«Eïwanne, j'ai besoin de ton aide»

9 1 0
                                    

Je relâche la lettre, qui plane lentement vers le sol.

Ma respiration est lente. En fait, je ne sais pas comment je fais pour encore respirer.

Je reste immobile pendant longtemps, à fixer le canapé en face de moi. La lettre est immobile à quelque pas de moi, puis s'enflamme. Je sursaute et court chercher un linge humide pour empêcher les flammes de s'étendre, mais lorsque je reviens, le feu est éteint et la lettre a disparut.

Je soupire, puis laisse tomber la serviette par terre. C'est seulement à ce moment que mon cerveau commence à assimiler l'information que je viens de lire. Mes parents et ma tante se sont fait capturés. Par l'Empereur Ludvig. Merde.

Je me laisse tomber sur le sol, impuissante. Mais qu'est-ce que j'allais faire? Qu'est-ce que je pouvais faire?

Je reste assise au sol et essaie de respirer normalement. J'essaie de ralentir les battements frénétiques de mon coeur.

Qu'est-ce que j'allais faire?

Puis la réponse, si simple soit-elle, me saute à l'esprit.

Eïwanne. Adelaïde. Les fées. Je suis certaine de pouvoir trouver de l'aide chez elles.

Je monte les escaliers quatre à quatre vers ma chambre pour récupérer ma petite robe et la clochette, puis cours à l'extérieur où le ciel est toujours ennuagé, mais où il fait environs trente degrés. La température semble concorder avec mon désespoir. Je n'oublie pas le bac de plastique gris pour y déposer mes vêtements. Je le place au pied de l'arbre avec la cabane, puis lève la clochette.

J'essaie de calmer ma respiration qui était maintenant trop rapide dût à l'excitation.

Puis, d'un mouvement sec du poignet, je fais sonner la clochette. Un doux petit bruit parvient à mes oreilles, et semble résonner sur tous les arbres de la forêt.

J'attends alors ainsi, pendant plusieurs longues minutes qui semblent interminables, les deux pieds dans un bac de plastique, les cheveux en bataille, en pyjamas. J'essaie de me représenter cette image dans ma tête, dans difficulté. Je ferais la une des conversations à l'école si jamais Miriamme, Léa-Marie, où une autre de ces quatre pestes me voyaient dans cette situation embarrassante.

Je resserre ma prise sur la petite robe dans ma main gauche et ferme les yeux. Pourquoi Eïwanne n'arrivait-elle pas?

Finalement, au bout de vingt minutes, j'arrête de l'attendre. Elle avait dit, hier, que je pouvais me transformer en fée toute seule, alors j'allais essayer.

Je ferme mes yeux et laisse retomber mes bras le long de mon corps.

Je laisse mon esprit vagabonder autour de moi, et essaie vraiment fort de me transformer d'une manière ou d'une autre en fée, et de retrouver cette même sensation de liberté que lorsque j'en étais une.

C'était très étrange de se changer en fée. Je pouvais sentir toutes les feuilles, le vent et les nuages autour de moi, et j'avais l'impression que je pouvais les prendre dans mes mains et les sentir. J'essaie de me rapetisser et de me transformer en cette créature mythique, mais la nature ne semblait pas vouloir m'obéir présentement.

Je soupire et ouvre mes yeux... pour ne rien voir. On dirait que la nuit était tombée en dedans de cinq minutes (où ça faisait plus longtemps que j'étais en transe?).

J'avance de quelques pas , et regarde en haut de moi. Des petites craques laissaient passer de la lumière, de la lumière du jour.

Je faillit exploser de rire. J'avais réussit! J'étais simplement sous mes vêtements!

Olive DaigleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant