Laugh, I nearly died

Chapitre 20

Je n'eus même pas le temps de crier d'effroi qu'il me tombait dans les bras. Il puait l'alcool aussi. Surtout, ne pas paniquer. Reste calme Louis... Je le trainais tant bien que mal jusqu'à ma chambre et il reprenait connaissance quand je l'allongeais sur le lit. Il gémissait qu'il avait mal et puis se mit à pleurer encore. Je courais alors jusqu'à la salle de bain et j'allais lui chercher des anti douleur ainsi qu'un verre d'eau.

-Prends ça.

Il prenait la pilule en se foutant de l'eau partout car ses sanglots avaient rendu sa respiration haletante. Je ne savais plus quoi faire, je n'étais pas habitué à ce genre de situation bordel ! Ok, je crois que je panique... Il me prenait la main, ce qui me faisait revenir à la réalité et je m'asseyais auprès de lui. Je soulevais son t-shirt avec les mains tremblantes et je faillis vomir en voyant la plaie. Il s'était fait tiré dessus !

-Il faut que je t'emmène à l'hôpital Harry...

-Non !

Criait-il, ce qu'il lui valut un gémissement de douleur. Je le regardais, suppliant et les larmes aux yeux mais rien n'y faisait, il ne voulait pas aller à l'hôpital. Qu'est-ce que je dois faire ? lui avais-je demandé et il me donnait une liste de course à faire au plus vite. Maintenant, à 23H30 ! Je mordais ma lèvre et après une hésitation, j'allais lui chercher ce dont il avait besoin, c'est-à-dire, fil de nylon, du désinfectant, une aiguille et une bouteille de vodka. Je revenais vers minuit en priant qu'il ne soit pas mort sur mon lit mais je fus rassuré –à moitié- quand je l'entendais pleurer.

-Je suis là...

-Vodka !

Je lui passais vite la bouteille et il en buvait plusieurs gorgées. On se regardait un instant et lorsque j'allais lui poser des questions sur le pourquoi du comment , il m'interdit de le faire. Il prenait ensuite l'aiguille et le fil qu'il désinfectait et là je percutais réellement ce qu'il voulait faire.

-Mais tu vas pas te recoudre tout seul !

-Bien sûr que si !

-Bien sûr que non ! Ca va te tuer ! Alors arrête de faire le gamin et je t'emmène à l'hôpital.

J'allais prendre son bras mais il me bloquait, serrant sa mâchoire et en ayant un regard menaçant. Pour le coup, il me fit un peu peur... Quand il le vit, il s'excusait et se radoucissait.

-Je ne peux pas y aller Lou... Je l'ai déjà fait, je te le jure...

Je n'y croyais pas trop mais il avait l'air convaincu. Il commençait à implanter l'aiguille dans sa peau et je cru vomir encore une fois. Je pleurais en silence également parce que j'avais l'impression d'être dans un thriller pourri avec le cliché du gangster qui va chez son ami clean pour se faire soigner.

-Lou... Il f...

Je tournais le regard vers lui, ne comprenant pas pourquoi il ne finissait pas sa phrase mais c'est parce qu'il avait tourné de l'œil. Je le secouais mais il ne se réveillait pas, heureusement qu'il grognait un peu parce que j'aurais cru qu'il me crevait dans les bras. J'appelais donc ma mère en catastrophe.

Elle se nettoyait les mains dans la salle de bain, elle venait de recoudre Harry. Je voyais bien son visage fermé et sa colère qui transperçait ses yeux. Ma mère était infirmière mais elle avait arrêté quand j'avais eu mes problèmes de dépression. C'était incroyable comment elle pouvait passer pour la mère au foyer prout prout en Louboutin à l'infirmière qui a du caractère et qui ne panique pas dans le feu de l'action. J'avais l'impression qu'elle était une toute autre femme. Elle éteignait le robinet et en se retournant, elle me mit une gifle cinglante.

-Mais ça va pas ?!

C'était la première fois que je me recevais un claque par elle, depuis que j'ai été adopté même. J'avais les larmes aux yeux et même si j'avais décelé une pointe de regret dans son regard, elle ne venait pas s'excuser ou me prendre dans ses bras.

-Non ça ne va pas Louis, dit-elle froidement. Tu as un homme en sang dans ton lit, qui s'est pris une balle dans l'abdomen et tu crois ça normal ?!

-Non bien sûr que non mais j...

-Il n'y a pas de « mais » Louis ! Il n'est pas de bonne compagnie, crois moi.

-Mais il est mon ami ! Je n'allais pas le laisser crever à ma porte sous prétexte que tu ne veux plus que je le vois ! Je n'ai plus dix ans maman ! Merde !

Elle m'avait mis en colère... Peut-être qu'il fait des choses pas très légales et que ça lui avait valu une balle mais, il est mon ami, il me comprend et tout comme lui, je ne devrais pas le juger sur autre chose que sa personnalité...

-Je veux que tu partes.

Elle failli protester mais n'en fit rien. Finalement, je crois que je préfère quand elle est passive et qu'elle me couvre de gâteau... Elle prenait sa veste et claquait la porte. Je retournais auprès d'Harry et je regardais son visage endormi. Ma mère avait dû recoudre son arcade également mais avec du fil chirurgical qu'elle avait à la maison et pas avec du vulgaire fil de nylon. Je le regardais ainsi pendant de longues minutes, en pleurant et en me demandant comment il avait pu en arriver là. Qui lui avait fait ça ? Pourquoi on lui avait tiré dessus ? Est-ce qu'il vit ça au quotidien ? Et s'il avait été adopté à ma place ? Et si on avait été adopté tous les deux ? Trop de « si » pour vouloir changer le monde... Au moins, le fait de le regarder ainsi et de me poser de tonne de questions, m'avait permis de me promettre une chose : j'allais le sortir de cette merde.