Chapitre 7

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Clarke regardait la plage nostalgique, alors que Bellamy taillait du bois avec sa lame en la regardant de temps en temps. Trois semaines qu'ils étaient ici, personne n'était encore venu.

— Qu'est-ce mes parents peuvent me manquer... et tout le reste, murmure-t-elle.

— Je suis sûre qu'ils nous cherchent encore ! Déclare-t-elle en tentant d'être convaincante, bien qu'elle commençait à y croire de moins en moins. N'est-ce pas ?

Elle se tourna vers lui dans l'espoir qu'il réponde la même chose. Qu'il y croyait encore. Il regardait un instant le feu qu'il voulait allumer, puis se concentra sur elle en lâchant sa lame.

— Tu ferais quoi toi, Clarke ?

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— À leur place ? Quand tu recherches quelque chose, tu le fais jusqu'au moment où tu acceptes qu'il n'y ai plus d'espoir.

— Donc toi, tu n'y crois plus ?

— Je pense qu'il faut peut-être que l'on commence à se faire à l'idée que c'est fini. Qu'on restera coincés ici et qu'on ne rentrera pas chez nous.

Ces mots eurent plus d'impact sur elle qu'il ne l'imaginait. C'était dur pour lui aussi, l'idée de ne plus jamais revoir sa petite sœur ou sa mère le terrifiait, mais il était réaliste. Presque un mois était passé depuis leur disparition et toujours personne n'était revenu pour eux.

Voyant qu'elle était sur le point de craquer, il l'attira dans ses bras pour l'apaiser, comme il le faisait avec Octavia lorsqu'elle n'allait pas bien. Elle enfouit immédiatement son visage dans son cou et se blottit contre lui sans hésitation. Avec elle il avait envie de réussir à vivre dans cet endroit. Ils restèrent très longtemps dans cette position.



~


Abby regardait l'océan s'étendre à perte du vue devant elle du haut de l'hélicoptère qu'elle avait loué.

— On continu sur ce secteur. On a encore du carburant pour deux heures de vol, annonça le pilote.

Les jours passaient et Abby commençait à se laisser envahir par l'angoisse. Elle était retournée à l'ambassade plusieurs fois et tentait à chaque nouvel élément de faire reprendre les recherches mais rien ne les faisaient revenir sur leur décision.

Aurora était revenue et l'aidait dans sa tâche, elles passaient leur journées en hélicoptère ou à distribuer des photos de leurs enfants. Aucune d'elles ne voulaient abandonner et ignorèrent la réalité qui s'insinuait douloureusement sous leurs yeux.

Abby craqua finalement un soir et passa le reste de la nuit à pleurer seule dans sa chambre. S'en suivit d'un jour de pluie monstrueuse où ils refusèrent de laisser décoller l'hélicoptère.

— Ils disent que la tempête pourrait durer plusieurs jours, déclarait Abby, tandis que la main d'Aurora se posa sur la sienne.

— Lorsque mon mari est mort, j'ai délaissé mes enfants, j'ai failli perdre mon travail et je n'en parlais jamais avec eux. Ils ont failli me tourner le dos. Je ne voyais que ce que j'avais plus et non ce que j'avais encore... Peut-être qu'il est temps de rentrer chez nous Abby, affirme-t-elle bien que chacun de ses mots était comme un coup de couteau dans son cœur.

— Chez nous il n'y a qu'une maison vide. J'ai perdu ma fille, mon dernier enfant...


~

                              

Bellamy se réveilla en sursaut en entendant un cri au beau milieu de la nuit. Il tata avec sa main la place de Clarke qui était vide. Heureusement que la lune était pleine, car sinon il ne verrait absolument rien.

Aucune trace d'elle.

Une grande inquiétude commença à le gagner en voyant qu'il était seul. Il se releva et saisit sa lame en commençant à l'appeler dans la forêt.

Il la retrouva sans difficultés, mais en larmes. Ses deux bras tenaient son ventre alors qu'elle regardait vers le sol avec les yeux remplit de dégoût et de peur.

Sur un petit monticule de terre jonchait vulgairement une crâne humain peu recouvert par le sable. Sur le coup, il eut un léger mouvement de recul.

— Je... J'arrivais pas à dormir, s'explique-t-elle du mieux qu'elle pouvait avec sa voix tremblante enrouée par les pleurs. J'ai commencé à marcher, et... j'ai failli trébucher là-dessus !

Il reprit ses esprits et s'avança vers elle dans l'espoir de la rassurer.

— C'est fini. C'est toi qui avait raison. On ne rentrera jamais chez nous. On va finir comme lui, c'est clair !

Posté devant elle, il lui saisit le visage pour obtenir son attention.

— Écoute-moi, Clarke. Ce mec là ce n'est pas nous. C'était peut-être un pêcheur ou un trafiquant de drogue, qui sait... Nous c'est différent. Il y a plein de gens qui nous cherchent, nous aiment et qui veulent nous retrouver.

Elle semblait peu à peu se calmer au fur et à mesure qu'il parlait.

—Une dernière chose, ajouta-t-il. On est là pour veiller l'un sur l'autre. On affronte cette situation ensemble et on s'en sortira. Je ne laisserai jamais rien de mal t'arriver, je te le promet. Tu dois me faire confiance...

Soudain, ses yeux étaient ancrés dans les siens. Les mains du brun étaient toujours sur ses joues rougies. Les battements effrénés du cœur de Clarke ne s'étaient pas calmés, seulement ils n'étaient plus dû à la peur, mais au regard transperçant de Bellamy en face d'elle.

Elle n'avait jamais douté de lui. Il ne la laisserait jamais tomber, il l'avait déjà prouvé à plusieurs reprises.

— J'ai confiance en toi, murmure-t-elle en remarquant le changement d'air ambiant autour d'eux.

Elle ne pensait plus à ce qu'elle venait de voir, elle pensait aux mains de Bellamy qui n'avaient pas quitté son visage. Il n'y avait plus que lui... et elle. Sans le reste du monde.

Les yeux ébènes du jeune homme se tintèrent de désir, ses pupilles étaient dilatées désormais. Il ne fit rien pourtant, il semblait débattre avec sa conscience à l'intérieur.

Au bout d'interminables secondes, elle sentit qu'il pressait sa bouche chaude et ses lèvres humides contre les siennes. Plus le baiser avançait, plus elle sentait son sang palpiter dans ses veines. C'était à la fois doux, possessif, intense. Il y a quelques semaines, elle l'aurait sans aucun doute repoussé, mais elle n'y songea pas un instant. À la place, elle déplaça ses bras dans son dos pour le rapprocher encore plus près d'elle.

Non, elle ne voulait définitivement pas que ça s'arrête.

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