17.

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Ce soir, on aurait dit que la nuit avait décidé d'être plus sombre que d'habitude. Comme si plus de maisons de ce petit quartier avaient décidé de ne pas ouvrir leurs lumières. On aurait dit qu'il y avait beaucoup plus de bruits louches et de chats noirs traversant la rue, que le cri du vent était beaucoup plus douloureux et que les autos passaient plus lentement sur la route.
Cette nuit, on aurait dit que tout était plus parce qu'Amy avait décidé de se rendre chez elle à pieds vers minuit. Ou peut-être qu'Amy réagissait plus que la nuit.
Soudain, des bruits de pas courant sur l'asphalte se firent entendre.
L'adolescente ne fit que marcher plus rapidement. Elle n'avait pas peur, ce devait être Harry. C'était tellement évident.

- Amelia Blue, arrête de t'enfuir.

- Je ne parle plus aux idiots.

Le garçon finit par la rejoindre et Amy s'arrêta de marcher pour lui faire face.

- Une chance que je n'en suis pas un.

- T'ai-je déjà dit que je déteste ta façon de plaisanter ?

- Une ou deux fois, ouais.

Le garçon afficha un sourire moqueur, mais le reprit quand il vit le regard tueur de la jeune fille.

- Je suis désolé, je me suis peut-être un peu emporté.

- Peut-être ? Un peu ?

- Réalises-tu que cela fait deux fois qu'on se dispute aujourd'hui ?

- Réalises-tu à quel point je m'en fous ?

- Je m'excuse.

- Je ne suis pas sourde, tu sais ?

La blonde se mît à prendre de grandes respirations qui inquiétèrent Harry.

- Ça va ?

Elle leva un doigt comme pour lui dire d'attendre et finit par éternuer. Mais, pas le genre d'éternuements mignon comme un petit chiot. Non, celui qui pourrait faire fuir tous les oiseaux qui se trouvent à moins d'un kilomètre et celui qui permet au nez de déloger un peu de morve.
Amelia rougit instantanément et plaqua sa main devant son nez. Le froid commençait à l'atteindre et la chair de poule faisait peu à peu place sur sa peau. Elle ferma les yeux quelques secondes, priant pour que cela ne soit pas vraiment arrivé. Mais, lorsqu'elle ouvrit les yeux, Harry était toujours là avec son sourire moqueur.

- Bon. C'est vraiment gênant. Écoute, tu vas aller vers ton foyer et moi, vers le mien le plus vite possible, comme ça le malaise arrivera trop tard en années-lumière, d'accord ? C'est scientifique.

- Je ne te laisse pas toute seule dans la rue à minuit, Amy. Je vais te suivre. As-tu froid ? Tu peux avoir ma veste si tu veux, lui dit-il en lui tendant cette dernière.

- Je ne veux pas de ta veste, merci.

Puis, un autre éternuement contredit son affirmation. Elle jura.

- Tu es sûre ?

- Pourquoi est-ce que j'aurais besoin de ta veste et pas toi ? Tu peux tout aussi bien avoir froid.

- Tu ne parles pas aux idiots, mais tu t'inquiètes pour les idiots, remarqua-t-il en se mordant la lèvre inférieur.

Elle soupira et leva les yeux au ciel. Puis, elle s'éloigna, la main toujours plaquée sur son nez dégoulinant de honte. Le garçon n'abandonna pas et lui en emboîta le pas.

- Devine quoi ? Je ne parle pas aux petites blondes agançantes, mais je m'inquiète pour les petites blondes agaçantes.

Amelia n'allait pas lui avouer, mais elle était contente qu'il soit avec elle. Il pouvait lui arriver n'importe quoi seule, mais pas avec Harry. En tout cas, elle en avait la conviction.

- D'accord, tu peux me suivre. Mais, à au moins un bras de distance.

- Tu rigoles ?

- Ce n'est pas parce que j'ai de la morve qui dégouline de plus en plus à chaque seconde de mon nez que je ne suis pas sérieuse, Harold.

Harry éclata de rire et se plaça à quelques centimètres de la blonde rien que pour la frustrer.
La blonde lâcha son rire le plus faux et sarcastique avant de tendre son bras libre dans la direction du jeune homme et le pousser jusqu'à ce qu'il soit à la distance désirée.

- Mieux, conclut Amelia.

Harry continua à rire en hochant la tête. Cette fille était beaucoup plus spéciale qu'elle en avait l'air.

La maison des boisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant