Je me réveillais en sursaut. J'avais rêvé qu'on me tirait dessus une nouvelle fois et que Louis était là, devant moi, impuissant. Il essayait de me sauver mais c'était trop tard, la balle avait traversé mon ventre, ressortant dans mon dos et c'était fini.... J'essuyais mes larmes et je grimaçais de douleur, ma blessure me faisant un mal de chien. Bon, au moins ça prouvait bien que j'étais vivant parce que lorsqu'on est mort, on ne souffre plus. Je grognais, essayant de me lever mais Louis était sur moi, me tenant comme une peluche. Il avait la bouche entre ouverte, ronflait un peu. Il marmonne aussi. Je le regardais un moment, caressant son dos avec douceur. Hier, j'avais voulu l'embrasser et je crois que lui aussi le voulait mais, j'ai fui comme un lâche, tout simplement parce que j'avais peur de la suite. J'ai eu une seule relation sérieuse dans ma vie mais elle était camée et à mal fini... J'ai préféré tout arrêter avant que j'apprenne un beau jour qu'elle était morte d'une overdose, au détour d'une ruelle. Le jour où je lui avais annoncé que je la quittais, elle était tellement droguée qu'elle m'avait ris au nez en disant que ce n'était pas grave. Au fond, je crois que j'avais été le seul à souffrir dans cette relation. En même temps, j'avais seize ans et elle, en avait vingt-cinq. J'en ai dix-huit –bientôt dix-neuf- mais j'ai l'impression d'en avoir trente. Je crois que la rue, ça forge et qu'on grandi beaucoup plus vite, qu'on devient mature plus rapidement.
Ca m'avait fait du bien de parler de ma vie à Louis, je n'ai jamais eu quelqu'un à qui vraiment me confier et quand je le faisais, on me disait que c'était normal parce que c'est la vie et que si je veux m'en sortir, je devais passer par là... Mais c'est faux, une fois qu'on rentre dans ce genre de milieu, on ne peut pas en sortir... Ou ceux qui y arrivent, on vraiment de la chance. Je crois que Louis est ma chance...
La douleur se faisait insoutenable, il avait bougé et sa main se pressait au niveau de ma blessure.
-Lou... ? Lou ? Louis !
Il se réveillait, levait la tête avec ses cheveux en bataille et ses yeux à moitié ouverts. Je le trouvais à la fois adorable et drôle.
-Quoi ? Quoi ? Je ronflais pas j'te jure !
Je ris mais je grimaçais car ça me faisait atrocement mal. Je lui disais alors qu'il était sur moi et qu'il avait appuyé sur ma blessure. Il paniquait d'un coup, s'enlevant de moi. Il regardait mon pansement puis posait ses mains sur mes joues, voyant que je saignais un peu.
-Je suis désolé Haz, je suis désolé désolé désolé...
Avant même que je puisse répondre que ce n'était pas grave, il posait ses lèvres sur les miennes. J'écarquillais des yeux, ne comprenant pas réellement ce qu'il se passait et il reculait d'un geste vif, passant ses mains dans ses cheveux, les tirants légèrement. Il semblait aussi dérouté que moi par son geste. Il balbutiait des excuses mais je m'en fichais, moi j'en voulais plus.
-Lou...
Je le regardais, prenant sa main en le tirant doucement vers moi, pour ne pas le brusquer et il se laissait faire. Je posais mes doigts sur sa nuque, la caressant et il se rapprochait de lui-même pour m'embrasser de nouveau. On restait un moment ainsi, je profitais de la douceur de ses lèvres puis le baiser s'accentuait un peu plus. Il entrouvrit sa bouche et je fis de même pour lui donner accès à sa langue. On s'embrassait langoureusement quelques secondes et je grimaçais. Il le sentit parce qu'il coupait vite court à ce moment de tendresse, ayant un regard de paniqué.
-Merde je t'ai encore fait mal ?
Je secouais la tête en souriant et caressant son bras. Je lui précisais juste qu'il puait de la gueule, qu'on puait de la gueule tous les deux et on partait dans un fou rire incontrôlé, sans doute un peu nerveux. On allait alors dans la salle de bain, il m'aidait à marcher et m'assoir sur la cuvette. Il me passait une brosse à dent neuve et on se hâtait à se laver la bouche, comme si on se pressait pour s'embrasser de nouveau. En tout cas, moi je le voulais...
-Viens, je vais te refaire ton pansement.
Je me levais difficilement, crachant le dentifrice dans le lavabo et me rinçant la bouche puis on retournait dans la chambre. Je me rallongeais et il soulevait mon t-shirt pour me retirer l'ancien pansement et me désinfecter. Si j'avais été dans un meilleur état, je crois que j'aurais pu lui sauter dessus mais je me contenterais juste de ses lèvres pour l'instant. Je le regardais se concentrer sur ma plaie pour ne pas me faire mal et des fois il avait des petits rictus de dégoût qui me faisait sourire. Je crois que je pourrais me laisser aller avec lui... Je me sens tellement bien quand on est ensemble et surtout, je me sens moi-même. J'ai pas besoin de jouer les gros durs avec lui et il ne me jugera pas si je craque... Là-bas, je n'ai pas le droit de montrer des faiblesses, sinon, tu te faisais plus respecter.
-Merci Lou...
-J'ai pas fini Harry.
Dit-il en riant mais lorsqu'il croisait mon regard, il comprit et rougit légèrement. Je le remerciais d'être là pour moi, pas seulement pour refaire mon pansement, mais pour le fait d'être à l'écoute, de ne pas me juger et de m'accepter comme je suis. Il haussait les épaules, mettant le dernier sparadrap pour tenir le pansement puis il remontait pour venir s'allonger auprès de moi. On se regardait un instant en silence –on avait tendance à le faire beaucoup mais c'est ce que j'aimais- puis je me perdais une nouvelle fois dans ses lèvres. C'est lui qui avait fait le premier pas, je pense que ça compte pour lui que je ne force rien les choses, que je laisse venir par lui-même... J'avais cette peur tout de même parce que je commençais à vraiment tenir à lui, comme avant, mais aussi avec cette nouveauté qui te chatouille le ventre mais je n'ai pas peur d'avoir peur, jamais avec lui.

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Laugh, I nearly died
FanfictionSt Georges est réputé comme le meilleur orphelinat de l'Angleterre et par le malheur des choses, deux gosses s'y retrouvent. Cependant, on peut dire parfois, "c'est un mal pour un bien" et les deux garçons se rencontrent. Le plus âgé protège le plus...