VI. Camille

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Les cheveux défaits, étalés autour de sa tête en une crinière lumineuse, Camille dormait. Ou plutôt, tentait de dormir. Les rayons du soleil perçaient à travers ses rideaux, ce qui ne lui facilitait pas la tâche. Sa mauvaise humeur non plus. Et les coups frappés à la porte la mirent encore plus en rogne. Un grognement inarticulé lui échappa tandis qu'elle roulait sur le côté. Elle attrapa l'un de ces vieux et longs T-shirts qui faisaient office de robe de chambre quelques soirs, et l'enfila avant d'attraper le 37. Magnum rangé dans un étui spécial sous son lit. Elle le sortit, enleva la sécurité puis se dirigea vers la porte. Sa démarche nonchalante était un leurre, tout comme son air grognon et endormi. Elle était en réalité parfaitement réveillée, et totalement alerte. Elle entrouvrit la porte, jetant un coup d'œil derrière avant de laisser entrer son visiteur. Le pas guilleret, Patrick la dépassa avant de s'arrêter au milieu du salon. Quand il se retourna vers elle, son sourcil gauche se leva bien haut, formant une sorte de barre incongrue au milieu de son front. Aussitôt, le ton de la jeune femme fut agressif : « Quoi ?!

-T'as l'air crevée.

-Peut-être parce que je le suis.

-Il paraît que tu as commencé ta petite enquête.

-Foutue enquête de merde ! Ce connard de Frank ne dors ja-mais !

-...

-Et tout ça pour rien puisqu'il ne sait rien, que son enquête n'avance pas d'un pouce, qu'elle piétine et que lui marche sur place. Ils n'ont rien, on est tranquilles pour le moment.

-Génial !

-Je peux le larguer ?

-Non ! On a encore besoin de lui.

-Sal... Méchant Vladimir. »

Patrick lui lança un regard noir auquel elle répliqua par une grimace. Ils s'affrontèrent du regard un instant, puis le jeune homme céda. Il plongea la main dans sa poche et lui lança quelque chose. D'un geste vif, Camille attrapa l'objet... pour se rendre compte que c'était une clef. Et plus précisément une clef de voiture. « Tiens, considère ça comme un cadeau pour supporter « ce connard de Frank ». Vladimir l'a payée pour info. Elle est en bas, garée juste devant. » Camille jeta un regard perçant à Patrick, puis fila sans un mot enfiler une tenue plus convenable. En repassant devant le jeune homme, elle l'ignora pour descendre les escaliers quatre-à-quatre. Dans la rue, elle s'arrêta face à face avec... une Dacia Duster gris métallique. Patrick s'arrêta à côté d'elle et prit un air désinvolte : « Pas mal hein ? C'est moi qui ai choisi.

-Mon boulot est juste en face de chez moi.

-Celui de Frank est à 20 minutes en courant. Il va bien falloir que tu ailles l'y déposer de temps en temps, hm ? »

Pour toute réponse, il eut droit à un coup de poing dans l'épaule. Puis Camille fit le tour de la voiture, l'étudiant sous toutes les coutures – bien qu'une voiture n'ait pas de couture. Pour finir, elle hocha la tête avec une moue appréciative : « OK, t'as bien choisi.

-Qu'est-ce qu'on dit ?

-Merci Patriiick... ! »

La voix soudainement nasillarde de la jeune femme fit se retourner vers eux plusieurs passants, et son frère éclata de rire. Puis tous deux remontèrent et échangèrent les derniers ragots et potins.

Une fois Patrick parti, Camille alla faire un tour pour essayer sa nouvelle – et première – voiture. A midi, elle s'arrêta devant le poste de police, poussa un soupir de résignation puis descendit. Elle se dirigea tranquillement vers le standardiste, faisant tourner les clefs autour de son index. L'homme leva la tête vers elle et l'accueillit avec un sourire : « Je peux vous aider ?

DIVISION - DominationOù les histoires vivent. Découvrez maintenant