cisaille mon avant-bras, le sang coule. Pas assez à mon goût. Je devais souffrir, comme je faisais du mal à mon entourage, tous les gens auxquels je tenais étaient morts et je continuais pourtant à aimer. D'un mouvement rageur, je traçais une deuxième ligne puis une troisième, jusqu'à en faire cinq. Je laissais le filet rouge couler, jusqu'à ce qu'il ne devienne plus que de simple goutes. Je fis alors un bandage et refis celui de l'autre bras, en veillant bien à ce que les bandes soit serrées, pour me rappeler de ne je devais avoir mal.

Je retournais dans ma chambre et découvris avec satisfaction que je pouvais partir.

. Je mis une veste et des chaussures, plaçais le plan dans ma poche et sortie en fermant la porte. En me retrouvant seule dans la rue, je ne me sentais pas en sécurité, je revoyais mon enlèvement. Tous les images en rapport avec ce soir là, me revenais en tête. Je commençais donc à accélérer le pas. La nounou était en réalité qu'à quelques rues de l'appartement, très vite, j'arrivais devant une petite maison. Calme, avec un petit jardin, fleuri malgré la saison froide. Je sonnais, une jeune fille vint m'ouvrir la porte.

- Bonjour, je viens chercher Théyia, s'il vous plaît, demandais-je poliment.

La fille acquiesça et revint quelques minutes plus tard avec ma fille dans ses bras, elle me la confia.

- Sa mère m'a prévenue que vous alliez passée, tout s'est bien passé, tenez, dit-elle en me tendant son sac.

J'eus l'envie de lui arracher les yeux lorsqu'elle affirma que Sarah était sa mère, elle ne l'était qu'aux yeux de l'état. Ayanna n'avait que deux mères, Nina et moi.

***

Me revoilà enfin! Je suis désolée de ne pas avoir pu poster la semaine dernière, je m'en excuse.

Un énorme merci, l'histoire va bientôt atteindre les 1.5 k vues, c'est super merci !

Dites moi si il y a des fautes, je teste un nouveau correcteur, mais je suis pas sûre qu'il soit fiable.

Ce chapitre est l'un des derniers ! Il n'en reste plus qu'un ou deux avant l'épilogue , alors, vous penchez plus pour une happy end ou une sad end ?

N'hésitez pas à voter et commenter, à la semaine prochaine les enfants !

_ Mamie



Camille CoobsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant