Harry #5

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Je l'avais fait, j'avais quitté toute cette merde et c'était grâce à Louis. On s'était barré de Londres tous les deux, comme ça, un matin. On avait passé toute la journée sur la route avant d'arriver dans la maison de vacances de ses parents. Je pensais au début qu'on allait passer que quelques jours ici mais non, ça fait bientôt trois mois qu'on est là et cette vie me plait. Le matin on petit déjeune sur la terrasse, regardant la mer monter et descendre, on passe ensuite le reste de la matinée au lit, à s'embrasser, se toucher. L'après-midi, pendant que Louis travaille sur son livre, moi je fais du sport, courant devant chez nous, sur le sable ou je regarde la télé, somnolant de temps à autres. C'est vrai que dit comme ça, notre vie parait ennuyante mais j'aime avoir une routine, j'en avais jamais eu avant ou alors c'était une routine malsaine. Là, je suis au calme, auprès de la mer et auprès de mon petit ami. Cependant, depuis trois jours, quelque chose ne va pas chez Louis... Il était retourné à Londres voir ses parents pour leur parler de leurs problèmes d'argent et dès qu'il était rentré, il s'était enfermé dans son bureau. Chaque jours, je fais une tentative avant d'aller me coucher pour qu'il mange un peu ou qu'il vienne dans notre lit mais il m'ordonne à chaque fois de le laisser tranquille... Il m'inquiète tellement que j'ai une boule au ventre dès que je me réveil. J'en ai marre de manger seul ou de dormir seul, ne sachant même pas ce qui le tourmente. Ca fait une demi-heure que je zappe entre toutes les chaines, soupirant grossièrement et clairement, ça me bouffe. D'un coup un gros boum retentit dans le bureau de Louis, je me lève d'un coup, courant jusqu'à là-bas et essayant d'ouvrir la porte mais impossible, elle est verrouillée.

-Louis ?! Lou ?! Tout va bien ?!

Un autre gros boum. J'essaye d'ouvrir la porte et je commence à paniquer, surtout que je l'entends pleurer. Je le supplie d'ouvrir la porte mais il me dit encore de le laisser seul et la deuxième fois, il me dit clairement d'aller me faire foutre et de dégager. Mon cœur bat vite tellement que j'ai peur... Pas peur de lui non mais peur de ce qu'il pourrait faire ou se faire... Quand on est arrivé ici, le soir-même lorsque je me brossais les dents, il avait pris un médicament. Il a été vite sincère envers moi en disant que c'était des antidépresseurs, qu'il n'était pas suicidaire mais juste qu'il avait des tendances dépressive récurrente. Dans la nuit, pendant qu'il dormait, j'avais emprunté son téléphone et j'avais cherché sur internet des informations sur sa maladie, parce que oui, clairement, la dépression est une maladie. Il n'a peut-être pas des pensées suicidaires comme il me l'avait dit mais il se laissait quand même mourir en ne faisant plus rien de ses journées, restant enfermé sur lui-même et en se nourrissant plus... Je lui demandais une nouvelle fois à ce qu'il ouvre la porte mais je n'avais plus aucune réponse alors j'allais chercher un couteau pour ouvrir le verrou.

-Lou...

Je lâchais le couteau et me précipitait vers lui. Il était allongé par terre, recroquevillé comme un enfant au sol, se tenant le ventre et en pleurant. Je posais ma main sur son épaule et il réagit comme si je venais de l'attaquer... Comme si le fait de le toucher lui faisait peur.

-C'est moi mon ange... C'est moi.

Je passais mes bras autour de lui et il s'accrochait à moi, me serrant fortement. Je le soulevais et je le portais jusqu'à la salle de bain. Je le posais sur la cuvette des toilettes et je lui préparais un bain. Il puait, forcément après trois jours enfermé dans son bureau. Je jetais un œil en sa direction, il pleurait toujours en essayant de se cacher un peu en tournant son visage à l'opposé de moi. Je m'accroupissais devant lui et je prenais sa main. Il me donnait aucune explication concrète sur son état alors je préférais ne pas insister, il m'avait juste répondu qu'il était fatigué. Il se déshabillait et rentrait dans l'eau, je restais avec lui, hors du bain à lui parler de mes journées passées sans lui. Je lui disais que j'avais vu un chien et que j'aimerais bien avoir un chien, avec lui mais il ne réagissait pas, en fait je crois qu'il ne m'écoutait plus, il semblait ailleurs. Après le bain, on allait se coucher. Pour une fois, il venait dans mes bras, d'habitude je suis la petite cuillère mais ce soir, il me fait comprendre qu'il a besoin de moi, il a besoin de se sentir en sécurité. Je lui caresse le dos, ses cheveux ou sa nuque jusqu'à ce qu'il s'endorme. Par contre, pour moi, il est impossible de fermer l'œil, je m'inquiète trop... A un moment, il bouge alors je profite pour partir du lit et d'aller dans son bureau. Je remets son bureau en place, sa bibliothèque également puis je ramasse son ordi. J'ouvris ce dernier et je tombais sur la dernière page qu'il avait écrite et... Je m'effondrais en la lisant. Je comprenais mieux certaines chose maintenant, je comprenais pourquoi il n'était jamais revenu à l'orphelinat, pourquoi il était dépressif... E fait, je comprenais mieux pourquoi il était celui qu'il était aujourd'hui en fait. Je fermais l'ordi après avoir enregistré son travail et je retournais auprès de lui dans le lit. Il ne faisait pas de bruit et était dos à moi mais il ne dormait pas, son corps sursautait de temps en temps. Je posais ma main sur sa hanche et j'embrassais son épaule.

-Tu as lu... ?

-Oui... Pourquoi tu ne m'as pas dit ?

Il se retournait, ses yeux étaient rouges et inondés de larmes. J'essuyais celles qui roulaient sur ses tempes et je caressais sa joue.

-Tu crois que c'est facile de dire que je me suis fait... Violé ?

Je voyais bien dans ses yeux toute la souffrance qu'il avait et ça me donnait un mal de ventre incroyable. En fait, je ne savais pas quoi dire, qu'est-ce qu'on peut bien répondre à une telle nouvelle de toute façon ? Désolé ? Non... Un désolé ne suffirait pas à apaiser sa peine... Excuse-moi de n'avoir rien vu ? Non plus... Je ne peux pas refaire le monde avec mes regrets et puis qu'est-ce que j'aurais bien pu faire à cet âge ? Je n'aurais sans doute pas compris...

- C'est pour ça que tu n'es plus jamais venu me voir là-bas ?

-Non... Fin si... En fait j'avais peur de découvrir qu'elle t'avait fait la même chose...

Dans son regard, je voyais qu'il me posait la question indirectement et je le répondais que non, je n'avais pas été violé. Il hochait la tête et soupirait longuement en essuyant ses larmes avec sa manche de t-shirt.

-Je sis désolé de n'être pas revenu... Elle aurait pu te faire du mal aussi et j'aurais dû en parler mais je n'arrive pas... Tu es la première personne à qui j'en parle en fait mais si j'en avais parlé peut-être que j'aurais pu éviter que ça arrive à d'autres gamins.

-Lou c'est bon mon ange... Ne te sens pas coupable d'accord ?

-Si je me sens coupable parce que par mon silence, d'autres on vécut la même chose que moi et je le supporte pas... J'ai ça sur la conscience depuis dix ans et... J'en peux plus...

Je caressais ses cheveux alors qu'il se remettait à pleurer. Voir Louis pleurer c'est comme si... Je ne sais pas... Comme si d'un coup, tout le monde entier devenait gris et morose... Il est tellement lumineux dans ma vie que d'assister à ça, me fait vraiment mal au cœur. Je ne savais même pas quoi lui dire de plus en fait... Alors je suis là pour lui pour l'instant et on avisera demain.

-Je t'aime.

Il me regardait bizarrement au début puis il pleurait encore plus alors je commençais à paniquer en pensant que j'avais dit quelque chose de mal parce que c'était la première fois que je lui disais et que ouai, peut-être que la situation était mal venue pour lui dire maintenant mais j'en avais ressenti le besoin de lui dire parce que je voulais qu'il sache que j'étais là et que je lui ferais pas de mal et que ouai je l'aime et que j'avais envie de lui dire tout simplement !

-Je t'aime aussi.

Me disait-il entre deux sanglots avant de venir dans mes bras. Il me serrait fortement encore et j'enfouissais mon visage dans ses cheveux. On finit par s'endormir ainsi, le cœur lourd à cause de la tristesse mais moins douloureux grâce à notre amour.


Laugh, I nearly diedOù les histoires vivent. Découvrez maintenant