III. Leslie

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« Même mode opératoire, même signature. Même arme à première vue. Même tueur a priori. »

C'était par ses mots que le lieutenant Kayne avait accueilli Leslie, toujours accompagnée de Kevin. A présent, la jeune femme se mordait la lèvre en observant le corps. Ernest Valridge, 34 ans, dirigeant des Black Tigers, un gang spécialisé dans le vol d'armes. Il avait été retrouvé le matin très tôt, mais pas dans un entrepôt. Cette fois-ci, le meurtre avait eu lieu dans le motel dans lequel résidait la victime. Un truc miteux et puant à plein nez la pisse. En contraste avec le désordre ambiant, la blessure de Valridge était aussi propre et nette que celle de Fraust, trois semaines plus tôt. La gorge tranchée, encore une fois. Et, à côté de la tête du cadavre, cette même signature, ce trait écarlate. « Nous vous ferons passer les dossiers que nous avons sur Valridge et ses ennemis. Nous nous occuperons de recouper les pistes avec celles que nous avions pour Fraust puisqu' apparemment leurs morts sont liées... Nous vous tenons au courant.

-Vous n'avez rien de nouveau n'est-ce pas ?

-Pas vraiment. On sait juste que celui qui a pris la place de Fraust a... démissionné, et que c'est à présent une autre personne qui s'occupe de ce marché-là. Vu qu'il n'y a eu aucun bain de sang, nous supposons qu'ils travaillent ensemble, mais leur identité est toujours inconnue pour le moment. Ces gens sont dangereux et très secrets. Tous les signes d'un nouveau gang. Mais impossible de savoir s'ils sont liés à la mort de Fraust... ni à celle de Valridge.

-Hm. Tenez-moi au courant. »

Les deux agents de la DEA retournèrent à leur voiture, maussades. La première partie du trajet se fit dans le silence le plus complet, Kevin conduisant et Leslie regardant par la fenêtre. Soudainement, la flic déclara : « Les deux meurtres sont à l'opposé de la ville.

-Tu penses à quoi ? Un tueur isolé, un vengeur ? »

Leslie ne répondit pas. Pas tout de suite. Finalement, elle soupira et, en allumant la radio, répondit : « Je ne sais plus quoi penser, pour tout dire. Il nous manque trop d'éléments. » Et sur ce, le sujet fut clos, et la route défila lentement. Quand ils arrivèrent au poste, il était près de midi. Frank, Liam et Arthur les attendaient devant le bâtiment. Ils souriaient et plaisantaient visiblement, regardant la rue en face. Liam les héla alors que ses camarades n'étaient qu'à quelques mètres d'eux : « Ah, vous voilà ! Leslie, on a besoin de l'avis d'une fille. » Il ajouta un clin d'œil en appuyant sur le dernier mot, faisant soupirer sa collègue. Habituellement, quand ils demandaient « l'avis d'une fille », c'était pour savoir comment draguer telle ou telle fille. Et cette fois-ci ne dérogea pas à la règle : « Tu vois la joggeuse en face ? Celle qui porte un short et une brassière noirs ?

-Moui.

-Comment je fais pour la draguer ? » demandèrent les quatre – même Kevin s'y était mis – garçons en cœur. Plissant les yeux, la jeune femme observa la joggeuse en question. Svelte, cheveux sombres. Plutôt mignonne. Quelques secondes lui suffirent pour répondre : « Rien. Avec elle, tu ne peux rien faire. C'est elle qui décide. » En bons machos, ses camarades soupirèrent, s'attirant un regard noir de sa part. Et elle ajouta, cassante : « Et elle n'aime pas les machos. » Un sourire de connivence apparut sur leurs visages et, agacée, elle se détourna et rentra d'un pas vif dans le poste. Peu de temps après, Frank la rejoignit : « On avait oublié à quel point ça t'énervait. On est désolés. Tu nous pardonnes ? » Avec ses yeux suppliants et sa moue attristée, on aurait dit un gros nounours quémandant des câlins. Un éclat de rire échappa à Leslie, qui ne répondit pas mais ressortit, lui donnant une tape sur l'épaule au passage.

Les cinq agents achetèrent des burgers qu'ils mangèrent à leur bureau tout en discutant de l'affaire. Les rapports venant de la morgue et de la section scientifique étaient les mêmes que les premiers : épée à une main à double tranchant, aucun cheveu ou morceau de peau laissé sur le corps. Rien à se mettre sous la dent. Aucune nouvelle non plus du côté des indics. Rien que cette signature et cette arme pour le moins... inhabituelle.

DIVISION - DominationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant