Olive Daigle

Nouveau monde

Je m'exécute à contre-coeur. Je connais la reine depuis hier seulement. Devrais-je fermer les yeux devant elle, lui donnant la chance de me faire n'importe quoi avec sa magie?

Comme si elle avait lu dans mes pensées, la reine me chuchote à l'oreille, me faisant sursauter:

-Ne t'inquiète pas, je ne vais pas te faire du mal.

J'essaie de me détendre. Ce n'est pas facile. Je sens la Fée voler près de moi, ses petites ailes argentées battant au rythme du vent.

J'entrouvre légèrement mon oeil droit, et vit qu'Eïwanne parlait avec deux autres fées, aussi petites qu'elle, l'une avec les cheveux rose bonbons, l'autre turquoise comme des émeraudes. Les fées hochèrent la tête, s'inclinèrent devant leur reine et s'envolèrent dans la forêt.

La reine se retourna vers moi, et leva ses bras.

Elle commença à chanter des paroles incompréhensibles dans une langue qui m'est inconnue.

Je me sentit rapetisser désagréablement, puis ce fut au tour de mes bras, mes jambes et finalement ma tête.

En ouvrant les yeux, la reine eut un mouvement de recul.

-Olive! Je t'avais demandé de garder les yeux fermés! Regarde, maintenant ton oeil droit est trois fois plus gros que ton oeil gauche.

Elle poussa un soupir. Une fois de plus, elle agita ses petites mains - maintenant devenues aussi grandes que les miennes - et je sentit mon oeil droit devenir plus petit.

-Ariëlle et Bella sont parties chercher d'autres fées, notamment des gardes pour nous escorter au château, m'informe Eïwanne. Oh! Et si tu as envie de te regarder dans un miroir, j'en ai apporté un. N'oublie pas d'enfiler ta robe, je t'ai demandé de la garder avec toi...

J'enfile la robe maintenant de ma taille. Elle est bien ajustée au niveau de la taille et touchait à peine au sol. Curieuse, je pris délicatement le miroir dans mes mains devenues minuscules. En le portant vers mon visage, je faillit lâcher l'instrument.

Je n'avais plus les cheveux noirs, mais bien violet. Ma peau était devenue plus beige qu'avant, mes yeux sont maintenant mauve foncés presque noirs. Dans mon dos, une magnifique pair d'ailes argentées se tenaient parfaitement droites à cause de l'inactivité. La reine avant raison, ma couleur était le violet.

-Tu es prête, Olive? Tu veux t'habituer un peu avec tes ailes avant de partir à Paradys?

Je hoche la tête.

Elle m'aide à monter sur une basse branche, et m'apprend patiemment la technique.

-Tu dois essayer de sentir la force de tes ailes, tout comme tes bras lorsque tu les bouges.

J'essaye, mais ce n'est pas du gâteau.

-Maintenant, essaye de bouger tes omoplates, et tu sentira que tes ailes bougeront a leur tour.

Recevoir tes cours de vol par la reine des fées m'enchante, mais ne pas réussir m'agace.

J'essaie de bouger mes omoplates comme elle me le demande, mais j'ai l'impression qu'ils sont plus lourds que d'habitude.

-Tu y arrive! lança Eïwanne. Mets-y plus de force et tu pourra voler!

Je fais ce qu'elle dit, et y arrive finalement. Je sentais que mes ailes battaient fortement, proche de mes omoplates.

Je ferme les yeux pour essayer d'économiser mon énergie, je battait de plus en plus fort et me sentit s'élever.

Sans entendre les exclamations d'encouragements de la reine, j'ouvre les yeux et pousse un petit cri de peur.