Epilogue

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Je me suis toujours imaginé le jour on l'on se reverrait. Je me suis toujours dit qu'on se rencontrerait au coin d'une rue de Londres ou alors que je reviendrais chez nous... Au début, on aurait du mal à se reconnaître mais j'aurais reconnu ses yeux verts et lui mon sourire qu'il disait tant aimer. On se serait jeté l'un sur l'autre, nous prenant dans les bras et ça aurait été comme une renaissance. On aurait pleuré évidement puis on se serait embrassé comme des fous, s'en fichant que tout le monde nous regarde, ou alors si c'était dans notre maison, s'en fichant qu'un vase tombe par notre spontanéité et notre fougue. Ce baiser aurait été parfait, comme dans mes rêves. On se serait reculé un instant pour qu'on se regarde bien en détail. On aurait ri parce que je lui ai fait remarquer ses cheveux blancs et lui mes rides. On aurait ri parce qu'on est heureux. Heureux de se retrouver enfin, après toutes ces années et que le temps qu'on avait passé seul, à souffrir de l'absence de l'autre, aurait été effacé en un clin d'œil. On n'aurait pas parlé dès le début, on est charnel et on a besoin de se retrouver physiquement, alors on aurait fait l'amour, sans doute plusieurs fois, dans tous les sens, dans toutes les positions et dans toutes les pièces de la maison. On se serait posé dans notre lit, nous reposant après tant d'effort mais sans pour autant dormir. On se serait regardé en détail, souriant et s'embrassant encore comme des adolescents. Je lui aurais dit qu'il est beau, même s'il a les cheveux courts, ou longs, ça dépend mon imagination. Lui aurait dit qu'on est des vieux et que ça lui fait chier de vieillir mais que la vieillesse me va bien, que je suis encore magnifique, comme il me disait à l'époque. J'aurais ri nerveusement, il m'aurait embrassé. On aurait mangé ensuite, une pizza, elle n'aurait pas été délicieuse mais on s'en serait contenté car rien ne pourrait gâcher cette journée. On aurait été sur la plage, soit à marcher main dans la main, soit assis sur le sable. On raconterait nos vies, ce qui s'est passé durant l'absence de l'autre. Il aurait été fier de moi, de mon succès, et moi fier de lui pour la boulangerie pâtisserie qu'il avait ouverte. Après toutes ces années, je le vois encore derrière son comptoir, la farine dans les cheveux ou sur ses mains, souriant car il avait créé de nouveau parfum pour ses cupcakes. D'ailleurs après la plage, il m'en aurait fait, me faisant gouter un à un ses nouveautés. J'aurais eu un peu mal au ventre après avoir ingurgité tout ce sucre mais ses pâtisseries sont tellement délicieuses, que la gourmandise prend vite le dessus sur la faim. En fin de soirée, on se serait posé sur le canapé à parler de chose plus sérieuse comme son séjour en prison ou sur mon départ. Il m'aurait dit qu'il avait beaucoup souffert en lisant ma lettre parce qu'il aurait aimé me répondre ou me voir, ne serait-ce qu'une seconde. Je lui aurais réexpliqué mes choix, il m'aurait dit que c'était le passé et que même s'il n'a pas compris mon choix, avec le temps, il avait su l'accepté. Je lui aurais dit que pas une minute de ma vie, je n'avais cessé de penser à lui et il avouerait que lui aussi, il n'avait fait que penser à moi. On se serait pris dans nos bras, diminuant la tension et la tristesse de cette conversation. On se serait embrassé, d'une manière forte, comme pour nous promettre que ne plus jamais on ne se séparerait. Puis, on serait reparti sur des sujets de conversations léger, je lui montrerais Bidouille, son fidèle doudou qui est resté accroché à mon poignet depuis que je suis parti. Lui m'aurait raconté ses péripéties à sa boulangerie, comme, son four qui le lâche un matin et donc il a du cuir son pain aux micro-ondes. Je ne l'aurais pas cru et on aurait ri encore et encore. On serait allé se coucher en sachant que l'un et l'autre serait toujours présent au réveil. On se serait dit je t'aime...

Je n'ai jamais revu Harry.


Laugh, I nearly diedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant