Paris - first night as Babygirl

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23:23 - Ans

Ébahi. Surpris. Abasourdi.
Je pense que ce sont les mots qui me décrivaient le mieux il y a une petite demi-heure. Je ne m'attendais absolument pas à cette déclaration qui, il faut le souligner, sortait de nulle part. Je suis resté silencieux un petit moment, comme pour digérer la nouvelle qui, je peux l'affirmer, me ravie maintenant que j'en ai pris toute la mesure.

23:27 - Léonore

Les minutes paraissent interminables maintenant qu'il me fixe, le visage inexpressif. J'ai l'affreuse impression d'avoir gaffé alors que rien dans ma réponse ne s'y prête. Je reste alors là, assise face à lui, à attendre que Monsieur daigne parler.
Lassée d'attendre dans une telle gêne, j'attrape mon sac et me lève brusquement.

" C'était une mauvaise idée, dis-je en farfouillant dans mon sac pour en extraire mon portefeuille."

Une fois trouvé, j'en extirpe quelques billets que je pose à la hâte sur la table et je continue dans mon élan pour fuir tout aussi rapidement cette salle qui me paraît désormais étroite et étouffante. Je serre la lanière de cuir entre mes doigts et marche, pour ne pas dire courir, jusqu'à la porte d'entrée que je pousse brusquement pour me retrouver projeter dans les rues de Paris. Je traverse sans regarder autour de moi et inspire avec avidité l'air frais de cette nuit d'été. Je suis aussi essoufflée et épuisée qu'un boeuf qui aurait couru un marathon. Je choisis de m'arrêter lorsque je juge être assez loin du restaurant et ce banc sur mon chemin finit de me convaincre. Je m'y assois pour reprendre ma respiration, disparue sans raison.

Le stress et l'angoisse sont plutôt de bonnes raisons tu ne trouves pas ?

Sérieusement ? Je soupire, exaspérée par mon propre comportement. Exaspérée par mon attitude de gamine enamourée.
À quoi t'attendais-tu ma fille ? Ce genre d'histoire, ça n'a lieu que dans tes romans. Je ferme les yeux et secoue la tête comme pour me sortir cette soirée de la tête.

23:59 - Ans

Ce retournement de situation m'a stupéfait. Je ne m'attendais pas à une telle fuite de sa part. Je n'ai toujours pas saisi la raison réelle de ce départ.

En même temps, ce n'est pas en restant muet comme une tombe que tu allais la convaincre de rester !

Merci pour ta lumière sur le sujet conscience.
Mais retournons à nos moutons. En la voyant partir avec précipitation, je suis resté abasourdi, comme hypnotisé par cette scène qui me paraissait irréelle. Et je n'ai pas eu la présence d'esprit de la rattraper.

Quel con !

Je suis resté assis, les yeux ronds comme des soucoupes, avant de prendre toute l'ampleur de la chose. Ce n'est qu'à cet instant que je suis sorti à toute allure, comme possédé. J'ai couru sans savoir où aller, passant plusieurs dizaines de fois dans les mêmes rues sans l'apercevoir. À bout de souffle, je me suis finalement arrêté en pleine rue et me suis assis sur le petit banc en pierre qui se trouvait sur ma route.
Et voilà où j'en suis désormais.
J'ai encore du mal à réaliser que cette soirée si parfaite a tourné au cauchemar en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Finalement je me retrouve assis là, dégoulinant de sueur et perdu en plein Paris alors qu'il est tout juste minuit.
Je soupire alors et essuie mon front du dos de la main avant d'appuyer mes coude sur mes genoux désespéré par mon comportement de cette dernière demi-heure.

00:01

À deux rues d'intervalle se trouvent nos deux protagonistes. La situation est assez comique vue sous cet angle. Ils sont tous deux assis dans la même position, chacun sur son banc respectif et ils ne se doutent à aucun moment que l'autre puisse être si proche après ce dénouement de soirée plutôt inattendu.
Mais tirer des conclusions hâtives ne serait pas judicieux.
Après tout, la nuit ne fait que commencer...

Et il créa Babygirl (ARRÊT PROVISOIRE)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant