Partie 22

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Je fis abstraction et partie en saluant la nounou. En marchant, j'avais toujours cette sensation, ce pressentiment, comme si un danger planait encore au-dessus de ma tête. Je pressais le pas, regardant tous les gens autour de moi. Il y avait cet homme de l'autre côté du trottoir, il était si normal que ça ne l'était plus. J'accélérais encore, je courrais presque, mon cœur battait à une allure folle, j'avais si peur. Ils m'avaient peut-être retrouvé. Je me mis à courir. Vite. Je sprintais et rien d'autre n'importait. Je ne regardais plus l'homme, je n'inspectais plus les rues, je me ruais vers l'appartement, comme si ma vie ne dépendait. Je vis l'immeuble, je fis un dernier effort jusqu'à la porte et me précipitais pour monter dans l'ascenseur. Une fois dans la cabine, je soufflais. Ayanna ne bronchait pas, ce n'était pas la première fois pour elle. Elle était si calme, c'était déconcertant.

Je rentrais dans l'appart' qui était toujours aussi vide et jetais un coup d'œil à l'horloge de la cuisine, je n'avais pas trainée. Frédéric rentrait dans presque une heure, je décidais donc de m'occuper de ma fille. J'oubliais tous mes problèmes avec elle. Après lui avoir donné un bain, je jouais avec elle. Le temps passait vite. Lorsque Frédéric rentra, je fus surprise de constater l'heure.

Bien évidemment, Frédéric vint me voir immédiatement et me prendre dans ses bras, tout comme sa femme, il me demanda des dizaines de fois si j'allais bien, ce à quoi je répondis par l'affirmative. Il finit par me lâcher à contre cœur, puis il alla préparer le dîner.

***

La nuit était sans doute le moment que j'appréciais le moins au monde, ne pouvant pas dormir, je passais mon temps à attendre le jour. À ce moment, j'admirais la gourmette que m'avait offerte la veille dame quelques jours auparavant. Cette femme était si forte. Elle m'avait dit de toujours garder la tête haute, y croire ! Mais je ne pouvais pas, j'étais faible, lâche. Cette femme me prenait pour quelqu'un de bien, mais je ne l'étais pas. J'étais l'opposée, tout mon entourage finissait par souffrir.

Toujours le regard fixé sur le bracelet qui pendait sur mon maigre poignet, une larme roula sur ma joue, puis une autre, et encore une, puis je finis par m'écrouler. Toute ma vie était fichue, jamais je ne pourrais me reconstruire, repartir de zéro. L'éloignement, le déni, rien ne me feraient un jour oublier mon traumatisme, il était trop tard. Ces cinq ans m'avaient marqué plus que tout. Qu'allais-je devenir ? Je n'avais aucun avenir. Mais je restais, pour Ayanna, je l'avais promis à sa mère. Je ne voulais pas déshonorer cette promesse en étant égoïste.

Je me levais, allais jusqu'à la chambre de ma fille et l'observais, si calme et paisible. Je m'assis à proximité du landau et attendis. Je la voyais, se tourner, se retourner. Peu à peu, mes yeux se fermèrent et je plongeais dans un sommeil court et agité.

***

Je me réveillais en sursaut.

Le cœur battant et les images de mon horrible rêve encore encrés dans mon esprit. Je tentais de me clamer et jetais un œil à Ayanna, vérifiant qu'elle dormait toujours, ce qui était le cas. Je lui embrassais délicatement le front et partie dans ma chambre. Il me restait une demi-heure devant moi, avant que Sarah ne vienne me réveiller. Je décidais donc de prendre une douche. L'eau chaude me détendit et contribua à enlever les tensions présentes dans mes muscles. Je restais sous l'eau un long moment, oubliant tout. Je finis par sortir de l'eau à contre cœur et m'habillais.

En sortant de la salle d'eau, je tombais nez à nez avec Sarah, je la saluais et partis déjeuner avec Frédéric.

- Je me suis arrangé au boulot, je vais pouvoir venir te chercher ce midi, tu n'auras pas à aller au self, m'annonça-t-il.

- Merci, mais ce n'était pas la peine, ce qui s'est passé hier n'était qu'un accident, assurais-je.

Frédéric se contenta de me lancer un regard et de me répéter qu'il viendrait me pendre pour manger. Je ne le contredis plus et partie prendre mon sac dans ma chambre.

En arrivant au lycée, je pu directement constater que ma crise de la vielle n'était pas passée inaperçue. Tous les regards étaient braqués sur moi, certains chuchotaient à mon passage et d'autres me regardaient avec compassion. Je décidais de passer outre et me dirigeais vers ma salle. Je montais au deuxième étage du deuxième bâtiment. En arrivant en haut, je m'aperçus que ma salle était en fait de l'autre côté de l'étage, séparé par le laboratoire. Je fus donc obligé de redescendre et de reprendre les autres escaliers pour accéder à ma salle. Je finis par arriver, épuisé et constatais que j'étais seule. Hier, Julien, m'avait pourtant dit qu'il montait systématiquement à l'avance, il devait sûrement être en retard. La cloche résonna dans le couloir, et les élèves commencèrent à affluer. Je restais au fond, en retrait, passant inaperçu aux yeux de ma classe. La professeur arriva et nous rentrâmes en cours. Je m'installais au dernier rang et attendis. La prof fit l'appel et constata l'absence de Julien.

- Il a eu un accident m'dame, il est à l'hôpital, dit un gars du deuxième rang quand elle demanda si quelqu'un savait où il était.

Je fus abasourdi quand j'entendis cette nouvelle, il était à l'hôpital, il avait eu un accident.

- Est-ce grave Lucas ? Questionna la professeur.

Le dénommé Lucas haussa les épaules, signe qu'il ne savait pas et nous commençâmes le cours. Du moins, les autres, en ce qui me concerne, j'étais trop décontenancée par cette nouvelle et de toute façon, je ne comprenais strictement rien.

Toute la matinée, je ne fis que penser à Julien. Certes rien n'était de ma faute, je n'avais aucune implication dans cet incident. Mais à la fin de la matinée, j'étais convaincu que c'était à cause de moi, je lui avais porté malchance, j'étais comme un chat noir, je semais le malheur dans mon sillage comme je respirais.

***


Voila ! L'avant dernier chapitre ! Voyez-vous la fin se profiler ?

Merci pour vos vues, vos votes, vos commentaires ! 1.5 k de vues ! C'est magique ! Qui sait, peut-être les 2k avant la fin !

à bientôt les enfants !

_ Mamie


Camille CoobsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant