Chapitre 4

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Betty ne sembla pas ravie d'apprendre qu'elle avait rejoint "les boursiers" le matin même, mais Kacey fit mine de l'ignorer. Elle les trouvait plutôt sympa. Surtout Elonie, en fait.

Et Robin?

Les jumeaux entrèrent dans la classe juste avant que le prof n'arrive et l'autre garçon arriva en retard, comme souvent. Elle avait eu le temps de remarquer, en une petite semaine, que l'adolescent se débrouillait systématiquement pour arriver pile à l'heure ou un poil en retard. Elle ne savait pas ce qu'il faisait tout seul pendant ce temps-là, mais c'était assez répétitif.
Le professeur ne daigna même pas lui jeter un regard, et Kacey se demanda ce qu'il avait pu faire pour que tout le monde soit à ce point blasé de sa présence. C'était étrange la façon dont on le laissait se balader ainsi dans les couloirs, ne suivre aucun cours, ne faire aucun devoir. Il était comme un somnambule, avec sa capuche sur la tête.

À croire qu'il ne se réveillait que la nuit...

Elle avait beaucoup plus de mal à le surnommer gringalet depuis qu'elle l'avait vu se battre avec un homme armé à main nue. Quelque chose dans sa tête déraillait, comme si elle ne savait plus voir Robin comme le petit gars associal, mais plutôt que comme le garçon mystérieux qui semblait jongler avec les apparences et les endroits sombres.

Or, ce n'était pas bon. Pas bon du tout, même.

Elle tapotait son stylo contre sa lèvre, perdue dans ses pensées. Et lorsque la fin du cours sonna, Betty l'entraîna rapidement par le bras hors de la classe.

-Mais qu'est-ce qui se passe?», plaisanta doucement la jeune-fille face au comportement de sa copine.

Celle-ci l'entraina suffisamment loin et finit par la lâcher.

-Mais enfin, Kacey, je t'ai dit qu'ils n'étaient pas fréquentables!», lui chuchota-t-elle furieusement alors que son amie écarquillait les yeux sans comprendre.
-Ils m'ont paru normaux, à moi, déclara la jeune-femme au haussant des épaules.
-Mais tu ne comprends pas, tu n'habites pas le quartier, tu ne....», commença alors sa voisine de classe.
-On essaye de monter la tête aux nouvelles, BettyBête?», lâcha une voix narquoise dans son dos.

Prise en flagrant délit, celle-ci se tourna pour fixer Robin, nonchalamment appuyé contre les casiers. Il affichait un petit air amusé, comme si l'idée qu'elle s'accapare Kacey était très drôle.

-Qu'est-ce que tu lui as dit sur nous?
-La vérité, Robinet, répliqua-t-elle alors que Robin levait les yeux face au surnom ridicule.
-Qu'on était boursier, je présume?», rétorqua-t-il en posant son regard désarçonnant sur l'autre jeune-fille, qui se contentait d'observer la scène sans intervenir.
-Tu le nies?
-Non, je n'ai pas honte d'où je viens, contrairement à toi, cracha-t-il en s'éloignant et Kacey fut surpris de l'éclat qui avait illuminé le regard du garçon, pendant une nanoseconde.

Betty ferma les yeux pendant quelques secondes avant d'oser affronter le regard de sa nouvelle amie. Mine de rien, une semaine laissait le temps de tisser des amitiés, et elle s'était attaché à Kacey. Ce n'était pas vraiment une amie, mais elle avait appris à apprécier à sa présence discrète.
Peu à peu, ses sourires avaient été sincère, et sa tendresse aussi. Elle aimait bien cette petit maladroite qui pouvait être dans la lune durant des heures et se prendre la première boîte au lettre sur son chemin. Cela lui donnait un petit côté un peu gamine qu'on finissait par vouloir protéger.

Et c'était pour cela qu'elle ne pouvait pas laisser Robin s'approcher. Il ne protégeait rien, il les faisait couler.

RobinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant