DIVISION - Domination

IV. Camille

Allongée sur son lit, ses cheveux nattés tombant sur son épaule, Camille observait attentivement son ordinateur. Un mois et demi avait passé depuis l'ouverture du bar, et, depuis un mois, c'est elle qui en avait pris les commandes à la place de Marcus. Elle regardait actuellement le bilan hebdomadaire. Leurs bénéfices étaient importants, la paye des salariés était évaluée en conséquence et faisait des heureux – notamment elle qui avait une double paye. La publicité faite avait été gagnante, et ils avaient de plus en plus de monde. Grâce aux contacts de sa famille – il y avait un tas de personnes très douées dans tous les domaines dans l'illégalité – ils avaient pu rameuter un tas de clients. Entre les affiches, les avions publicitaires, le camion qui passait dans les rues et les radios payées pour publier une annonce, impossible de les manquer. Les soirées spéciales avec des artistes locaux, les soirées à thème, les soirées à prix réduits y étaient aussi pour beaucoup.

L'atout majeur de son bar était sa diversité. Et aussi ses prix attractifs. Et aussi son ambiance chaleureuse. Et aussi ses boissons diverses et excellentes. Camille avait par ailleurs récemment engagé un nouveau barmaid, choisi pour l'originalité de ses cocktails. Ils bossaient ensemble dans la boîte la nuit, elle vérifiant qu'il n'utilisait aucune substance illicite, lui lui apprenant quelques-unes de ce qu'il appelait ses « formules ».

Camille avait néanmoins abandonné son poste au bar l'après-midi. Ça lui faisait trop, elle ne pouvait pas concilier les casquettes de gérante et d'employée. Encore plus avec leur nouvelle... attraction. Tout était légal chez eux, ou semblait légal. Tous les employés étaient des hommes de confiance. Toutes leurs nouvelles employées n'avaient aucun intérêt à les vendre aux flics.

Les arrangements faits par Johan et Johanna avaient été profitables aussi. Vladimir étendait son influence un peu plus sur LA, dans l'ombre. Les cibles qu'il choisissait y étaient pour quelque chose aussi, puisque les morts de ses victimes lui permettaient de faire main basse sur différents domaines : le marché noir de toutes sortes avec Fraust, le vol d'armes de toutes sortes avec Valridge, le commerce de corps de toutes sortes avec Monroe. Vladimir était très doué pour se mettre des personnes dans la poche, chose que Camille avait hérité de lui. Et si elle en profitait pour faire éclore son bar, lui l'utilisait pour pouvoir mettre des hommes de confiance aux postes qu'il libérait, soit par l'intervention de Scarletwave, soit par celle de l'armée fraîchement constituée de Patrick. On ne voyait plus trop ce dernier d'ailleurs, trop occupé à entraîner ses hommes et à apprendre à se faire obéir d'eux. Marcus aussi avait disparu de la circulation, trop occupé à ses petites affaires. Leur mère, Julianna, était à nouveau malade et alitée. C'était devenu habituel, ce qui faisait que Camille ne s'inquiétait pas trop.

« Million » de Tink se déclencha, la faisant se redresser d'un bond, un couteau dans une main, l'autre posée à plat sur le lit. Réflexe de combattante. Elle se détendit néanmoins en se rendant compte que ce n'était que sa sonnerie. En pestant – son portable n'arrêtait vraiment pas de sonner ces derniers temps – elle décrocha sans regarder qui l'appelait : « Salut Cam ! Père m'a dit que tu avais pris la direction du bar ! Alors, comment ça se passe ?

-Salut Pat. Plutôt bien. On attire de plus en plus de monde, et c'est rien comparé aux nombres de nouveaux clients qu'on va avoir...

-Ouais, paraît que tu te lances dans la prostitution.

-Disons que je diversifie mes affaires et ma clientèle... Et je te préviens, pas de ristourne pour la famille !

-Même pas pour ton frère préféré ?

-Ça peut se discuter... Tout dépend de ce que tu as pour moi.

-OK, alors passons au vif du sujet... J'ai tes infos sur le flic que t'a choisi. Frank Ribaud, lieutenant à la DEA. Il ne se doute pas que nous avons repéré ses indics et qu'on les mène en bateau. Mais d'après ce qu'on sait, il a quand même fait le lien entre Mexico et LA.