IX. Leslie

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Leslie lâcha la main de Spencer, paresseusement. Toujours allongée dans le lit, elle l'observa se rhabiller puis quitter la chambre. Elle-même paressa encore un peu, avant de se lever également.

Une heure plus tard, elle s'asseyait à son bureau. Frank avait toujours le nez bandé. Leslie savait que Camille et lui s'étaient expliqués, même assez violemment par moments, et pourtant la barmaid avait accepté de lui donner une seconde chance, ce que Leslie ne comprenait pas. Mais comme ce n'était pas ses affaires, elle les laissait se débrouiller. Ni elle, ni Camille, ni Spencer n'avait reparlé de cette courte escapade chez la jeune femme.

Cette nuit-là, elle avait vu la fragilité que la jeune adulte cachait sous ses dehors de guerrière. Camille ne lui en avait paru que plus touchante, plus humaine. Et elle aimait ça. Elle avait vu sa colère quand elle s'était sentit trahie, et elle avait aimé être là pour la réconforter, même si Camille l'avait repoussée. C'était une solitaire, elle ne comptait que sur elle-même, et Leslie ne s'en sentait que plus proche d'elle, car elle était pareille. Elles étaient semblables, et ça lui faisait bizarre de découvrir en cette fille, en sa cadette d'une demi-douzaine d'années, un reflet d'elle-même. Son double, Camille l'était un peu. C'était... attirant, d'une certaine manière.

Leslie fut réveillée de sa rêverie par Frank qui lui flanquait une taloche sur l'arrière du crâne : « Arrête de rêver et va sur la nouvelle scène de crime. » Sans rien dire, Leslie se leva, et quitta son bureau sur les talons de Kevin. Une nouvelle scène de crime. Une nouvelle attaque de Bloodsea. Une nouvelle victime, de nouvelles pistes qui ne mèneraient nulle part. Génial, songea Leslie, de fort mauvaise humeur de part cette perspective. Son humeur sombre lui attira un coup d'œil de la part de Kevin, qui eut la bonne idée de se taire durant tout le trajet.

La nouvelle victime se nommait Orlando Qiriccu. Encore un voleur d'armes, mais cette fois-ci doublé d'un dealer important. Sa zone de prédilection était les Pacific Palisades, et il avait été retrouvé dans l'une de ses blanchisseries. La signature avait été cachée cette fois-ci, obligeant les détectives à tout retourner pour la trouver. Ce fut Leslie qui la découvrit au bas d'un mur. Elle prit plusieurs photos, puis déclara : « Maintenant il s'amuse avec nous. » C'était presque comme si elle entendait le rire machiavélique du tueur. Un frisson lui échappa, et elle ne fut pas qu'un peu heureuse de sortir de la pièce. En revenant au poste, elle fit part de ses observations, tout comme Kevin, et marqua d'une nouvelle punaise la carte. Cette dernière était bien maigre, trouvait-elle. Pas assez d'indices, jamais assez d'indices. Ils n'avaient rien, et Leslie oscillait entre en rire, en pleurer et en rager. Elle opta pour ne rien faire du tout hormis continuer à se casser la tête sur cette énigme.

Elle passa trois jours à formuler des hypothèses, faire des statistiques, mais sans avoir aucune certitude, ce qui la rendait folle. Quand enfin vint le dimanche et son jour de congé, elle passa la matinée à faire ses courses, et l'après-midi au Fenrir aux côtés de Spencer et de Camille qui s'était incrustée. Au cours de cette journée, Leslie n'en apprit pas beaucoup plus sur la vie de la barmaid, mais elle en apprit sur son attitude, ses goûts... Tout comme Camille en apprit plus sur Leslie, et toutes les deux sur Spencer. Tout se passa bien durant leur petite réunion improvisée, hormis qu'à un moment, Camille les quitta pour faire Dieu seul savait quoi avant de revenir avec trois cocktails « surprise » – qui se révéla être un 1,2,3 Sunlight ! pour Leslie.

La routine redevint vite la reine de la vie de Leslie, mais elle n'en avait cure. Pour le moment, tout allait bien. Elle réussit même à oublier Bloodsea pendant deux semaines. Deux semaines avant qu'il ne refrappe. Devon Flironi, dealer de North Hills et ses alentours...

Aux abois, désespérée, Leslie prit alors une semaine de congés. Elle dut attendre quelques jours avant d'enfin pouvoir arrêter de se triturer les méninges sur le « mystère Bloodsea ». Elle en profita pour faire du tri dans son appartement, l'hiver approchant. Les températures ne baissaient que de 3 ou 4°C mais c'était suffisant. Et même si « winter weren't coming », elle l'aurait fait. Juste pour le plaisir de sentir son lieu de vie plus propre, plus net, plus ordonné. Purifié, en quelque sorte. Une purification nécessaire.

DIVISION - DominationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant