Chapitre 15: La cave

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                Les voix retentirent de plus bel, se faisant de plus en plus fortes. Devant Louise, des escaliers menaient dans les ténèbres. La jeune fille appuya sur l'interrupteur et la lumière éclaira toute la cave. Au fur et à mesure que la jeune fille descendit les marches, elle découvrit une pièce effrayante. La première chose qui la frappa fut les armes de différentes sortes accrochées au mur. Fusils, pistolets, poignards, shurikens... Louise se retourna et fit face à une bibliothèque imposante remplie de gros livres poussiéreux. Elle se rapprocha pour lire les intitulés et fut parcourue d'un frisson. Les démons de minuit, Satan m'habite, Contes et Légendes, Annuaires des êtres maléfiques... Tous les ouvrages faisaient références à l'occultes et à la sorcellerie. Les murmurent braillaient maintenant dans les oreilles de l'adolescente, ce qui lui provoqua un mal de crâne insupportable.

Louise s'enfonça un peu plus dans la cave et découvrit une collection de bocaux de toutes tailles dont le contenu était inconnu à la jeune fille. Un peu plus loin, un bureau était aménagé dans le coin de la pièce, sur lequel trônait un épais carnet en cuir. L'adolescente le prit et alla s'installer dans le fauteuil pour le lire. Dès les premières pages, le cœur de Louise se mit à battre à tout rompre dans sa poitrine. L'écriture était fluide et ronde, féminine. D'après les dates, la rédaction commença dès les années soixante.

« 07/05/1962, Paris

Je m'appelle Josiane Frémont, j'ai 20 ans et j'habite le 20e arrondissement de Paris. J'ai décidé d'écrire un journal car certains évènements récents me font penser que je perds la tête. Or, je souhaite garder les pieds sur Terre. Mon psychologue me dit que je suis sujette à des hallucinations, il me donne des médicaments pour que mes visions se calment, mais plus j'en prends, plus elles s'intensifient. Jacques, mon mari, me prend pour une folle. Il a cherché plusieurs fois à me faire interner, sans succès. Ma fille, Laurence, a peur de moi. Elle n'a qu'un an, mais elle ressent quelque chose chez moi qui la dérange. Elle m'évite de plus en plus, préférant les bras de son père.

A la demande de mon psy, je vais m'évertuer à mettre sur papier tout ce que je vois, sans exception. Avec le temps, et de l'aide, j'espère pouvoir me sortir de ce cauchemar, et ainsi reprendre ma vie normale. »

« 06/07/1962, Cannes

J'écris pour ne pas devenir folle, pour de pas que ces choses s'emparent de moi et de mon esprit. Nous sommes, pour toute la durée du mois de juillet, en vacances dans le sud de la France. Les parents de Jacques nous ont prêté leur appartement pour l'été car nous n'avons pas les moyens de nous payer un vrai séjour quelque part.

Mon mari, qui me regarde comme si j'étais une bête de foire, a une maîtresse. Je le sais, elle lui a laissé une trace de rouge à lèvres sur l'une de chemises que j'ai trouvé dans sa valise. Je ne sais pas quoi penser. D'un côté, j'ai envie de lui hurler dessus, de lui crever les yeux, lui couper les bijoux de famille, d'un autre je me sens trahie. Il ne veut pas m'écouter lorsque je lui dis que je vois des ombres dans le couloir. Il se contente d'hausser les épaules et de se plonger de nouveau dans son journal. Je vais finir par brûler toutes ses revues, jeter tous ses clubs de golf, faire des trous dans l'entre-jambe de tous ses slips de bain, peut-être qu'à la longue il acceptera de m'accorder l'attention que je lui réclame depuis des mois.

Je me sens oppressée, observée. Chaque soir, avant d'aller dormir, je cache un couteau de cuisine sous mon oreiller. Grâce à ça, je me sens plus en sécurité. »

« 08/07/1962, Cannes

Cher journal, ce soir je crois avoir tout perdu ! Cette nuit, alors que tout le monde dormait, j'ai encore vu des ombres passer près de mon lit. Le temps que je sorte mon couteau, elles avaient disparu. J'ai voulu me rendormir, mais j'ai senti une présence dans le couloir.

Munie de mon arme, je suis sortie de la chambre. Les alentours étaient calmes mais mon instinct maternel me poussait à me rendre près de Laurence. Lorsque je suis arrivée près de son berceau, une silhouette malfaisante se tenait près d'elle, penchée sur son petit corps endormi. J'ai allumé la lumière, paniquée. Le temps que je le fasse, l'ombre avait disparu, mais Laurence s'était réveillée et hurlait à plein poumons. Alors que je la prenais dans mes bras pour la calmer, mon mari est rentré dans la chambre et m'a surpris en train d'enlacer la puce avec un couteau dans les mains.

Nous attendons actuellement la police. Jacques les a appelés pour m'emmener. Il dit que je suis un danger pour notre foyer, et pour Laurence. »

Louise tourna la page, mais ce qu'elle vit ne ressemblait plus à un journal intime. Le reste du carnet était composé de notes semblant faire référence à des combats, certaines feuilles étaient tâchées de sang, d'autres gribouillées. Au fur et à mesure que la jeune fille tournait les pages, elle se rendit compte qu'elle tenait dans les mains le journal de bord de sa grand-mère.

Soudain, la porte d'entrée claqua. Louise referma le carnet et remonta dans la cuisine. Durant sa lecture, elle ne s'était pas rendu compte que les murmurent s'étaient arrêtés. Sa tête paraissait légère, tant la douleur l'a faisait souffrir quelques minutes auparavant.

Josiane retirait ses chaussures dans l'entrée lorsqu'elle vit sa petite fille faire irruption devant elle, les jambes ensanglantées.

« Oh mon Dieu ! hurla-t-elle. Mais qu'est-ce qu'il t'est arrivé aux mollets ? C'est pas possible, t'as foutu du sang partout, bordel !

- Mamie...

- Je vais appeler les urgences, tu ne peux pas rester comme ça !

- Mamie...

- Qu'est-ce que t'as encore foutu ? J'peux vraiment pas te laisser toute seule quelques heures !

- Mamie !

- Quoi ?! »

Louise brandit le carnet devant elle, avec un regard déterminé. A sa vue, Josiane écarquilla les yeux. C'était la première fois que la jeune fille voyait une lueur de panique chez la vieille dame.

« Va falloir qu'on parle, Josiane. »

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