Chapitre 1

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Je refermais mon ordinateur d'un coup d'un geste brusque avant de tirer mes cheveux. C'est nul, nul, nul, nul et archi nul ! Je soupirais longuement, passant mes mains sur mon visage fatigué et je me levais de mon bureau pour aller retrouver mon lit douillet et confortable. Quand j'écris, je ne vois pas du tout le temps passer et mon métabolisme ne me remercie pas pour ça, ni mon copain... D'ailleurs ce dernier râlait quand je m'installais près de lui.

-Tu te couches de plus en plus tard Louis...

Il soupirait longuement et venait se coller à moi avant de se rendormir. Quand tu n'es pas là, je fais des nuits blanches alors ne te plains pas, pensais-je alors que je passais un bras autour de lui. J'étais crevé et pourtant je ne trouvais pas le sommeil, et cela même à quatre heure et demi du matin... Mon cerveau a le don de me faire réfléchir sur ma vie quand je suis au plus bas de ma forme. Il y a de ça un an, j'arrêtais la fac de journaliste pour me lancer dans la grande aventure d'écrire un livre. Cette idée était en moi depuis toujours mais un jour j'en ai eu marre et je suis parti de la fac sur un coup de tête. Personne ne m'a soutenu à ce moment et même aujourd'hui d'ailleurs... En même temps, mon livre n'avance pas beaucoup mais c'est parce que le sujet est mon enfance. Bien sûr elle est écrite de manière plus romancée mais toutes les histoires dedans étaient vraies et mine de rien ça me remuait pas mal à chaque fois. Je pense que c'est aussi une sorte de thérapie que je m'inflige et je crois que j'avais besoin de poser des mots sur cette période assez douloureuse. Des fois je me mets en tête de retrouver mes parents biologiques mais finalement je me dis à quoi à bon ? S'ils m'ont abandonné dans cet orphelinat horrible c'est qu'ils ne voulaient pas m'avoir, alors pourquoi je reviendrais 20 ans après pour leur dire que je suis leur fils ? Johannah et Mark sont mes vrais parents, les seuls. Je suis un Tomlinson, point barre. Le réveil de Cameron résonnait dans la pièce et je grognais à mon tour. Il rit et venait m'embrasser avec son haleine fétide mais je ne le repoussais pas, au contraire, on finit même par faire l'amour.

-Merde je vais être en retard ! On se voit ce soir ?

J'hochais la tête et il m'embrassait une dernière fois avant de partir. Je me rallongeais au milieu du lit et je trouvais enfin le sommeil.

Ce qui est bien quand on arrête la fac et qu'on se lance à son propre compte, c'est qu'on n'a pas d'horaire. Je me couche tard ou tôt selon mes envies, pareil pour mon lever et je mange à n'importe qu'elle heure. Je viens de me réveiller, il est 15h passé et je mange un hot-dog avant d'aller chez mes parents. Je prenais le bus pour me rendre chez eux car Cameron avait pris ma voiture pour aller à son stage à la banque mais ça ne me dérangeait pas, au contraire, je trouve que les transports communs m'ouvrent l'imagination. Je regarde les personnes et j'imagine leur histoire. Par exemple, ce mec bourré qui regarde la route et qui rit de temps à autres, en réalité je suis sûr qu'il est triste parce qu'il a perdu sa femme ou parce que son fils ne lui parle plus. J'écarquillais des yeux quand il remontait sa manche courte en se grattant et que je vis une croix gammée. Ok, je préfère largement m'imaginer qu'il a perdu sa femme... Je soupirais longuement et finalement me concentrais sur ma musique tout en regardant dehors. J'arrivais dans le quartier huppé de mes parents, leur maison est gigantesque et je ne peux pas m'empêcher de sourire en voyant ma mère qui était devant, toujours dans ses fleurs. Elle faisait le cliché de la femme bourge qui ne travaille pas et qui s'occupe de ses crocus mais je l'aime ainsi. Je descendais à l'arrêt un peu plus loin, je retirais mes écouteurs et bien sûr, en arrivant j'eu un accueil chaleureux.

-Louis tu ne viens presque plus mon chéri... Tu m'as manqué.

Je la serrais contre moi en souriant et je lui embrassais la joue avec tendresse. Elle m'entrainait à la cuisine pour prendre un bon thé avec des petits gâteaux bien présentés sur une assiette au motif floral. Elle prépare toujours cette assiette le matin même, au cas où si l'une de mes amies du quartier passe à l'improviste, m'avait-elle dit un jour. Mon père arrivait alors que je soufflais sur mon thé à la framboise pour le refroidir. Je me levais et venais dans le bras imposants de mon père, il me tapait le dos de façon affective puis prenait un gâteau. Lui aussi était un vieux cliché de ce genre de quartier, toujours en costard, sauf les dimanches ou lorsqu'il va au golf avec des investisseurs, et toujours bien coiffé et rasé. Il est PDG d'une grande banque au centre de Londres donc forcément, il doit être bien apprêté.

-Alors fiston, comment avance ton livre ?

Je fis une moue qui voulait tout dire et malgré moi parce que si j'avais pu, j'aurais menti en disant qu'il avançait bien ou que je le peaufinais mais je n'ai jamais su mentir à mes parents. Du coup, je me tapais le serment habituel du « on te l'avait bien dit que c'était une mauvaise idée de te lancer là-dedans » et blablabla. A la fin je n'écoutais même plus.

-Tu es sûr que tu ne veux pas travailler avec ton père mon chéri ? Tu pourrais te faire un peu d'argent par toi-même...

Et voilà l'éternelle conversation que je redoute toujours quand je viens, et qui arrive quand je suis vraiment fatigué. C'est pour ça que je n'étais pas venu depuis un moment d'ailleurs... Je soupire longuement et je finissais mon thé avant de remettre ma veste. Je ne pouvais pas leur en vouloir parce que ce sont eux qui me payaient tout ce dont j'avais besoin, mon appart, mon argent de poche pour que je mange mais je ne demandais pas plus... Je faisais attention à l'argent qu'on me donnait et puis ce n'est pas comme si mon père allait être dans le rouge par ma faute.

-Je vais y aller...

J'embrassais ma mère et serrais la main de mon père comme je le faisais toujours puis je repartis vers l'arrêt de bus. Je me perdis dans mes pensées, en fait, je me rappelais d'une anecdote à l'orphelinat et je me demandais où je pouvais bien la mettre. Je relevais le regard en voyant le bus et je grimpais dedans. Je m'asseyais et enfonçais mes écouteurs dans mes oreilles quand je vis une masse de cheveux bouclés tourner au coin de la rue. Mon cœur ne fit qu'un bon et je criais au chauffeur de stopper le bus. On devait sûrement me prendre pour un mec dégénéré mais tant pis, et puis j'étais sûr qu'il n'y aurait aucune connaissance de ma mère vu que les bourges ne prennent pas les transports en commun, c'est bien connu... Je sortais en courant et je courais jusqu'à l'endroit où je le vis une minute plus tôt. Je suis sûr que c'est lui... Personne d'autre ne peut avoir des cheveux comme ça. C'est forcément lui. Je scannais les lieux et je le vis plus loin, emprunter une ruelle alors je courus au plus vite mais à chaque fois, je n'arrivais pas à le rattraper. Je finis par me retrouver dans un quartier malfamé. Les murs étaient tagués, par des noms de gangs sûrement, et des SDF me dévisageaient alors instinctivement –et malheureusement- j'enfonçais mes mains dans mes poches pour avoir la sécurité d'avoir mon téléphone. J'essayais de le retrouver dans cette foule et plus j'avançais, plus je me rendis compte que j'étais dans Poortown. Ce n'était pas le vrai nom de ce quartier mais depuis quelques années, les plus pauvres de la ville vivaient ici, en communion avec les drogués, les alcooliques et les gangs, c'est pour ça que les médias l'avaient renommé ainsi. Mon cœur battait à mille à l'heure. J'avais déjà lu des articles qui concernaient ce quartier mais jamais je ne me serais rendu dans ce lieu en mon plein gré. En plus, ça se voit que je suis riche et depuis tout à l'heure, je me sens suivis. Putain Louis mais pourquoi tu n'as pas réfléchis pour une fois ?! On me touchait l'épaule et comme une lavette que je suis, je sursautais. Je me retournais pour faire face à la personne qui m'avait happé et je tombais nez à nez avec des prunelles vertes que je n'ai jamais pu oublier.


Laugh, I nearly diedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant