Chapitre 8: La Prédiction

113 14 3
                                    

Après le déjeuner, Josiane donna quartier libre à Louise. Cette dernière décida de se rendre en ville afin de visiter les environs. En longeant la Sorgue, elle constata que la ville était prise d'assaut par une multitudes de boutiques d'antiquités. En cherchant sur internet, elle apprit alors que la commune était la scène de nombreuses foires et brocantes tout au long de l'année et fut aussi déçue de constater qu'elle serait rentrée sur Paris le jour du marché flottant.

Les terrasses ne désemplissaient pas. Louise s'attabla près de la Sorgue et commanda un soda. Tout en dégustant sa boisson, elle remarqua une vieille roulotte stationnée au coin de la rue. La jeune fille n'était pas quelqu'un de superstitieux. Elle affectionnait les romans fantastiques, soit, mais savait faire la part des choses. Ses lectures lui permettaient de s'évader d'un monde trop terre-à-terre à son goût, ils constituaient sa seule porte de sortie vers un univers imaginaire sans limites. Or, la jeune fille savait pertinemment que les choses qu'elle lisait dans ces romans n'existaient pas, alors savoir qu'une diseuse de bonne aventure était en ville la fit sourire.

Cependant, la jeune fille était intriguée. Elle paya le serveur et se dirigea vers la roulotte. Un écriteau sur lequel on pouvait lire « Dame Eugénie vous dit l'Avenir » était planté dans le sol devant l'habitation de fortune. On pouvait y voir une femme au longs cheveux gris penchée devant une boule de cristal.

« C'est d'une originalité ! » se dit Louise en pouffant de rire. Elle tourna les talons et s'éloigna. C'est alors que la porte de la roulotte s'ouvrit, une vieille dame avec de longs cheveux gris fit son apparition. Elle portait une robe rose, assez ample, et de longs colliers de perles.

« Pas si vite ! » s'exclama-t-elle.

Louise se retourna, devinant que la femme s'adressait à elle.

« Je peux vous aider ? demanda l'adolescente.

- C'est plutôt à moi de te demander ça ! répondit la dame.

- Je ne crois pas. Je ne suis pas vraiment adepte du spiritisme et de la voyance, voyez-vous.

- Si ce n'était pas le cas, tu ne serais pas venu jusqu'à ma roulotte. Entre, je vais te dire ton avenir.

- Ecoutez, je n'ai pas d'argent à dépenser, je suis désolée.

- Jeune fille, je n'alpague pas les passants dans la rue pour gagner ma vie. Si les gens veulent le connaître, ils ont juste à frapper à ma porte, je leur fais un tarif. Mais pour toi, c'est différent, je te fais la consultation gratuitement. Je ne sais pas pourquoi, mais j'attendais ta venue. J'ai donc une mission ! Allez, viens, entre ! »

Louise demeura interdite un instant. Etait-ce un piège ? Quelqu'un qui voulait profiter d'elle pour la dépouiller une fois que la porte se serait refermée sur elle ? Elle commença à imaginer tous les cas de figures dans sa tête. Et puis, une constatation lui vient en tête : une roulotte, garée en plein centre-ville, n'importe qui pourrait lui venir en aide si jamais elle hurlait. Sauf si un homme l'attendait à l'intérieur avec du chloroforme...

« Allez, viens ! Je sais ce que tu te dis, ajouta dame Eugénie. Mais tu n'as rien à craindre, Louise ! »

L'adolescente la regarda, hébétée. Comment pouvait-elle connaître son nom ? Peut-être qu'elle la croisa ce matin au marché, et qu'elle entendit sa grand-mère l'appeler à travers la foule, c'était une possibilité. Cependant, troublée, la jeune fille se décida et suivit la voyante dans la roulotte. A sa grande surprise, la jeune fille ne vit pas de boules de cristal ni de jeux de cartes sur la table, juste quelques gri-gris suspendus au plafond et un rideau de perles qui désolidarisait l'entrée de la pièce de divination. Devant son air dubitatif, la voyante ne put s'empêcher de rire.

L'AppelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant