Chapitre 30 : La lettre

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Mon ange,

Aujourd'hui tu sors de prison après huit longues années... Je ne suis jamais venu te voir là-bas et je ne t'ai jamais écrit non plus. Je suis désolé pour tout ça mais je n'ai pas eu le choix... Pour je ne sais quelles raisons, ton avocat m'a interdit de faire tout ça et j'ai regretté tous les jours de ne pas m'être plus battu que ça pour avoir la possibilité de te voir ne serait-ce qu'une fois. Heureusement, il me donnait des nouvelles, au moins je savais que tu te portais bien et que tu étais toujours vivant mais, tu as dû te sentir abandonné, je t'ai abandonné encore une fois... J'étais plus que malheureux, je me rattachais aux peu de nouvelles de ton avocat et à mon livre. Tu sais le livre sur lequel je travaillais, c'était sur nous, encore. En fait c'était une suite à mon premier... J'ai raconté notre amour, tous les moments qu'on a passé ensemble. J'ai raconté ton histoire aussi et ton avocat m'avait dit que mon livre était un témoignage sur qui tu étais vraiment. Les jurés ont pris en compte tout ça il y a de cela quatre ans et ils voulaient te faire sortir mais finalement se sont résignés car tu te battais trop en prison. Ils te disaient insoutenables... Au début je t'en voulais car je me disais que tu ne faisais pas d'effort pour que tu puisses sortir de là le plus vite possible afin de me rejoindre mais après, j'ai compris qu'on extériorisait tous notre peine d'une manière différente. Peut-être que je me trompe, j'en sais rien...

J'ai vraiment du mal à écrire... C'est bizarre pour moi de me dire que tu vas bientôt tenir cette feuille entre tes mains et que je ne serais plus là. J'habite aux États-Unis depuis ton enfermement. Je ne pouvais pas rester dans notre maison sans toi et huit ans après, je suis de nouveau ici. Je sais que ce n'est pas le cas mais pourtant j'ai l'impression de sentir l'odeur de tes cupcakes que tu avais fait le matin même, avant que tu partes. La chambre à toujours ton odeur, je suis resté de longues minutes à pleurer en serrant ton oreiller. J'ai beaucoup pleuré ces dernières années, même là je pleure encore en t'écrivant et je suis épuisé...

Désolé, je me suis arrêté un instant pour me calmer. Je ne sais même pas pourquoi j'écris ça parce que tu dois lire tout ça d'un coup, sans voir que j'ai fait une pause. Bref. Je suis sur le canapé maintenant, le cuir est froid et poussiéreux. Je n'aime pas l'ambiance qui règne dans la maison, elle parait sans vie, et je crois qu'elle l'aurait été même si j'étais resté. Elle n'aurait plus les bonnes odeurs des plats que tu prépares, elle n'aurait plus de chaleur, il n'y aurait plus l'écho de ton rire, de nos rires, mais juste de mes pleurs. C'est idiot mais même nos disputes me manquent, enfin, nos petites du moins. Je me rappelle de la fois ou tu avais mangé tout le gâteau au chocolat alors que je t'avais dit de m'en garder une part. Tu étais devant moi à me jurer sur notre futur chien que tu n'avais pas mangé ce gâteau alors que tu avais encore une tache de chocolat au coin de tes lèvres. Quand je te l'avais fait remarqué, on avait tellement rit et c'était presque toujours comme ça, on s'engueulait jamais trop longtemps parce qu'on s'aimait trop, même quand on s'engueulait pour des choses importantes, on n'arrivait pas à s'en vouloir plus d'une journée. Je sais que j'ai été dur à vivre, surtout quand j'allais mal... Mais tu as toujours été là pour moi, tu n'es jamais parti, tu ne m'as jamais dit que j'étais insupportable à cause de ça, tu m'as toujours relevé. Je t'aime Harry et ce n'est même pas assez pour décrire réellement ce que je ressens pour toi... Tu es l'amour de ma vie.

J'ai refait une autre pause pour aller fumer et du coup, je suis sur la terrasse maintenant. Cette vue m'avait manqué mais ce que j'aimais particulièrement quand je regardais dehors, c'était toi. J'aimais te voir courir au bord de la mer, te voir nager, ou tout simplement te voir assis, sur le sable à penser. Cet endroit était pour toi, ce que mon bureau est pour moi. D'ailleurs des fois, je me stoppais d'écrire, juste pour te regarder par la fenêtre et je perdais du temps mais je n'étais même pas énervé parce que tu m'offrais un beau spectacle. Tu as ce truc en toi qui hypnotise, même mes parents le disaient. Que tu parles ou nous, tu es fascinant.

Je suis déchiré... J'aimerais bien rester ici après avoir écrit cette lettre, même j'aimerais juste déchirer cette lettre et t'attendre. Je veux te revoir, je veux te toucher, me dire que ça y est, on peut être de nouveau ensemble, je veux goûter à tes lèvres de nouveaux... La sensation de nos baisers ne s'est jamais effacée mais parfois, j'ai du mal en m'en souvenir car notre dernier remonte il y a huit ans... Mais je ne peux pas rester, je dois retourner chez moi, à New-York. J'ai sorti un nouveau livre au début du mois, cette fois il n'est pas sur nous, c'est juste de la fiction. Il faut que je rentre, même si je ne le veux pas mais je me dis que la vie nous a séparés une fois pour qu'on se retrouve donc si elle nous a séparés une autre fois alors si la logique est bonne, on se retrouvera. J'aime penser que le destin nous réunira de nouveau. En attendant ce jour, je ne cesserais jamais de t'aimer, je n'irais voir personne d'autre. Je t'attendrais juste. Il n'y a que toi.

Je t'ai laissé de l'argent sur la table, sans doute assez pour au moins cinq ans mais c'est pour que tu prennes le temps de te réinsérer dans la société et que tu trouves un travail ou alors avec tout cet argent, tu peux facilement créer ta boulangerie. C'était ton rêve alors lance toi.

J'ai gardé Bidouille aussi, pendant toutes ces années. Je l'avais attaché à mon poignet, comme ça, j'avais une partie de toi avec moi. J'espère que tu ne m'en veux pas de le garder... Bref, je vais aller finir de tout préparer pour ton retour, je vais faire le ménage et te commander à manger afin que tu sois bien.

Ne m'en veux pas parce que je ne reste pas... Je sais que ça peut paraître idiot parce que depuis tout à l'heure je te dis que je veux te revoir, que je veux t'aimer encore et encore mais qu'au final, je n'attends pas ton retour. Rien que de l'écrire ça rend la chose encore plus conne et insensée mais, tu ne peux pas quitter le pays. J'habite à New-York maintenant, j'ai trouvé un job, je suis chroniqueur dans un journal, j'ai des fans qui veulent me voir pour que je signe leurs livres et j'ai des amis, des vrais. Je suis encore jeune, j'ai 33 ans, ma carrière est florissante. J'ai besoin d'avoir tout ça, comme j'ai besoin de t'avoir mais je sais que si je te vois aujourd'hui, je pourrais tout abandonner pour tes jolis yeux et ton sourire envoutant. Je sais qu'on se reverra, c'est pour ça que je ne me fais pas de soucis...

Je t'aime comme au premier jour mon ange et j'espère que ce sera toujours le cas pour toi. Avec cette lettre, je te laisserais une photo de nous et une de moi.

Ne m'oublie pas... Sache que ce n'est qu'un au revoir, pas un adieu.

Avec tout mon amour.

Ton Lou.


Laugh, I nearly diedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant