Chapitre 26: Victuailles

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Depuis son lit d'hôpital, Seth avoua aux autorités qu'il s'était introduit dans la bibliothèque de Nelson afin de voler un grimoire ancien. Le vieil homme, encore sur place, avait trébuché par accident dans les escaliers, trouvant alors la mort. Le jeune homme n'avait pas tué l'ami de Josiane, mais il était tout de même responsable, aux yeux de tous, de sa fin tragique.

Le soleil se couchait au loin. Louise se regarda dans le miroir de sa chambre, peaufinant son maquillage. Ce soir, sa grand-mère payait le restaurant, invitant tous ceux qui avaient participé à l'opération « sauvetage » de l'adolescente. La jeune fille ne cessait de repenser à ce qu'il s'était passé deux jours auparavant. Elle ressentit des frissons rien qu'en se revoyant exploser la tête du démon avec une pierre.

Laurence fit irruption dans la pièce. Elle était vêtue d'une tunique blanche, ce qui allait parfaitement avec son teint légèrement doré et ses cheveux châtain. Depuis son cancer du sein, survenu cinq ans auparavant, elle peinait à trouver une tenue qui la mettrait parfaitement en valeur. Le traitement qu'elle avait suivi avait complètement transformé sa morphologie, changeant, au passage le regard que la femme portait sur elle-même.

« Tu es resplendissante, maman ! s'écria Louise.

- Tu trouves ? Ça ne fait pas trop « mémère » ?

- Non, pas du tout, ça te va à merveille ! »

Les deux femmes s'assirent sur le lit, et l'adolescente entreprit de se lisser les cheveux.

« Dis-moi, maman, c'est bizarre ce que je vais te demander, mais est-ce c'est Seth qui t'a enlevé ?

- A vrai dire, je n'arrive plus à me remémorer ce moment. Tout ce dont je me souviens c'est que quelqu'un m'attendait dans l'appartement. Lorsque je suis rentrée, quelqu'un m'a attrapé par derrière et m'a plaqué un tissu sur le nez et la bouche, sûrement imbibé de chloroforme, car je me suis tout de suite endormie. Quand je me suis réveillée, j'étais dans le coffre d'une voiture, direction le sud de la France. Tu sais, j'essaye de ne pas trop penser à ça. Peut-être que j'irai voir un psy, en rentrant sur Paris...

- Tu sais, si tu ne te sens à l'aise à l'idée d'être toute seule, tu peux rester ici...

- Je sais, mais j'ai pris énormément de retard sur mon travail. Il faut que je le rattrape.

- Ah, d'accord... »

Louise, déçue, fixa ses pieds. Elle se leva et débrancha le fer à lisser, puis le rangea dans la commode. Ses yeux s'arrêtèrent alors sur la bague que Seth lui avait offerte. Elle la contempla un instant. L'idée de la jeter lui traversa alors l'esprit, mais, au moment où elle voulut saisir le bijou, elle se ravisa, préférant le ranger dans son sac-à-main. Pour une raison qu'elle ignorait, elle n'arrivait pas à se résoudre à se débarrasser du cadeau du jeune homme.

Quelqu'un frappa à la porte et la tête de Josiane fit son apparition.

« Bon alors, les gonzesses, on y va ? J'ai réservé pour vingt heures, pas minuit ! dit-elle, exaspérée.

- Oui, maman, on arrive ! Ne t'énerve pas ! » répondit Laurence.

La vieille dame referma la porte en soufflant et la mère de Louise se retourna vers sa fille, amusée.

« Elle est toujours aussi en forme ! déclara-t-elle, moqueuse.

- Tu vois un peu ce que j'ai subi en ton absence ? » répondit la jeune fille.

Les deux femmes explosèrent de rire, se tenant les côtes. Elles sortirent tour à tour de la chambre, non sans jeter un dernier coup d'œil vers le miroir. Laurence et Louise rejoignirent Josiane, déjà installée dans la voiture. Cette dernière démarra le moteur et prit la direction du centre-ville.

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