Robin

Chapitre 25

-C'est vrai que c'est joli, Robin, bredouilla la jeune-fille, sans savoir quoi répondre.
-Tu le connais bien, ce garçon?

Kacey fronça les sourcils, et prit son verre en main pour boire une gorgée. Cela lui donna le temps de savoir quoi répondre.

-Oui, il est dans ma classe depuis la rentrée.
-Ton nouveau lycée?

Elle hocha de la tête et baissa les yeux vers les couverts sur la table. Lorsqu'elle vit les serveurs arriver avec leurs plats, elle les bénit mentalement de lui épargner une autre conversation. À la place, elle garda les yeux sur son homard et commença à mâcher lentement la chair du crustacé. Bizarrement, le kebab qu'elle avait mangé avec Robin lui semblait meilleur.

-A quoi penses-tu?
-Que tu avais raison, c'est délicieux, répondit-elle en levant enfin les yeux vers Adrian.

Celui-ci porta son verre de vin à ses lèvres, fixant ses yeux interrogateurs dans les siens. Kacey déglutit et posa ses couverts sur le rebord de son assiette.

-Parle-moi un peu plus de ton petit-ami.
-Oh tu sais, on ne sort ensemble que depuis quelques jours, je ne peux pas te dire grand-chose, essaya-t-elle de plaisanter en saisissant un bout de pain.

Adrian fronça les sourcils mais Kacey ne plia pas. Son père ne savait même pas ce genre de détail. Bizarrement, elle aimait beaucoup l'idée que sa relation avec Robin reste aussi mystérieuse que lui, l'était. Elle n'avait pas envie que d'autres qu'elle apprennent à le connaître, à le décrypter. Elle ne pouvait même pas se vanter de le comprendre, et il était hors de question que quelqu'un y parvienne avant elle.

-Méfie-toi quand même, ma puce. Il est peut-être louche, ce garçon, se contenta-t-il de la prévenir.

Kacey lui adressa un petit sourire tendre.

-Ça te dirait qu'on finisse ce plat et qu'on aille se promener un peu, tous les deux?
-Ça me va, sourit-elle en avalant une autre bouchée.

Et l'atmosphère se détendit un peu.

***

Kacey s'accrochait à son bras alors qu'ils marchaient tranquillement hors du restaurant. Adrian posa un regard sur sa jambe et sembla réaliser qu'une balade serait un peu difficile.

-Je vais nous appeler mon chauffeur, répliqua-t-il.

Et d'habitude, Kacey protestait. Elle voulait qu'il lui accorde quelques minutes de plus, qu'ils aillent voir un dernier film ou manger un dernier dessert. Sauf que cette fois, elle se contenta d'hocher de la tête, et Adrian reposa son téléphone dans sa poche sans avoir passé l'appel.

-Pourquoi m'en veux-tu, Kacey?
-Je ne t'en veux pas.
-Bien sûr que si. Je te connais comme ma poche, et tu n'as toujours pas digéré ce que je t'ai dit dans la voiture, l'accusa-t-il en lui faisant les mêmes yeux que lorsqu'elle était gamine et qu'elle faisait une bêtise.
-Je ne te pensais juste pas comme ça, c'est tout.
-Il faut apprendre à grandir, à voir le monde tel qu'il est. Il faut apprendre à s'entourer de bonnes personnes et pas de petits voyous trouvé dans les bas-quartiers, s'énerva-t-il alors que la bouche de la jeune-fille s'ouvrait pour former un O parfait.
-Je préfère être idiote qu'être égocentrique, répliqua-t-elle en plissant des yeux.
-Égocentrique?
-Politique, toujours politique. J'ai horreur de ça, des affaires et des rapaces qui pensent pouvoir prendre la place d'autres gens sous prétexte qu'ils ont de l'argent. Ce sont peut-être des voyous mais ils sont honnêtes, au moins.
-Je ne suis pas honnête? C'est moi qui ait aidé ton père lorsque sa société s'est mise à couler à pique à cause de voyous dans son genre, Kacey, s'exclama-t-il d'une voix forte.
-Robin n'est pas du tout comme ça! Tu ne les connais même pas, comment tu peux savoir ça? Tu m'espionnes ou quoi?
-Je parle avec ton père, Kacey. Regarde-toi, tu deviens insolente. Ce sont de mauvaises fréquentations qui t'entraîneront vers le bas. Tu es aussi simple d'esprit qu'eux.
-Mais qu'est-ce que je m'en fiche de ton avis, tu ne peux pas t'imaginer, répondit-elle alors même que les larmes lui montaient aux yeux.