DIVISION - Domination

VIII. Camille

Camille soupira et appuya son front contre la porte métallique et surtout fraîche du bar. Son videur, Viktor – recruté par Vladimir, ça se voit ? - finissait de mettre les derniers clients dans les taxis. Pour la centième fois de la journée, la jeune femme se congratula mentalement d'avoir signé ce contrat avec cette compagnie de taxis pour qu'ils ramènent les clients chez eux.

Une fois qu'elle eut entendu le dernier véhicule démarrer, elle rentra, Viktor la suivant sans bruit. Camille s'approcha du bar et l'un des barmen lui passa la feuille de réservation du soir, avant de s'appuyer sur le meuble. Il ne dit rien le temps que la jeune femme parcourt les noms du regard, mais quand elle lui jeta un regard interrogateur, prit une moue mi-gênée mi-dégoûtée : « Spencer ? Avec cette... Lexa ?

-Leslie. Et oui. C'est ce qu'on appelle diversifier les affaires... ou encore faire plus de profits... ou encore attirer plus de monde... ou encore comment garder l'une des meilleures péripatéticiennes de ce bar. Ça te suffit ou je dois en rajouter ?

-C'est bon, ça me suffit. Tant qu'elle ne s'approche plus de moi, ça me va.

-Elle fait son boulot. Avec qui elle le fait ne te regarde pas. Si ça te pose un problème, tu fais avec ou tu pars. Capito pépito ? »

L'homme s'éloigna sans mot dire et, comme les autres barmaids et les deux serveuses, fit ses affaires pour s'en aller. Viktor resta un peu plus longtemps, vérifiant que les portes étaient bien fermées et ces autres trucs de videurs tandis que la jeune femme se servait un verre de whisky-coca. Assise sur un tabouret du bar, faisant tourner le liquide dans le verre, les quelques lampes à LED éclairant juste assez la feuille posée devant elle, les yeux fixés sur ce nom, « Leslie Callira », elle réfléchissait. Fatiguée, elle n'arrivait cependant pas à se motiver assez pour descendre de la chaise, traverser la salle, fermer la porte, traverser la rue, monter les escaliers... elle n'arrivait même pas à se motiver pour penser tout ça. Un soupir lui échappa et elle appliqua le verre froid contre son front, fermant les yeux. Elle fit semblant de ne pas entendre les bruits de pas légers qui s'approchaient d'elle et elle fit semblant d'être surprise quand une main se posa sur son épaule. Elle entrouvrit les yeux et tourna la tête, reconnaissant Spencer à sa chevelure ondulée. « Qu'est-ce que tu fais là ?

-J'ai vu la lumière.

-Je reformule : pourquoi n'es-tu pas avec Leslie ?

-Elle dort.

-Tu devrais être avec elle et attendre qu'elle se réveille pour l'épuiser à nouveau.

-Ce n'est pas toi qui m'apprendra à faire mon boulot.

-Et ce n'est pas moi qui viendrait pleurer sur ton épaule. » répliqua Camille, acerbe. Elle aussi avait le droit d'être de mauvaise humeur de temps en temps, non ?! Spencer prit une inspiration tremblante, puis repartit. Camille soupira à nouveau et posa la tête sur ses bras croisés. Elle s'excuserait le lendemain...

La jeune femme finit par ranger la feuille avant de finir son verre d'un trait et de partir. Elle rentra chez elle, et s'arrêta alors qu'elle allait enlever son haut : « Qu'est-ce qu'il y a ?

-Vladimir veut te voir. »

Camille poussa un grognement, jeta un regard furieux à Patrick qui en loupa tout avec la noirceur de la chambre, et fit demi-tour. Elle redescendit, et prit sa voiture pour se rendre chez Vladimir. Une fois là-bas, elle passa la porte d'un pas énergique. L'homme l'attendait, tranquillement assis sur son fauteuil, fumant une pipe. Il fit signe à la jeune femme de s'asseoir, ce qu'elle fit bon gré mal gré. « Pourquoi es-tu partie ? » Camille ne répondit pas. « Très bien. Nous n'avions aucun moyen de contacter Scarletwave. » Toujours aucune réponse. « Très bien. Voici sa nouvelle cible. Patrick s'est occupé de le suivre et a constitué le dossier. » La jeune femme prit la liasse de papiers que lui tendait le sexagénaire et la feuilleta avant de relever ses yeux bleus impassibles sur le mafieux. Ce dernier, agacé par son silence, la congédia. Elle ne se fit pas prier et se rentra chez elle, pouvant enfin se jeter sur son lit pour sombrer dans un profond sommeil.