Chapitre 1: Le départ

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Louise plia les affaires qui étaient éparpillées sur son lit.

« 15 culottes, 10 paires de chaussettes, 12 soutien-gorge... » Elle faisait inlassablement l'inventaire dans sa tête.

« Louise, qu'est-ce c'est que tout ce foutoir ? » sa mère venait d'entrer dans la chambre, encore en peignoir.

« C'est tout ce que j'emmène chez mamie, pourquoi ? répondit la jeune fille.

- Mon Dieu mais tu pars pour une semaine, par pour un an ! Et c'est quoi ça, une robe de soirée ? Depuis quand tu sors en soirée jeune fille ? Et avec quel argent tu t'es payé une merveille pareille ?!

- C'est Emma qui me l'a offert à mon dernier anniversaire, pas de quoi en faire un foin, c'est pour les grandes occasions !

- Et tu crois franchement que tu auras de grandes occasions là où tu vas ? Il n'y aura pas de gala pour gamines de seize ans là-bas !

- Dix-sept je te rappelle ! Non mais au moins ça me consolera lorsque je m'ennuierai, je ferai des clips devant la glace avec !

- Mais bien-sûr ma fille ! Bien sûr ! En attendant, dépêche-toi, ton train part dans une heure et tu n'es toujours pas prête !

- Dixit celle qui est toujours en peignoir à donner des ordres ! »

Florence, la mère de Louise, se retourna et jeta un regard furieux à sa fille. On n'allait jamais à l'encontre de son autorité, même si elle n'était pas en mesure de faire des remarques. Elle avait toujours raison, point barre !

C'était les vacances d'été, autrement dit les « grandes vacances ». Louise les attendait depuis des mois, enfin en d'autres termes, depuis le mois de septembre. La canicule s'était déjà installée dans la capitale parisienne lorsque les cours prirent fin. L'adolescente devait passer le premier mois chez sa grand-mère, dans un petit village près d'Avignon. L'idée ne l'enchantait guère mais elle n'avait pas le choix, sa mère travaillait et cette dernière refusait de la laisser seule durant la journée, « on ne sait jamais ce qu'il peut se passer ! » ressassait-elle. Elle avait surtout peur que sa fille n'invite des inconnus chez elle, mais elle n'osait pas le dire, de peur de montrer à Louise que, de toutes évidences, elle ne lui faisait pas confiance. Sa fille connu une fin d'année assez mouvementée au lycée, de par ses nouvelles mauvaises fréquentations ainsi que ses retards et absences non justifiés. Ce mois chez sa grand-mère était en quelques sortes une punition déguisée.

Louise ferma sa valise en s'asseyant dessus, elle était pleine à craquer ! La jeune fille prit un dernier selfie pour la gloire. Elle remit un instant des cheveux blond vénitien en ordre, ses grosses boucles encadraient harmonieusement son visage parsemé de taches de rousseur et tombaient le long de ses épaules, ses yeux verts pétillaient devant l'objectif. L'adolescente sourit un bref instant puis regarda le résultat.

« Mouais, on va juste se géo localiser à la gare... » se dit-elle, peu fière du rendu.

« Louise, tu es prête ? hurla sa mère depuis la cuisine.

- Oui m'man ! J'arrive ! » répondit sa fille sur le ton de l'agacement.

Les deux femmes sortirent de l'appartement et marchèrent jusqu'à la station de RER « Denfert-Rochereau ». Un changement et quelques stations plus tard, elles étaient arrivées à Gare de Lyon. L'endroit fourmillait de monde, ce que détestait Louise. Les gens marchaient, à son goût, comme des attardés mentaux, vous fonçant dedans même s'ils vous voyaient arriver chargés comme des mulets, c'était en quelque sorte « la loi du plus fort », « je passe, tu te pousses », sauf que ces gens-là n'étaient personnes, pas même le président de la République, pour qu'ils puissent exiger que l'on puisse leur faire une raie d'honneur sur leur passage. Louise se souvint alors de ce jour où la pluie faisait rage. Elle se trouvait à Gare du Nord et rentrait de chez une amie. Un homme marcha sur son talon et lui arracha toute la semelle de ses hugs. En guise d'excuse, il haussa juste les épaules et reprit son chemin. Depuis, la jeune fille s'évertuait à faire attention. Pour calmer son agacement, elle voyait les choses sous formes de jeu « Super Mario » dans lequel il fallait marcher tout en évitant les obstacles, et les choses devenaient un peu plus agréables. Et c'est ainsi que les deux femmes durent slalomer parmi la foule, évitant ainsi de violentes bousculades, insultes et croche-pied.

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