Chapitre 18: Maître Guida

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                La forêt était baignée par la pénombre. Au loin, on pouvait entendre le hibou chanter sa mélodie monosyllabique. La fraîcheur de la nuit s'était installée et Louise grelottait dans sa chemise de nuit. Ses pieds, nus, s'éraflaient contre les brindilles et les cailloux qui jonchaient le sol.

L'adolescente se fraya un chemin parmi les arbres et les rochers. Elle se sentait irrésistiblement attirée vers le cœur de la forêt. Des murmurent lui chantaient des mots intelligibles, venant de partout et de nulle part.

Au fur et à mesure qu'elle avançait, une lumière s'intensifiait au loin. Louise écarta une branche qui lui bouchait le passage et arriva dans une immense clairière où un feu de camp était allumé. Elle s'arrêta devant et regarda les alentours. C'est alors que des individus sortirent des bois. La jeune fille n'avait pas peur. Elle savait qu'ils étaient là pour elle, qu'ils étaient avec elle. Ils formèrent un arc de cercle autour du feu et se prirent la main.

Soudain, une silhouette sombre surgit des flammes et fit face à la jeune fille. Cette dernière était galvanisée par ce qu'elle voyait, heureuse de rencontrer celui qui allait être son maître.

« Enfin, te voilà... dit l'individu d'une voix d'outre-tombe.

- Oui, je viens à vous, seigneur des Enfers... »

Un rayon de lumière tira Louise de son sommeil. Josiane venait de faire irruption dans sa chambre pour ouvrir les rideaux. Le soleil illumina toute la pièce, éblouissant la jeune fille au passage.

« Mamie !!! bougonna-t-elle en se cachant sous ses draps.

- Debout, princesse ! On a rendez-vous, ce matin ! Il faut que tu te dépêche, je t'ai laissé trop longtemps dormir, on a plus le temps de râler, répondit la vieille dame en tirant sa petite-fille par les pieds hors du lit.

- Mais mamie !!!! hurla Louise.

- Quand tu rentreras chez toi, tu pourras dire à tes potes que tu as fait l'armée ! Allez, va te laver et t'habiller, je te prépare le petit-déjeuner. Une orange et de l'eau. »

Trente minutes plus tard, l'adolescente était prête. Elle traîna les pieds vers la cuisine. Deux tartines de pain beurrées et une tasse de café l'attendaient patiemment. Sa grand-mère lisait le journal, une cigarette à la bouche.

« Tu regardes les résultats du Loto ? plaisanta la jeune fille.

- Pas du tout ! Il n'est pas venu le jour où je donnerai un centime à la FDJ ! Je regarde mon horoscope. Ah, voilà ! Verseau. Quelques rhumatismes à prévoir, un rien vous irritera. Amour : ne vous attendez pas à grand-chose. Bon, bah ça ne change rien à mon quotidien ! C'est quoi ton signe, princesse ?

- Lion ! Enfin, ascendant Bélier.

- Lion, Vous obtiendrez des informations primordiales. Amour : Quelqu'un rode autour de vous, ouvrez l'œil ! Va falloir que je sorte le fusil de chasse ! »

Louise termina son café et commença à faire la vaisselle.

« Qu'est-ce que tu fous ? demanda Josiane.

- Je lave pour que tout soit...

- On n'a pas le temps ! Va mettre tes chaussures, on décampe ! »

Louise s'exécuta. Les deux femmes montèrent dans la voiture. Hello, d'Adele, retentit dans l'habitacle, au grand bonheur de l'adolescente qui commença à chanter. Sa grand-mère, qui était sur le point de changer de station, s'arrêta net et regarda du coin de l'œil sa petite fille, amusée. A sa grande surprise, elle commença à son tour à fredonner. Un concert se mit à battre son plein dans la voiture, sous le regard médusé des passants.

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