La nouvelle d'Eïwanne

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- Quelques fées partiront dans quatre jours vers le domaine de l'Empereur Ludvig, pour aider Olive à délivrer ses parents et anéantir son ennemi, Ludvig lui-même. Avant de vous énumérer la liste, qui n'est pas encore complétée, j'aimerais vous dire que ce n'est pas obligatoire. Si vous ne voulez pas participer, nous comprendrons.

Eïwanne prend une pause, en regardant chaque fée d'un regard tranchant. Lorsque son regard croise le mien, elle marque une pause et je crois apercevoir l'ombre d'un sourire sur ses lèvres.

Soudainement, une fée lève sa main, un regard déterminé dans ses yeux rouge brique.

- Je me porte volontaire, ma reine, dans cette quête pour aider notre Élue. J'accepte toutes les conséquences de mon choix, qu'ils soient bons ou mauvais.

Elle baisse sa main et la reine hoche une fois la tête. La fée jaune, Joanne, arrive à ses côtés et inscrit le nom de la fée sur un morceau de papier jauni.

- Moi aussi, je me porte volontaire, annonce une deuxième voix.

- Nous aussi! crie Khrystelle, en levant ses deux bras, les doigts entrelacés avec ceux d'Abygaëlle et de Delilah.

Les trois filles sourient presque, mais une allure féroce change complètement leur regard doux et attentionné habituel.

Joanne inscrit tous les noms des fées qui lèvent leur bras fièrement.

Soudain, arrivée de nulle part, une voix près de moi crie :

- Je veux joindre le voyage, moi aussi!

Je me retourne vers ma meilleure amie, Adelaïde, qui me regarde avec un grand sourire.

- Tu es revenue parmi nous! Il était temps, je commençais à me lasser d'être toujours seule et de toujours combattre les mêmes personnes.

- Adel, je ne crois pas que ce soit une bonne idée de te joindre au voyage. Je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit...

- Ne t'inquiète pas, Olive, répond mon amie avec un sourire rassurant. Depuis ton départ, je me suis beaucoup améliorée et j'ai hâte de me battre contre toi pour voir si je suis meilleure que toi.

Elle me fait un clin d'œil en levant sa main, pour faire signe à Eïwanne d'inscrire son nom.

Je soupire, mais souris en même temps. Mon amie est tellement forte! Partir en mission dangereuse pour sauver ma famille, c'est plus que je ne pourrais jamais lui demander.

La reine termine d'inscrire les noms des fées volontaires – dont toutes les fées de mon groupe de combat et bien plus – puis s'en va.

Les fées s'assoient à leur place et continuent de manger leur déjeuner, comme si partir dans quatre jours vers leur mort était une activité de tous les jours.

Je termine mon déjeuner sans y goûter. Si des fées meurent pendant la mission, ce sera de ma faute. C'est à cause de moi si elles partent vers les rivières grondantes, et à cause de moi si elles perdront peut-être des êtres chers.

- Bien sûr que non, Olive, chuchote une voix à côté de moi. Elles ont pris leurs propres décisions, ce choix ne te revenait pas.

Je me retourne vers Ysaline et lui souris faiblement.

- Je sais, mais même si... (je soupire) même si certaines d'entre elles meurent, je me sentirais tout de même coupable.

- Certainement, dit Laélia, on se sentira tous coupable. Coupable de ne pas avoir pu être présentes auprès d'elles pour les protéger ou les aider. Nous l'avons tous vécu. Tu sais, les fées ne meurent pas de vieillesse. Alors, éventuellement, nous perdons tous des amies chères à notre cœur.

Je hoche la tête en baissant mes yeux. Les paroles de Laélia sont émouvantes, et je veux retenir mes larmes.

Après le déjeuner, nous nous levons tous en même temps et marchons vers notre clairière d'entraînement. Mon épée attachée à ma hanche se balance joyeusement, et mes bras engourdis par l'inactivité ont hâte de reprendre les cours.

Kio se place dans le milieu de la clairière et nous regarde avec ce même regard sévère qu'à l'habitude.

- Cléa et Ysaline, vous commencez. Je vais me pratiquer quelques instants avec Olive pour qu'elle retrouve ses réflexes, puis je l'envoie contre Abygaëlle. Ensuite, Loïse se battra contre Laélia. Compris?

Toutes les fées de mon groupe hochent la tête.

Kio se tourne vers Cléa et Ysaline, qui préparent déjà leurs choses.

- Lorsque vous aurez terminé, venez me chercher.

Je pose ma serviette sur un banc à côté de la clairière, et y laisse également mon fourreau.

Kio me fait signe de la suivre et nous nous éloignons de la clairière, dans une espèce de jungle de gazon extrêmement long. Une minuscule clairière s'y cache d'une parfaite grosseur pour deux fées.

- Je vais seulement te faire tester tes réflexes en premier, puis ta force et ta vitesse.

Je lève mon épée, prête à recevoir les coups. Je me mets en mode défensive et analyse tous les mouvements de mon adversaire. Kio avance lentement, l'épée levée et le visage de marbre sous la concentration.

Elle place un coup précis vers mes genoux, que j'esquive en sautant par-dessus la lame. Elle vise ensuite ma tête, que j'évite en me penchant brusquement vers l'arrière. Je lui balance mon épée vers ses côtes, et étrangement elle ne bloque pas mon coup. J'essaie de ralentir mon épée, mais elle se dirige directement vers ses os délicats.

Elle pousse un cri de douleur et s'écroule.

Je couvre ma bouche de ma main, mais je me crispe lorsque j'entends un autre cri... de la clairière d'entraînement.

J'espère de toutes mes forces que ce n'est qu'une blague. Mais un deuxième cri retentit.

Je pose rapidement mes mains tremblantes sur les côtes saignantes de ma professeure pour tenter de la guérir, puis cours vers la clairière, laissant Kio étendue sur le sol, les côtes droites cachées par un ruban de gaz violet.

En arrivant dans la clairière, le spectacle qui s'offre à mes yeux me fige sur place.

Olive DaigleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant