Amitiés

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Je connais maintenant la vérité, confuse dans ma tête.

Cette nuit, il a plut. Beaucoup. Je pouvait entendre la pluie marteler furieusement le toit de notre maison, ainsi que les éclairs et le tonnerre lointain. J'étais perdue dans mes pensées. Qu'est-ce qu'un sorcier fou et maléfique me voulait? Pourquoi avait-il amené Jonas avec lui? Pourquoi a-t-il soudainement décidé de nous attaquer, sans préavis? Les questions se bousculaient dans ma tête jusqu'à ce que je m'endorme, et cette nuit-là, je fit un rêve troublant de monstres, de sorciers qui me lançaient des filets et de fées qui me criaient de m'enfuir.

Le lendemain, mes parents étaient de retour. Ils avait passé un bon moment dans les bois, d'après leurs récits.

-Ce matin, environs à cinq heures du matin, commença papa d'une voix dramatique, Mélanie s'était levée pour aller aux toilettes.

Ma mère gloussa.

-Je l'ai entendu dé-zipper le zipper de la tente, dans mon sommeil. Elle était sortie puis... quelques instants plus tard, elle poussa un cri d'horreur.

Jasmine se figea. Je pensait à la même chose qu'elle.

-Lorsqu'elle était revenue dans la tente, elle avait de la boue partout sur elle et elle m'a dit qu'elle avait trébuché sur une bûche d'arbres. Elle était ensuite tombée dans une mare de boue.

Je rit. Jasmine aussi paraissait soulagée. Ma mère ne semblait pas trouver sa drôle.

-Mais je t'assure! marmonna celle-ci. Il y avait un grand homme drapé de...

-Je suis sorti avec elle hors de la tente pour l'aider à se laver un peu, coupa papa. Puis, nous avons décidé de revenir sur nos pas.

Mélanie semblait gelée et terrifiée.

-Allez donc prendre une douche, suggéra Jasmine d'une voix douce. Vous avez l'air frigorifiés.

Papa et Maman approuvèrent d'un hochement de tête et montèrent les escaliers qui menaient à l'une des trois salles de bains de la maison, continuant de bavarder tranquillement sans savoir qu'une menace planait au dessus d'eux.

Jasmine me regarde avec des gros yeux.

-Ta mère... elle a parlé d'un grand homme drapé...

-Je sais, ai-je répondu. Je peux lui en demander plus à ce sujet?

-Non. Vaut mieux ne pas l'alerter.

Je hoche la tête.

-Alors... qu'est-ce qu'on fait, maintenant?

-On attend, soupire Jasmine.

Je hoche de nouveau la tête et décide de sortir dehors pour profiter du soleil.

À l'extérieur, les papillons et les autres insectes continuaient de voltiger lentement.

Je m'avance vers le fond du jardin, à la lisière de la forêt. Je prend ma décision en une fraction de seconde.

-Reine des fées? je crie. Où êtes-vous?

J'ai l'air dérangée, à crier ainsi.

Personne ne me réponds, je n'entends que le bruissement des feuilles dans la forêt.

-Reine des fées?

C'est alors que je le vit, la petite silhouette gracieuse de la créature s'avança vers moi. Elle portait toujours la même robe que ce matin, blanche, avec ses mêmes longs cheveux dorés.

-Bonjour, Olive. Pourquoi cries-tu autant? Je serais revenue aujourd'hui, éventuellement, n'aie crainte.

-Euh...

En y repensant, je n'ai aucune idée de se que je vais lui dire.

-Je voulais simplement vous dire que je suis désolée pour... mon comportement d'hier. Vous savez, je n'ai jamais aperçut de... de fées auparavent.

Eïwanne me regardait avec une expression amusée sur le visage.

-C'est tout ce que j'ai à dire...

Je m'apprêtais à tourner les talons mais la reine reprit la parole, sa voix cristalline de paire avec le murmure des feuilles.

-Si tu n'as jamais entendue parler des fées, donc tu ne connais rien des autres créatures, je me trompe?

Je l'observa. La dernière fois, j'étais trop effrayée de la regarder, et maintenant que je la regarde, je remarque que ses traits semblent fatigués, ses petites mains délicates usées par le maniement d'outils et de branches, des légères petites rides aux coins de ses yeux verts lorsqu'elle souriait...

-Non, c'est vrai.

-Très bien. Voudrais-tu que je t'explique et que je te les montre?

-Maintenant? Ici?

-Non, bien sûr que non. Dans la forêt.

-Ma tante m'a dit que je n'avais pas le droit de m'aventurer dans la forêt, ai-je protesté.

-Et bien, ta tante devra faire une exception, car ce que j'ai à te dire est très important.

-Est-ce que cela concerne l'Empereur Gho...

-Pas ici! siffla la reine des fées, de plus en plus agitée.

Je me tais. Qu'est-ce qu'elle a de si important à me dire? Jasmine m'a toujours dit que la forêt était très dangereuse et que je ne devais jamais m'y aventurer, sous aucun prétexte.

La reine des fées resta sur sa branche, sur le point de s'envoler, une expression de profonde angoisse sur le visage.

-D'accord, ai-je finalement cédé. Je vais venir, mais pas longtemps, OK?

-Parfait. Nous allons devoir prendre quelques petites mesures de sécurité supplémentaire, maintenant que j'y pense. Tu ne pourras pas venir dans mon royaume sous cette forme.

-Qu'est-ce que vous voulez dire...?

-Prends ceci.

Elle me tends une minuscule robe violette, qui semblait aussi grande que la sienne. On aurait dit une robe de poupée. Je la glisse aussitôt dans la poche de mon pantalon.

-Je ne suis pas certaine quelle sera ta couleur, on verra. De toute façon, je pourrais changer la couleur du vêtement à l'occasion. Maintenant, Olive, reste tranquille sinon il pourrait y avoir des malformations.

Je me fige.

-Qu'est-ce que vous allez faire?

-Ne t'inquiète pas. Maintenant ferme les yeux.

Olive DaigleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant